Ne pas être qu'un "patient" ...

Le Léponex contre les hallucinations

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°49 – juin 2012 

En Mars 2008, parais­sait, dans le numéro 32 du Parkin­so­nien Indé­pen­dant sous le titre « Les hallu­ci­na­tions dans la mala­die de Parkin­son », un article rédigé par Stéphane Thobois, neuro­logue à l’hôpital neuro­lo­gique Pierre Werthei­mer à Lyon. Alors que l’on estime que les hallu­ci­na­tions touchent 25% des Parkin­so­niens, ce sujet reste diffi­cile à abor­der par les patients. Dans l’article, afin de dédra­ma­ti­ser la ques­tion, sont trai­tés succes­si­ve­ment les aspects cliniques, les facteurs favo­ri­sants, les facteurs déclen­chants et la prise en charge des hallucinations.

En ce qui concerne la prise en charge, après avoir exploré plusieurs solu­tions, l’auteur préco­nise, en dernier ressort, la pres­crip­tion suivante : Il s’agit de l’utilisation de neuro­lep­tiques atypiques (c’est-à-dire n’aggravant pas les syndromes parkin­so­niens). La première pres­crip­tion de certains d’entre eux est hospi­ta­lière (cloza­pine®, Lépo­nex®). Le Lépo­nex a souvent mauvaise répu­ta­tion auprès des malades et son utili­sa­tion est très réglementée. 

1. Carac­té­ris­tiques géné­rales du Léponex
Le Lépo­nex 25 mg (molé­cule Cloza­pine) est produit et commer­cia­lisé par les labo­ra­toires Novar­tis Pharma SAS. Ses carac­té­ris­tiques géné­rales sont : compri­més 25 mg sécables en boîte de 7, 14, ou 28 compri­més ; classe théra­peu­tique : neurologie-​psychiatrie. Prin­cipe actif : Cloza­pine. Prix en phar­ma­cie : 5.49 € la boîte de 28. Le Lépo­nex existe aussi en compri­més 100 mg. AMM depuis le 2O juin 1991, réac­tua­li­sée à plusieurs reprises, et en parti­cu­lier lors du renou­vel­le­ment de l’inscription sur la liste des spécia­li­tés rembour­sables aux assu­rés sociaux (avis favo­rable de la HAS le 14 Mars 2007). 

2. Indi­ca­tions
En psychia­trie : Le Lepo­nex est indi­qué chez les patients schi­zo­phrènes résis­tant au trai­te­ment et chez les patients schi­zo­phrènes qui présentent avec les autres agents anti­psy­cho­tiques, y compris les anti­psy­cho­tiques atypiques, des effets indé­si­rables neuro­lo­giques sévères, impos­sibles à corri­ger. La schi­zo­phré­nie est une mala­die mentale qui modi­fie chez le patient la façon de penser, de perce­voir les choses et de se compor­ter. La résis­tance au trai­te­ment est défi­nie comme l’ab­sence d’amé­lio­ra­tion clinique satis­fai­sante malgré l’uti­li­sa­tion d’au moins deux anti­psy­cho­tiques diffé­rents, y compris un agent anti­psy­cho­tique atypique, pres­crits à poso­lo­gie adéquate pendant une durée suffisante. 

En neuro­lo­gie : Le Lepo­nex est égale­ment indi­qué pour le trai­te­ment des troubles psycho­tiques surve­nant au cours de l’évo­lu­tion de la mala­die de Parkin­son, en cas d’échec de 

la stra­té­gie théra­peu­tique habi­tuelle (voir article de Stéphane Thobois). Les troubles psycho­tiques regroupent des troubles comme les idées déli­rantes, les troubles du compor­te­ment ou de la pensée, ainsi que les hallu­ci­na­tions. Les neuro­logues utilisent donc le Lépo­nex pour trai­ter les hallu­ci­na­tions des patients Parkinsoniens. 

3. Contre indi­ca­tions et effets indésirables
Le Lépo­nex a de nombreuses contre indi­ca­tions. Il est contre indi­qué par exemple en cas : de taux faible de globules blancs, de problèmes cardiaques, glau­come, diabète, mala­die de la moelle osseuse.
Il présente aussi de nombreux risques d’interactions avec d’autres médi­ca­ments. Avant de pres­crire, le neuro­logue inter­roge le patient sur ses anté­cé­dents médi­caux et les trai­te­ments subis pour éviter les inter­ac­tions .Le Lépo­nex peut provo­quer aussi de nombreux effets indé­si­rables, les plus fréquents étant la somno­lence, les sensa­tions de vertige, l’augmentation du rythme cardiaque, la consti­pa­tion et l’augmentation de la sécré­tion de salive.

Par ailleurs, et surtout, le Lépo­nex peut provo­quer une baisse du taux de globules blancs aux consé­quences graves (risque d’infection). C’est pour­quoi, le neuro­logue avant la première pres­crip­tion fait procé­der à une analyse de sang, pour véri­fier le taux de globules blancs. C’est la NFS (Numé­ra­tion Formule Sanguine), qui four­nit entre autres le nombre par mm3 de Leuco­cytes et de Neutrophiles. 

4. Pres­crip­tion et dispen­sa­tion du médicament
Le Lépo­nex ne peut être pres­crit qu’en hôpi­tal, par des méde­cins spécia­listes en psychia­trie, en neuro­lo­gie ou en géria­trie. Cette condi­tion s’applique, aussi bien pour la première pres­crip­tion (elle est annuelle) que pour le renou­vel­le­ment de l’ordonnance. Les pres­crip­teurs sont respon­sables du suivi héma­to­lo­gique. Ils inscrivent sur l’ordonnance que la numé­ra­tion formule sanguine a été réali­sée et que les résul­tats de la NFS sont dans les limites des valeurs usuelles.

5. Surveillance pendant le traitement
Le nombre de leuco­cytes par mm3 et le nombre de neutro­philes par mm3 doivent être mesu­rés régu­liè­re­ment aux inter­valles suivants : une fois par semaine pendant les 18 premières semaines de trai­te­ment et, ensuite, au moins toutes les 4 semaines durant toute la durée du trai­te­ment. Cette surveillance doit être pour­sui­vie tout au long du trai­te­ment et pendant les 4 semaines qui suivent l’ar­rêt complet du trai­te­ment. La pres­sion arté­rielle doit être surveillée pendant les premières semaines de trai­te­ment. Une Numé­ra­tion Formule Sanguine doit être réali­sée immé­dia­te­ment en cas de surve­nue de tout signe ou symp­tôme d’infection.

6. Le carnet de suivi
Le patient devra donc faire procé­der à une analyse sanguine, chaque semaine (18 semaines), puis chaque mois. La prise de sang est faite à domi­cile, ou auprès d’un labo­ra­toire. Il n’est pas néces­saire d’être à jeun. Tous les résul­tats des analyses doivent être repor­tés par le patient sur un carnet de suivi fourni par les labo­ra­toires Novar­tis, puis vali­dés par le méde­cin pres­crip­teur avant toute nouvelle ordon­nance. Lors de la dispen­sa­tion, le phar­ma­cien inscrit la date, la quan­tité dispen­sée et appose sa signa­ture sur le carnet.
Le tableau joint en annexe résume les moda­li­tés de surveillance et les chiffres clés de la NFS.

Conclu­sion
Le Lépo­nex a prouvé son effi­ca­cité depuis de nombreuses années dans le trai­te­ment des hallu­ci­na­tions. Dans son avis du 14 Mars 2007, la HAS (Haute auto­rité de santé) après avoir analysé les dernières données four­nies par le fabri­cant et portant sur 8000 pres­crip­tions de Lépo­nex estime que : Le SMR (service médi­cal rendu) reste impor­tant dans les indi­ca­tions de l’AMM. Certes, son utili­sa­tion oblige le neuro­logue à une surveillance héma­to­lo­gique rigou­reuse. De son côté le patient est contraint à des prises de sang fréquentes surtout les premières semaines. Mais ces contraintes restent tout à fait accep­tables et cela permet de détec­ter une baisse du taux de globules blancs et de pallier le risque d’infection.
Rédigé par Jean Pierre Laga­dec

1 Commentaire Cliquer ici pour laisser un commentaire

  1. Je suis atteinte d’une mala­die de takaya­shu depuis 1982.On m’a pres­crit à l époque de la cortisone
    En 1994 j’ai appris que j étais seroposite.Traité par les médi­ca­ments de l époque. En 1996 début de la tri théra­pie. Depuis charge virale indetectable.
    Ai pris beau­coup de neuro­lep­tiques pres­crit par ma psychiatre
    Je souf­frais égale­ment de neuro­pa­thos muscu­laire. Trai­te­ment par du rivo­tril En janvier 2014 diag­nos­tic d un Parkin­son Présumé trai­te­ment AZILECT et NEUPRO 8 mg .Décembre 2015 arret en4semaines du rivotril.Janvier 2016 crise d épilep­sie violente traite ment au Lepo­nex et VALIUM en milieu hospi­ta­lie Aime­rai mieux comprendre toutes ces inter­face mediquanteuses.Attends votre réponse Merci d’avance

    Commentaire by Julie Mouche — 20 février 2016 #

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