L’accompagnement psychologique du « Parkinson », la personne malade et son entourage
Publié le 11 avril 2012 à 08:21Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°48 – avril 2012
Le psychologue va bien sûr accompagner le malade, mais aussi l’entourage familial du malade : entourage tout aussi atteint, au sens de touché, par la maladie. Le psychologue parfois accompagnera un couple ou une famille avec tous ses membres, car outre le corps du malade, et la vie au quotidien, Parkinson atteint aussi les relations dans le couple ou entre les différents membres d’un groupe familial.
Etymologie du terme « accompagner »
- Ac : idée de direction, de passage d’un état à l’autre
- Com : idée d’avec, de relation avec un autre
- Pain : idée de nourrir, de partage
Alors « Accompagner quelqu’un » c’est quoi ?!
- se joindre à quelqu’un = être avec = partager un moment de vie
- pour aller là où il va = dans un mouvement dynamique
- en même temps que lui = aller à son rythme
Garder en tête l’idée du mouvement dans l’accompagnement pour ne pas figer l’autre et toujours lui permettre d’évoluer.
Ainsi le rôle du psychologue c’est d’accompagner chacun, malade et entourage,
- à « digérer la maladie »,
- à tenter d’intégrer cet événement dans son histoire personnelle, sa trajectoire de vie, lui donner du sens
- à tenter de trouver un ajustement émotionnel face à cet événement,
- à mobiliser les ressources dont chacun dispose mais qu’il ne voit plus du fait de l’épuisement ou du débordement des émotions
- à trouver leurs propres solutions pour faire face à la maladie : comment allez-vous faire pour supporter cette réalité ?
Le psychologue ne va pas trouver les solutions face à la maladie-problème mais il va accompagner chacun à se responsabiliser face à cette maladie et à trouver ses propres solutions. Se responsabiliser c’est se réapproprier son existence.
Qu’est ce que le psychologue va accompagner chez le malade et chez l’entourage familial ?
- Inquiétude, anxiété et angoisse au quotidien et face à l’avenir : vis-à-vis de la maladie, du handicap, d’une possible future dépendance, voire de la mort…
- Atteinte de l’image de soi : qui suis-je ?
- Atteinte de l’estime de soi et du besoin d’être utile aux autres : à quoi, à qui je sers ?
- Les pertes et modifications vont aussi amener à un changement dans le statut familial et professionnel
- Isolement et sentiment de solitude
- Le deuil de « la famille idéale » et des projets en commun
- Le bouleversement des rôles dans la famille
- La « charge psychologique » : ce fardeau qui mène à l’épuisement de l’aidant
Accompagnement du couple
L’arrivée de Parkinson dans le couple va venir interroger, bousculer, souvent compliquer et parfois détruire la relation entre les partenaires.
Parkinson met le couple à l’épreuve et il s’agit parfois d’être accompagné dans cette traversée… quand la souffrance de chacun est si intense que l’un ne peut plus épauler l’autre, et que l’autre ne peut plus supporter l’un !
- Oui : parfois on aime encore l’autre mais on n’aime pas sa maladie !
- Et d’autres fois on aime encore l’autre mais on n‘aime pas la relation que l’on entretient avec il ou elle !
La question n’est plus alors adressée à un individu : comment allez vous faire pour supporter cette réalité ?, mais au couple : comment allez vous faire pour supporter cette réalité … ensemble … en tenant compte des besoins individuels de chacun … dans l’objectif de maintenir une relation satisfaisante ?
Comment faire pour que cette traversée ait quelques chances de réussite ?
- Offrir du temps à sa relation de couple : la penser … et en parler !
- Chacun des partenaires du couple peut alors s’interroger : de quoi ai-je besoin pour me sentir bien dans cette relation de couple ?, qu’est-ce que j’attends de l’autre ?, peut-il ou peut-elle me l’apporter ?, qu’attend-il ou qu’attend-elle de moi ?, puis-je le lui apporter ?, et si non, comment allons nous faire ? quelles solutions inventer ? »…
Traverser cette épreuve c’est créer, « bricoler », une modalité nouvelle d’être ensemble !
Accompagnement de la famille : être l’enfant aidant de son parent âgé
Lors de l’aide apportée à un parent âgé, de nouvelles interrogations nous traversent, certaines questions qui ne se posaient pas jusqu’alors nous viennent concernant :
- rapport à notre propre vieillissement
- rapport à la dépendance
- rapport à la mort
Ce n’est pas chose aisée que d’hériter d’un nouveau parent : il faut se séparer de l’ancien et accueillir au présent le nouveau parent … « Il, elle n’est plus le même et pourtant il est mon proche ». Cette absence de reconnaissance est source de souffrance (« Il, elle, ne peut pas être « comme nous » si non il y a un risque que je puisse « devenir comme ça » un jour »…). Et cela peut compliquer l’accompagnement au quotidien : « si je ne reconnais plus mon parent tel qu’il est aujourd’hui, si je m’accroche à l’image du passé »… alors il y a risque de : remettre en doute les difficultés, de le sur-stimuler…
Accueillir ce nouveau parent nous confronte aussi au surgissement des émotions du passé : la vieillesse de nos parents marque le moment où l’on revient sur sa propre histoire, le passé remonte à la surface, cela nous ramène à la relation que nous avons eue ou pas avec eux, « Qu’est-ce qu’ils nous ont donné, de quoi avons-nous manqué ? »
Chaque enfant connaît des blessures, des injustices… Dans certaines familles, l’amour, la qualité de la relation auront adouci ces souvenirs ; ce qui sera plus difficile pour d’autres…Alors, parfois une question surgit : « comment donner à mon père, à ma mère, cette aide qu’il… qu’elle me demande…alors que j’ai tant manqué de leur amour… alors que je n’ai pas reçu de leur part tout ce dont j’avais besoin… ? »
Ces ressentis peuvent être accompagnés en individuel, bien sûr, mais aussi en famille lorsque parfois d’anciennes rivalités fraternelles se réactivent…Face à un même évènement, chacun a un vécu différent qu’il faut écouter et respecter…
Par Elsa Dehne-Garcia le 5 octobre 2011 à Piriac sur mer
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un chemin possible est de se prendre en main en totalité, lorsque le moment est venu où la « différence » pose question au conjoint et au reste de la famille, se retirer en douceur et
trouver un havre de paix et de bonheur partagé avec des relations simples et sincères pour vivre le moment présent sans se poser des questions existentielles
cela est possible, tout est possible quand on le désire de tout son ETRE
COURAGE à toutes et à tous tissez votre toile
Commentaire by Annie — 14 mai 2012 #