Avez-vous dit fatigué ?
Publié le 25 juin 2008 à 10:40Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°33 – juin 2008
Avez-vous dit fatigué ?
Extrait du PARKINSON MAGAZINE de Décembre 2007
Publication de l’Association Parkinson Belge
Transmis par Pierre LEMAY
Déjà définir le symptôme de la fatigue dans la maladie de Parkinson est difficile. Ce symptôme non moteur est même difficilement décrit par le patient lui-même. Le patient rapporte très souvent l’existence d’une absence d’un manque d’énergie et une difficulté à initier et à maintenir une activité motrice quelle qu’elle soit. Souvent cette absence d’énergie, cette fatigue est décrite de façon très intense par différentes formules comme « se sent vidé ou mes piles sont à plat ».
Le stress semble jouer un rôle aggravant. On se pose la question d’une relation entre la fatigue et d’autres symptômes non moteurs. La littérature semble apporter des éléments pour dire que la fatigue que l’on rencontre dans la maladie de Parkinson n’est pas liée au degré de tendance à l’endormissement diurne ou au degré des problèmes de sommeil. La fatigue semble également être indépendante de la dépression. Cependant, on rapporte une relation potentielle entre l’existence de troubles cognitifs et l’importance de la fatigue.
Ce qu’il est important de souligner est la haute prévalence de ce symptôme chez les patients atteints de maladie de Parkinson : elle oscille entre 33 et 58%. Environ 1 patient sur 3 considère que la fatigue est son symptôme le plus perturbant dans l’activité de tous les jours. Soulignons également que 2 patients sur 3 lorsqu’ils décrivent leur fatigue vont rapporter qu’elle est différente de celle qu’ils ressentaient avant le début de leur maladie.
Alors que ce symptôme est pratiquement présent chez un patient sur deux, il est cependant clairement sous-reconnu. En effet, la littérature rapporte clairement que les médecins reconnaissent très mal ce symptôme chez leurs patients. Un travail a montré que la concordance entre l’impression du clinicien et du patient sur ce point précis qu’est la fatigue était faible (25%). En fait ce symptôme dans la maladie de Parkinson est seulement de reconnaissance récente, ce qui est démontré par son absence dans l’échelle UPDRS.
Les mécanismes physiopathologiques pouvant expliquer l’existence fréquente de ce symptôme dans la maladie de Parkinson sont encore inconnus. On peut penser qu’il existe une interaction importante entre fatigue, douleur, dépression, inactivité et déconditionnement. Il a été observé une diminution de perfusion des lobes frontaux. On suspecte une déficience en testostérone. Certaines équipes ont rapporté que la stimulation électrique profonde du noyau sous-thalamique pouvait entraîner une situation de perte de motivation avec fatigue chez le patient parkinsonien. Il a également été observé que la fatigue musculaire durant l’activité physique était augmentée chez les patients avec maladie de Parkinson. Il semblerait qu’il existerait plutôt une excitabilité des neurones moteurs corticaux qu’une fatigue des fibres musculaires. Il a été montré également que le niveau de fatigue pouvait baisser si une activité physique était pratiquée. Ce dernier fait encourage l’activité physique chez les patients atteints de maladie de Parkinson. Certains suspectent également une possibilité d’une activation du système immunitaire.
Si la fatigue semble être un symptôme fréquent, il apparaît aussi qu’elle peut être le premier symptôme dans la maladie de Parkinson. On n’observe pas de corrélation entre fatigue et problème moteur. Malheureusement, il n’existe pas de bons outils pour la quantifier. De plus, si certains travaux montrent l’indépendance entre fatigue et tendance à l’endormissement et dépression, une confusion entre ces symptômes non moteurs est bien entendu possible. L’histoire naturelle de la fatigue dans la maladie de Parkinson est caractérisée par sa plus grande fréquence au fur et à mesure de la maladie et sa persistance dans plus d’un patient sur deux. Certains auteurs rapportent une relation entre la fatigue et la sévérité de la maladie de Parkinson, la dépression présente et la somnolence, et ce de façon contradictoire par rapport à d’autres études.
En cas de présence d’une fatigue reconnue chez le patient parkinsonien, qu’elles sont les possibilités thérapeutiques ? Différentes modalités existent, l’approche psychothérapeutique est certainement intéressante, mais l’exercice physique codifié semble une autre bonne solution, quant aux antidépresseurs et stimulants ils sont à l’étude et peuvent être utilisés en fonction de l’appréciation du clinicien en charge.
Avez-vous dit fatigué ? Oui docteur, j’ai dit fatigué, je me sens même très fatigué… C’est là une affirmation qui mérite une plus grande écoute du monde médical et certainement plus de recherche par la communauté scientifique.
Prof. Christian Raftopoulos
Neurochirurgie Cliniques Universitaires St-Luc, UCL
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