Ne pas être qu'un "patient" ...

Ma journée à la pension Dehorne

paru dans Le Parkin­so­nien Indé­pen­dant n°8 — mars 2002

Vous ne connais­sez pas cette pension ? C’est vrai­ment dommage pour vous ! Je vais vous la présen­ter. Peut-​être que ça vous donnera envie de faire partie du cercle des heureux initiés…

On y est accueilli par deux char­mantes hôtesses qui se confondent en remer­cie­ments, ravies qu’elles sont de vous rece­voir dans leur domaine : et pour­tant il s’agit de recherches très sérieuses, recon­nues par la Faculté


Mon histoire avec Parkin­son commence en avril 95. Et très vite je cherche à comprendre, à m’informer sur cette étrange et angois­sante « chose » qui désor­mais va m’accompagner toute ma vie. L’association à laquelle j’adhère, se trouve alors inter­pellé par un labo­ra­toire qui entre­prend une recherche biolo­gique sur les radi­caux libres dans la mala­die de parkin­son – c’est du moins ce que m’annonce une invi­ta­tion à parti­ci­per comme « cobaye » à cette recherche.

Rendez-​vous est pris avec le cher­cheur qui doit venir à mon domi­cile le matin du 15 mars 96 pour me préle­ver du sang et m’interroger sur mon histoire. Le léger retard de mon visi­teur me met en condi­tion de m’inquiéter de cette personne : un cher­cheur, c’est fait comment ?

Je suis un peu inti­midé au coup de sonnette qui annonce sa venue. Et qui se présente alors ? Madame DEHORNE dont la légen­daire gentillesse fait fondre toutes mes préven­tions de « cobaye ». On ne peut rien lui cacher et je lui raconte alors ma vie…

Ce fut le premier contact avec le chercheur !

Il y eut ensuite la jour­née à la « pension Dehorne » en avril 98. Il s’agissait de véri­fier sur une jour­née complète, la « dopa­mine circu­lante ». A nouveau, des ques­tions : cinq prises de sang, comment vais-​je les suppor­ter ? Que va-​t-​on me faire ? Vais-​je m’ennuyer ? Il faut m’organiser pour mon travail. Enfin bref, des ques­tions méta­phy­siques essen­tielles ! D’autant plus ridi­cules quand on connaît le charme de nos deux hôtesses : il s’agit de Madame DEHORNE, bien sûr, mais aussi de Michelle, son assistante.

C’est elle qui nous accueille dès 8H30 pour la première prise de sang. Son sourire écla­tant nous rassure d’emblée et la sûreté de « son coup d’aiguille » calme immé­dia­te­ment toutes mes appré­hen­sions : et oui on a beau faire le fier, on craint toujours la piqûre !

Elle m’installe alors dans le petit studio contigu au labo­ra­toire et qui donne sur un jardin fleuri, tout cela en plein centre de Nantes.
« Bien entendu vous restez manger ce midi », me dit-elle.
« Mais je n’avais pas prévu de rester et surtout je ne voudrais pas m’imposer ».
« Madame DEHORNE y tient car elle veut savoir exac­te­ment ce que vous aurez mangé et puis elle fait très bien la cuisine ! »

Comment refu­ser une pareille invi­ta­tion d’autant que c’est pour la recherche !

Madame DEHORNE, je ne la verrais qu’au moment du repas qu’elle m’apporte sur un plateau avec toute sa gentillesse.

En effet, elle a été faire le marché pour se procu­rer fruits de mer, pois­sons, légumes et fruits frais, puis cuisiné à la vapeur. Le menu est inva­riable dans sa compo­si­tion et Madame DEHORNE est inta­ris­sable sur la néces­sité de se nour­rir correc­te­ment d’autant plus que notre mala­die nous conduit à ingur­gi­ter des médi­ca­ments en grosse quantité.

Elle profite de notre passage pour tenter de nous indi­quer un équi­libre alimen­taire et une hygiène de vie trop souvent négli­gés sous prétexte des néces­si­tés de la vie professionnelle.

(Pour aujourd’hui, le menu se compo­sera d’une salade de tomates, mâche et noix de St Jacques au vinaigre de fram­boise pour le goût et huile de noix pour les cellules, puis d’un filet de sole avec ses petits légumes et clémentines).

La jour­née va être ryth­mée par les aller et venues de Michelle qui s’inquiète de notre bien-​être et qui toutes les deux heures va venir nous ponc­tion­ner les doses néces­saires de sang. Mais que l’on se rassure – j’ai posé la ques­tion ! – la quan­tité de prélè­ve­ment ne repré­sente qu’à peine le quart d’un prélè­ve­ment pour un don de sang habituel.

En fin de jour­née, vers 17 H, elles arri­ve­ront toutes les deux pour donner quelques indi­ca­tions sur leurs premières impres­sions et surtout s’enquérir de nos obser­va­tions et de notre appré­hen­sion de la maladie.

Comment ne pas être ravi d’une si belle jour­née repo­sante et abso­lu­ment pas angois­sante : je n’ai jamais eu l’impression d’être un « cobaye de la recherche ». Bien au contraire : elles insistent pour me remer­cier de ma parti­ci­pa­tion alors que j’aurai plus envie de les remer­cier pour leur travail.

Alors, quand Madame DEHORNE m’a demandé de reve­nir pour complé­ter les analyses, c’est sans hési­ta­tion aucune que j’ai pris rendez-​vous aujourd’hui 12 février 2002 pour goûter à nouveau l’accueil de la « pension DEHORNE »

Il est impor­tant de savoir donner quelque peu de son temps pour soute­nir ce travail de béné­dic­tin et les bonnes volon­tés sont les bienvenues.

Jean GRAVELEAU

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