Clonage thérapeutique : Le débat reste vif à l’échelon mondial
Publié le 17 janvier 2005 à 12:06paru dans Le Parkinsonien Indépendant n°19 — décembre 2004
La Croix du 9/10 octobre 2004 — Par Laurent D’Ersu
Faut-il ou non interdire tout clonage d’embryon humain ? Alors que la Grande Bretagne a levé fin août un tabou européen en autorisant un laboratoire à produire des cellules souches par la technique du transfert de noyau (également appelée « clonage thérapeutique »), le débat reste vif à l’échelon mondial. L’Assemblée Générale de l’O.N.U. devrait d’ici la fin du mois se prononcer sur une résolution du Costa Rica appelant à une interdiction générale de tout clonage. Un projet de convention internationale allant dans ce sens a été l’objet de plusieurs sessions de négociation depuis 2001 à New York, sans qu’une majorité ait pu se dégager, ce qui prolonge le vide juridique à l’échelon mondial.
A l’exception de quelques rares têtes brûlées, l’unanimité se fait sur la nécessité de bannir tout clonage reproductif. Mais deux camps s’opposent, à l’échelon onusien, entre Etats et au sein du monde de la recherche. Les uns réclament une interdiction incluant le clonage thérapeutique. Parmi leurs arguments figurent le respect de l’embryon, même à l’état d’amas de cellules, et la possibilité de recourir à d’autres sources de cellules souches — cellules adultes ou issues de cordon ombilical, voire d’embryons surnuméraires (non utilisés lors de la fécondation in vitro). Les autres — notamment 67 académies nationales des sciences — mettent en avant l’intérêt du clonage thérapeutique, notamment pour étudier les mécanismes de reprogrammation du noyau d’une cellule en vue de fonctions spécifiques.
Le premier pôle mondial de recherche, les Etats-Unis, a eu du mal à choisir entre les deux options. Au niveau de l’administration Bush, la position officiel est clairement en faveur d’une interdiction totale : « Je demande à tous les gouvernements d’affirmer un principe éthique de base : aucune vie humaine ne doit être créée ou détruite au profit d’une autre », a martelé George W. Bush, le 21 septembre devant l’Assemblée générale de l’O.N.U. Le président des Etats-Unis a réitéré soin soutien à la proposition costaricaine d’interdiction totale. L’administration Bush a interdit en 2001 l’utilisation de fonds publics pour la recherche sur les cellules souches à partir d’embryons humains, à l’exception des cellules souches cultivées avant l’été 2001. Le secteur privé n’est cependant pas concerné par cette interdiction. Et la plupart des observateurs estiment que la position maximaliste des Etats-Unis à l’O.N.U. est dictée par un souci électoraliste, renforcé par la garantie d’un statu quo persistant, favorable à la recherche américaine.
L’autorisation accordée début août en Grande Bretagne à un laboratoire de l’université de Newcastle de démarrer le clonage d’embryons humains à des fins thérapeutiques n’avait qu’un précédent officiel connu, décidé en Corée du Sud en février dernier. Le 2 septembre, le clonage thérapeutique a été autorisé à Singapour, comme il l’avait été en Chine et en Israël. Le Japon devrait suivre, après l’avis favorable rendu cet été au gouvernement par un comité scientifique. La Suède a autorisé en mars les recherches fondées sur des embryons clonés, sous réserve qu’elles n’aient pas d’applications médicales directes. La Belgique autorise depuis avril 2003 le clonage thérapeutique afin de lutter contre les maladies génétiques, au sein de laboratoires agrées. L’Allemagne, l’Italie et le Canada ont eux aussi interdit toute forme de clonage. En France, la loi de bioéthique du 6 août dernier punit de trente ans de prison le clonage reproductif et interdit aussi le clonage thérapeutique.
LAURENT D’ERSU
Lu pour vous par Jean GRAVELEAU
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