Informations médicales (2)
Publié le 11 décembre 2010 à 11:50LA RASAGILINE, commercialisé sous le nom Azilect
Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°43 – décembre 2010
En décembre 2008, paraissait dans le Parkinsonien Indépendant, un article de Benoist Melchior, intitulé « la Rasagiline, un nouvel espoir pour limiter la progression de la maladie ? »
La Rasagiline, commercialisée sous le nom d’Azilect, a été développée par la société israélienne Teva. Elle a été approuvée en février 2005 en Europe (en 2006 aux Etats Unis et au Canada). Elle est commercialisée en Europe par les laboratoires Lundbeck. Disponible à l’achat, dans beaucoup de pays, elle peut être prescrite en France depuis le début de 2009. Elle vient d’être agréée pour son remboursement courant 2010.
1. Caractéristiques générales de l’Azilect
La Sélégiline (Déprenyl) est le premier IMao‑B (inhibiteur de la monoamine oxydase B) apparu sur le marché en 1989. Elle est utilisée dans le traitement des patients prenant de la lévodopa, et présentant une réponse diminuée à ce médicament. Elle était annoncée comme neuroprotectrice, mais cela n’a pas été confirmé. Le Déprenyl est de moins en moins utilisé, car il a de nombreux effets indésirables.
En 2001, est apparue une nouvelle présentation de la Sélégiline, sous forme de comprimés lyophilisés, appelée Otrasel.
La Rasagiline (Azilect) est un nouvel Inhibiteur de la IMao B qui contrairement à la Sélégiline ne serait pas transformée en métabolites toxiques (amphétamines.…). De plus, la Rasagiline serait neuroprotectrice (c’est à dire qu’elle retarderait l’évolution de la maladie). Dans le futur, la Rasagiline (Azilect) serait amenée à remplacer la Sélégiline dans les prescriptions. La dose journalière est de 1 mg en une prise.
2. Résultats des essais cliniques
L’Azilect a fait l’objet de plusieurs essais cliniques. On citera pour mémoire les essais Tempo, Presto et Largo. On trouvera la description de ces essais et les résultats obtenus dans un avis de la commission de la transparence de la Haute Autorité de la Santé de Mars 2006.
Ensuite, il y a eu l’étude Adagio. Il s’agit d’une méthode multicentrique (129 centres dans 14 pays), en double-aveugle versus placebo de 72 semaines, menée chez 1176 patients atteints de la maladie de Parkinson, à un stade précoce, non traités précédemment.
Les patients ont été répartis afin de recevoir :
- soit de la Rasagiline 1 mg ou 2 mg une fois par jour pendant 18 mois (début précoce)
- soit un placebo pendant 9 mois, suivi de Rasagiline 1 mg ou 2 mg une fois par jour pendant 9 mois (début différé).
Les premières analyses de l’étude portaient sur la mesure et l’évolution du score global sur l’échelle UPDRS. La synthèse des essais Adagio est résumée dans le communiqué de France Parkinson du 9 Octobre 2008 : Les résultats de l’étude ADAGIO ont été présentés le 26 août 2008. Ils soulignent le double bénéfice apporté par l’antiparkinsonien Azilect® (Rasagiline) : effets de modification de la progression de la maladie par ralentissement de l’évolution de la maladie de Parkinson et bénéfices symptomatiques.
« La Rasagiline est commode à prendre, à raison d’une seule dose par jour (1mg) et globalement, la tolérance est excellente » annonce le Pr Olivier Rascol, Professeur de Pharmacologie clinique au CHU de Toulouse. Un espoir pour les malades, dont 1 sur 20 a moins de 40 ans.
En outre, « Adagio est un essai clinique important qui remet en cause la façon dont on appréhende actuellement la prise en charge de la maladie de Parkinson. Un traitement précoce avec la Rasagiline en monothérapie présente un bénéfice par rapport à un début de traitement différé. Par ailleurs, ces résultats renforcent l’idée que les patients souffrant de la maladie de Parkinson devraient être traités dès que le diagnostic est posé pour augmenter les chances de succès du traitement » souligne celui-ci. Jusqu’à présent, le traitement était mis en place seulement quand les symptômes devenaient gênants.
Cet avis a été récemment confirmé par un article du Quotidien du Médecin, en date du 18 septembre 2009, sous le titre : « Ralentir la progression de la maladie de Parkinson. La Rasagiline démontre son action dans l’étude Adagio : « Il semble de plus en plus clair qu’il faille traiter les patients atteints de maladie de Parkinson (MP) le plus rapidement possible afin d’obtenir le meilleur bénéfice clinique sur le long terme. Les travaux réalisés avec la Rasagiline, nouvel inhibiteur irréversible, sélectif, de seconde génération, de l’enzyme monoamine oxydase B (MAO‑B) qui améliore la symptomatologie et, surtout, ralentit la progression de la maladie participent à ce changement d’attitude thérapeutique ».
3. Contre indications et effets indésirables
L’usage de l’Azilect est contre indiqué dans les cas suivants :
- insuffisance hépatique sévère,
- prise d’un autre I Mao,
- prise de péthidine, un médicament puissant contre la douleur.
De plus, la prise de nombreux antidépresseurs avec l‘Azilect nécessite un avis particulier du neurologue.
Comme tous les médicaments, l’Azilect peut avoir des effets indésirables, bien que tous les patients n’y soient pas sujets.
Les effets indésirables suivants ont été rapportés au cours des essais cliniques contrôlés versus placebo :
- très fréquents (plus de 10% des patients) : dyskinésie, maux de tête.
- fréquents (de 1 à 10% des patients) : hypotension orthostatique, leucopénie, dystonies, ataxie…
Par ailleurs, des cas de cancer de la peau ont été rapportés chez environ 1% des patients inclus dans les études cliniques contrôlées versus placebo. Un patient sous Azilect doit donc informer son médecin de toute modification de sa peau.
4. Conclusion
Bien que l’unanimité n’existe pas sur les qualités de l’Azilect, il semble toutefois que le corps médical estime majoritairement, à partir des résultats des essais cliniques, que l’Azilect, outre ses fonctions d’inhibiteur de la MAO‑B, a la capacité de ralentir la progression de la maladie de Parkinson.
A partir de cette constatation, il est proposé un changement de la stratégie thérapeutique consistant à prescrire de l’Azilect aux patients non traités en début de maladie.
Les contre indications et effets indésirables ne paraissent pas très probables, même le risque de cancer de la peau.
Rédigé par Jean Pierre LAGADEC
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