Visite de l’INSERM unité 913 le 28 novembre 2014
Publié le 29 mars 2015 à 15:49Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°60
« Les Chercheurs accueillent les malades en partenariat avec les associations de malades. », tel était le mot d’ordre pour la journée du 28 novembre 2014.
L’attente des avancées de la recherche étant particulièrement forte pour les personnes malades ou en situation de handicap, l’INSERM développe depuis plusieurs années une politique de dialogue et de partenariat qui a permis de construire des relations de confiance avec près de 400 associations de malades concernées par la recherche. A l’occasion de ses 50 ans, l’Inserm leur ouvre ses laboratoires.
Au total près de 80 unités de recherche et 250 chercheurs sont impliqués à travers l’ensemble du territoire. La dynamique du partenariat de l’Inserm avec les associations prend ainsi une nouvelle ampleur en favorisant le dialogue direct et à grande échelle entre chercheurs et personnes malades, assurant une des missions essentielles de l’Inserm : faciliter et organiser la relation entre la recherche et la société.
Pour développer ce partenariat, l’Inserm a mis en place un double dispositif : une instance de réflexion, le GRAM, et une structure opérationnelle, la Mission Inserm Associations.
Le GRAM (Groupe de Réflexion avec les Associations de Malades) est une instance de réflexion et de proposition sur les orientations stratégiques et les actions à mettre en œuvre pour développer la politique de partenariat entre l’Inserm et les associations. Il est composé de membres d’associations, de chercheurs et de représentants de l’administration de L’Inserm ; il est rattaché directement à la présidence de l’Inserm.
La Mission Inserm Associations propose, met en œuvre et coordonne les programmes d’action entre l’Inserm et les associations. Elle est le point de contact à l’Inserm pour les associations et les chercheurs intéressés ou impliqués dans des interactions avec le monde associatif. Elle est rattachée au Département de l’Information Scientifique et de la Communication de l’Inserm.
François Faurisson, chargé de mission, était là pour accueillir avec Bernard Lardeux, chercheur à l’Unité 913, les représentants des associations pour une découverte du laboratoire. Nous étions 25 personnes, le CECAP était représenté par 6 personnes du conseil d’administration de l’ADPLA ainsi que la présidente et la secrétaire du Morbihan.
L’Unité 913 travaille sur les neuropathies du système nerveux entérique et les pathologies digestives. Elle est dirigée par Michel Neunlist qui nous a fait une présentation du service. Il a souligné que la recherche n’était pas seulement fondamentale mais aussi transrelationnelle, c’est-à-dire ouverte aux différentes disciplines du monde hospitalier. Elle est intégrée à l’IMAD du CHU de Nantes (Institut des Maladies de l’Appareil Digestif) et travaille en relation avec l’INRA 1280 sur la physiologie des adaptations nutritionnelles, particulièrement sur les déséquilibres nutritionnels de l’embryon et du 1er âge.
Comprenant 10 personnes il y a 10 ans, le service a connu une forte évolution pour atteindre aujourd’hui un effectif de 39 personnes : 6 chercheurs, 10 cliniciens universitaires ou hospitaliers (toujours dans un souci de décloisonnement), 2 post-doctorants, 5 ingénieurs techniciens et employés administratifs, 16 doctorants. Michel Neunlist insiste sur l’importance que représentent ces derniers car ils forment la recherche de demain. La carrière de chercheur peut paraître comme un parcours du combattant et nécessite une grande mobilité (visibilité internationale, brassage d’idées et de compétences).
Comme nous avons déjà eu l’occasion de le dire, le travail de chercheur commence par un travail de recherche de financement et dans cette période difficile au niveau des choix budgétaires les apports des associations représentent une part non négligeable.
La recherche reste centrée sur l’étude du tube digestif qui est un acteur central dans les pathologies chroniques multifactorielles et multi-organes. Par sa grande surface d’échange avec l’extérieur, il est soumis à de nombreux facteurs environnementaux toxiques, pathogènes ou nutritionnels. On distingue les pathologies du prématuré, les maladies inflammatoires, les cancers digestifs et les pathologies neurologiques.
Le service de neurogastroentérologie a pour objectif de :
- comprendre le sujet sain,
- identifier les lésions, les atteintes dans les différentes pathologies chroniques,
développer des approches thérapeutiques innovantes.
Le SNE (système nerveux entérique) est un organe complexe et essentiel à notre survie. Ses deux principales fonctions sont la régulation de la motricité nécessaire tout au long du processus de digestion et la protection de la barrière épithéliale intestinale.
La « peau » de l’intestin représente une barrière très fragile. Une seule couche de cellules, de la taille d’un terrain de tennis, tapisse notre intestin. Ces cellules doivent absorber les liquides et les nutriments et empêcher le passage de bactéries, virus ou agents toxiques. Elles se renouvellent constamment (en 5 jours).
Dans les programmes moteurs du tube digestif on distingue le péristaltisme qui permet le transport alimentaire dans l’intestin et la segmentation qui permet le mélange et l’absorption alimentaire.
Cette activité nerveuse se fait grâce à un réseau de neurones situés tout le long du tube digestif, il comprend 200 millions de neurones connectés entre eux pour porter l’information. Le tissu nerveux comprend des neurones mais aussi des cellules gliales (essentiellement des astrocytes). Lors de l’évolution, le SNE apparaît très précocement. A la septième semaine de la grossesse, l’ensemble du tube digestif est colonisé par le SNE. Il va migrer du haut vers le bas pour être fonctionnel à la naissance.
L’Unité de neurogastroentérologie va chercher à identifier les lésions du SNE dans les maladies chroniques : l’obésité, les maladies inflammatoires digestives (syndrome de l’intestin irritable, troubles digestifs du nouveau-né), les maladies neurologiques (Parkinson, autisme…).
La biopsie intestinale représente un outil important pour mieux comprendre les maladies chroniques en recherchant des bios marqueurs de sévérité. Un prélèvement de 2 mm lors d’une coloscopie contient jusqu’à 100 neurones. Dans le cas de la maladie de Parkinson, une biopsie permet de relever la présence d’alphasynucléine sous forme d’agrégats.
L’étude va également porter sur le ciblage nutritionnel du SNE : nutriments, microbiote, le rôle des acides gras polyinsaturés…
La neurostimulation pourrait être une thérapie innovante et originale pour les pathologies digestives. Des essais cliniques sur des nouveaux nés et des prématurés permettraient une accélération du développement du SNE et auraient un effet protecteur sur la barrière épithéliale en jouant sur la perméabilité épithéliale (neurostimulation des racines sacrées).
Les avancées de la recherche dépendent en grande partie des évolutions techniques du matériel utilisé qui permettent de découvrir et de mesurer des aspects de la vie de plus en plus fins. Ainsi pendant la visite du laboratoire nous avons pu avoir un aperçu des différentes techniques mises en œuvre : de la réaction des cellules au stress, en passant par le marquage de protéines spécifiques pour mesurer le contrôle de la perméabilité épithéliale, jusqu’à l’analyse de la motricité de différents tissus (intestin grêle et gros intestin de souris) et leurs réponses à des produits excitants ou inhibiteurs.
En conclusion, nous pouvons dire que cette visite a été très enrichissante et nous remercions les chercheurs pour leur disponibilité et leur gentillesse face à nos questions parfois saugrenues. Pour ceux qui veulent en savoir plus, depuis 2005, l’Inserm propose des séminaires qui ont pour but de familiariser les associations aux concepts, outils méthodes de la recherche et d’approfondir leur compréhension des questions scientifiques et médicales.
L’Inserm édite un magazine gratuit, « Science et Santé ». Pour le recevoir envoyer vos coordonnées postales à : science-et-sante@inserm.fr.
Rédigé par Guy Seguin
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