Ne pas être qu'un "patient" ...

Les rendez-​vous Santé de l’INSERM

Rencontre avec le Centre d’Investigation Clinique de Nantes
Le 23 janvier 2003

paru dans Le Parkin­so­nien Indé­pen­dant n°12 — mars 2003

En tant que membre d’une asso­cia­tion repré­sen­tant des malades, nous avons été invi­tés à parti­ci­per à cette rencontre. Il est bien évident que le rédac­teur de ce jour­nal ne pouvait pas s’empêcher de vous en faire un rapide – et « subjec­tif » – compte rendu !

Tout d’abord, pour situer l’objet de cette réunion, un extrait de la convocation :

« Cette rencontre s’inscrit dans le cadre des « rendez-​vous » santé de l’INSERM qui est, en France, le seul insti­tut public de recherche entiè­re­ment dédié à la recherche en biolo­gie, méde­cine et santé des popu­la­tions. Tout au long du mois de janvier, et dans toute la France, l’INSERM mobi­lise sa commu­nauté scien­ti­fique et médi­cale pour aller au devant du public. »

« Ses objec­tifs sont de deux ordres : mieux faire connaître sa mission qui est de déve­lop­per des recherches sur les mala­dies pour les comprendre, les trai­ter ou les préve­nir, et enga­ger une commu­ni­ca­tion ouverte au dialogue et atten­tive aux inter­ro­ga­tions de chacun sur les enjeux de la santé. »

« Les malades et leurs asso­cia­tions sont concer­nés tout parti­cu­liè­re­ment par les avan­cées de la connais­sance et de l’amélioration des soins. C’est pour­quoi un rendez-​vous spéci­fique leur est consa­cré pour faire le point sur la recherche clinique. Il est orga­nisé par les Centres d’Investigation Clinique que les INSERM et les CHU ont déve­lop­pés en France. »

Il est donc proposé aux asso­cia­tions invi­tées « d’aborder les enjeux de la recherche clinique aujourd’hui et de discu­ter des diffé­rentes ques­tions qui sont les leurs sur sa fina­lité, ses méthodes, son enca­dre­ment éthique et ses risques. »

Après une présen­ta­tion brillante, synthé­tique et très compré­hen­sible – pour les « usagers » que nous sommes – des thèmes de recherche de l’INSERM de Nantes, le débat a été ouvert avec les parti­ci­pants rela­ti­ve­ment nombreux et atten­tifs aux expli­ca­tions fournies.

Une ques­tion sur les greffes neuro­nales dans le cadre de la mala­die de Parkin­son, a permis à monsieur Damier de préci­ser que deux études améri­caines avaient fait appa­raître leurs rela­tives absences d’efficacité. Mais ces résul­tats méritent d’être confir­més et vérifiés.

Plusieurs repré­sen­tants de mala­dies rares dites « orphe­lines », parce que très souvent absentes des proto­coles de recherche du fait de leur rareté même, se sont expri­més souhai­tant que les cher­cheurs s’approprient leur domaine.

L’un des audi­teurs a exprimé son inter­ro­ga­tion face à l’absence, en France, de statis­tiques fiables sur la quan­tité de malades concer­nés par telle ou telle mala­die. Il lui a été répondu qu’effectivement il semble­rait néces­saire de déve­lop­per un centre d’épidémiologie au plan natio­nal qui se consa­cre­rait à ces statis­tiques utiles y compris pour les chercheurs.

D’autres ques­tions (la recherche en pédia­trie par exemple) ont permis aux cher­cheurs de l’INSERM d’indiquer que d’autres lieux en France s’approprient des sujets qui ne sont pas systé­ma­ti­que­ment repris par chacun d’entre eux. Ils ont alors précisé qu’un « cata­logue des thèmes de recherche » pouvait être consulté à ce sujet.

Quant à nous, nous nous sommes atta­chés – et c’est notre inter­ro­ga­tion perma­nente – à poser la ques­tion de la place des malades dans ce dispo­si­tif C.I.C. (Centre d’Investigation Clinique).

Il nous a été répondu que les malades sont bien évidem­ment au centre du dispo­si­tif puisque les proto­coles cliniques sont établis à partir de la réac­tion des « patients » aux trai­te­ments et que, pour certaines mala­dies, c’est bien le rôle des asso­cia­tions qui a été déter­mi­nant pour le choix des domaines de recherche, sur le HIV (sida) en parti­cu­lier. De même, toute recherche sur les condi­tions de vie des malades ne peut pas se faire sans une parti­ci­pa­tion active des malades.

Pour­tant, cela n’a pas empê­ché l’un des respon­sables d’exprimer, avec une certaine condes­cen­dance – pour ne pas dire un rela­tif mépris des connais­sances suppo­sées du « patient » – son scep­ti­cisme sur la place des malades : nous ne serions pas en capa­cité de comprendre les réali­tés scien­ti­fiques, les domaines étant telle­ment poin­tus qu’il n’y a pas de place pour que nous puis­sions y émettre un avis !

Sans doute, s’agit-il là d’une « incom­pré­hen­sion » de la ques­tion posée qui n’avait pas du tout l’intention de mettre en cause la qualité des cher­cheurs et leur bonne foi mais bien plutôt de propo­ser l’aide des parte­naires asso­cia­tifs et des malades.

Cela démontre combien le « dialogue » prôné dans la convo­ca­tion (cf. ci-​dessus) est diffi­cile à instau­rer et qu’il faudra encore quelques années pour faire sortir les « spécia­listes » de leur « tour d’ivoire » !

Cela ne doit pas, cepen­dant, nous empê­cher de recon­naître les efforts réali­sés dans le domaine de la commu­ni­ca­tion. Cela démontre aussi qu’il nous faut prendre toute notre place et ne pas craindre d’exprimer nos souhaits et nos reven­di­ca­tions face à la « toute puis­sance » de la Science.

Jean GRAVELEAU

Pas encore de Commentaires Cliquer ici pour laisser un commentaire

Laisser un commentaire

XHTML: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Flux RSS des commentaires de cet article.

Propulsé par WordPress et le thème GimpStyle créé par Horacio Bella. Traduction (niss.fr).
Flux RSS des Articles et des commentaires. Valide XHTML et CSS.