Helicobacter pylori : une bactérie responsable de Parkinson ?
Publié le 07 avril 2012 à 22:28Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°48 – avril 2012
Une étude présentée en mai dernier lors du congrès de l’American Association for Microbiology (1) a relancé le débat sur les causes de la maladie Parkinson. Après les facteurs génétiques et le rôle de l’exposition à des agents chimiques (2), les chercheurs pointent en effet la responsabilité d’Helicobacter pylori, une bactérie capable de coloniser l’estomac humain et déjà connue pour provoquer des ulcères.
Helicobacter pylori est une vieille compagne de l’espèce humaine. En 2007, des chercheurs ont, en effet, découvert qu’elle était probablement présente il y a 58.000 ans dans l’estomac d’environ la moitié des Homo sapiens de souche africaine avant les grandes migrations des êtres humains vers l’Asie et l’Europe (3). De même, elle est bien connue de la microbiologie. Dès 1875, des scientifiques allemands ont identifié sa trace dans l’estomac humain.
Ce n’est toutefois qu’en 1982 que les chercheurs australiens J. Robin Warren et Barry J. Marshall ont mis en évidence sa dangerosité. Dans des travaux couronnés en 2005 par un Prix Nobel de Médecine, ils ont démontré qu’elle était responsable de l’essentiel des ulcères de l’estomac, jusque-là attribués à une alimentation excessivement épicée. Une découverte fondamentale au plan thérapeutique puisque, désormais, la plupart des ulcères sont traités avec succès par des traitements antibiotiques tuant la bactérie. Un lien maintenant établi formellement.
Toutefois, l’étude présentée lors du 111e congrès de l’American Association for Microbiology devrait faire date. Les chercheurs soutiennent en effet qu’Helicobacter pylori est également impliquée dans le développement de la maladie de Parkinson. L’idée n’est pas totalement inédite. De précédentes études avaient, en effet, observé une corrélation entre les ulcères de l’estomac et la maladie de Parkinson ainsi qu’une présence plus fréquente de cette bactérie chez les patients souffrant de la maladie de Parkinson. De même, le suivi des patients avait révélé que ceux qui suivaient un traitement antibactérien voyaient leur état s’améliorer.
L’étude rendue publique en mai dernier vient confirmer ce lien. Après avoir inoculé la bactérie à des souris de tous âges, les chercheurs ont observé l’évolution de leur activité locomotrice et de leur taux de dopamine. Il est en effet établi de longue date que la maladie de Parkinson résulte d’une chute du taux de cette hormone sécrétée par le « locus niger », une zone spécifique du cerveau. Or, chez les souris infectées par Helicobacter pylori, la sécrétion de dopamine s’effondre au bout de 3 à 5 mois.
De nouvelles pistes de traitement
Dès lors, pour les chercheurs, la responsabilité d’Helicobacter pylori dans le développement de la maladie de Parkinson ne fait plus guère de doute. Ils estiment que la maladie de Parkinson résulte vraisemblablement de la sécrétion de substances toxiques par certains types de bactéries comme Helicobacter pylori. Ils évoquent ainsi un composé similaire au cholestérol, mais qui s’avère être, selon eux, un neurotoxique responsable de la progression de maladie.
Sans remettre en cause les autres études et hypothèses sur les causes de la maladie de Parkinson –qui s’avère en effet être une pathologie à causes multiples – , cette étude ouvre la voie à de nouvelles pistes en matière de traitement ou de dépistage des populations à risque. Elle constitue donc un motif d’espoir légitime pour les malades et leurs familles.
Compléments d’information :
(1) « Helicobacter pylori infection induces Parkinson’s Disease symptoms in aged mice ». M.F. Salvatore, S.L. Spann, D.J. Mcgee, O.A. Senkovich, & T.L. Testerman. Presentation at the 111th General Meeting for the American Society for Microbiology. 2011 May 22. New Orleans , LA
(2) Pour une première approche de la maladie de Parkinson, ses causes, ses effets et des traitements actuellement disponibles, on peut consulter les interventions de spécialistes mises en ligne sur le site www.infopatients-lundbeck.fr.
(3) « An African origin for the intimate association between humans and Helicobacter pylori ». Bodo Linz, François Balloux, Yoshan Moodley, Andrea Manica, Hua Liu, Philippe Roumagnac, Daniel Falush, Christiana Stamer, Franck Prugnolle, Schalk W. van der Merwe, Yoshio Yamaoka, David Y. Graham, Emilio Perez-Trallero, Torkel Wadstrom, Sebastian Suerbaum and Mark Achtman. Nature. 2007 February 22 ; 445(7130): 915 – 918
Le 5 décembre 2011 par lucierobia Le Parisien
Lu et transmis par Pierre LEMAY
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Bonjour,
j’ai un parkinson depuis 2009, je serais volontaire pour une antibiothérapie suivie d’une transplantation fécale, je ne trouve pas d’établissement le faisant en Europe.
Quelqu’un peut il m’aider ? Merci.
Cobr
Commentaire by Cobr — 10 avril 2012 #
bonsoir
Je suis diagnostiquée « parkinsonnienne » depuis début 2008 et je suis restée stupéfaite après avoir lu cet article , car il y a une vingtaine d’années , j’ ai eu deux ulcères a l’estomac , prelevement « helicobacter pylori » traités par une bi- antibiothérapie (dont je ne me rappelle plus le nom ) dois je voir là un lien avec ma pathologie actuelle ?
puis je mettre celà comme antécedent ? comme cause ?
mcverlinde
Commentaire by verlinde — 8 avril 2012 #