Ne pas être qu'un "patient" ...

Visite de l’INSERM unité 913 le 28 novembre 2014

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°60

« Les Cher­cheurs accueillent les malades en parte­na­riat avec les asso­cia­tions de malades. », tel était le mot d’ordre pour la jour­née du 28 novembre 2014.

L’attente des avan­cées de la recherche étant parti­cu­liè­re­ment forte pour les personnes malades ou en situa­tion de handi­cap, l’INSERM déve­loppe depuis plusieurs années une poli­tique de dialogue et de parte­na­riat qui a permis de construire des rela­tions de confiance avec près de 400 asso­cia­tions de malades concer­nées par la recherche. A l’occasion de ses 50 ans, l’Inserm leur ouvre ses laboratoires.

Au total près de 80 unités de recherche et 250 cher­cheurs sont impli­qués à travers l’ensemble du terri­toire. La dyna­mique du parte­na­riat de l’Inserm avec les asso­cia­tions prend ainsi une nouvelle ampleur en favo­ri­sant le dialogue direct et à grande échelle entre cher­cheurs et personnes malades, assu­rant une des missions essen­tielles de l’Inserm : faci­li­ter et orga­ni­ser la rela­tion entre la recherche et la société.
Pour déve­lop­per ce parte­na­riat, l’Inserm a mis en place un double dispo­si­tif : une instance de réflexion, le GRAM, et une struc­ture opéra­tion­nelle, la Mission Inserm Associations.

Le GRAM (Groupe de Réflexion avec les Asso­cia­tions de Malades) est une instance de réflexion et de propo­si­tion sur les orien­ta­tions stra­té­giques et les actions à mettre en œuvre pour déve­lop­per la poli­tique de parte­na­riat entre l’Inserm et les asso­cia­tions. Il est composé de membres d’associations, de cher­cheurs et de repré­sen­tants de l’administration de L’Inserm ; il est ratta­ché direc­te­ment à la prési­dence de l’Inserm.

La Mission Inserm Asso­cia­tions propose, met en œuvre et coor­donne les programmes d’action entre l’Inserm et les asso­cia­tions. Elle est le point de contact à l’Inserm pour les asso­cia­tions et les cher­cheurs inté­res­sés ou impli­qués dans des inter­ac­tions avec le monde asso­cia­tif. Elle est ratta­chée au Dépar­te­ment de l’Information Scien­ti­fique et de la Commu­ni­ca­tion de l’Inserm.

Fran­çois Fauris­son, chargé de mission, était là pour accueillir avec Bernard Lardeux, cher­cheur à l’Unité 913, les repré­sen­tants des asso­cia­tions pour une décou­verte du labo­ra­toire. Nous étions 25 personnes, le CECAP était repré­senté par 6 personnes du conseil d’administration de l’ADPLA ainsi que la prési­dente et la secré­taire du Morbihan.

L’Unité 913 travaille sur les neuro­pa­thies du système nerveux enté­rique et les patho­lo­gies diges­tives. Elle est diri­gée par Michel Neun­list qui nous a fait une présen­ta­tion du service. Il a souli­gné que la recherche n’était pas seule­ment fonda­men­tale mais aussi trans­re­la­tion­nelle, c’est-​à-​dire ouverte aux diffé­rentes disci­plines du monde hospi­ta­lier. Elle est inté­grée à l’IMAD du CHU de Nantes (Insti­tut des Mala­dies de l’Appareil Diges­tif) et travaille en rela­tion avec l’INRA 1280 sur la physio­lo­gie des adap­ta­tions nutri­tion­nelles, parti­cu­liè­re­ment sur les déséqui­libres nutri­tion­nels de l’embryon et du 1er âge.

Compre­nant 10 personnes il y a 10 ans, le service a connu une forte évolu­tion pour atteindre aujourd’hui un effec­tif de 39 personnes : 6 cher­cheurs, 10 clini­ciens univer­si­taires ou hospi­ta­liers (toujours dans un souci de décloi­son­ne­ment), 2 post-​doctorants, 5 ingé­nieurs tech­ni­ciens et employés admi­nis­tra­tifs, 16 docto­rants. Michel Neun­list insiste sur l’importance que repré­sentent ces derniers car ils forment la recherche de demain. La carrière de cher­cheur peut paraître comme un parcours du combat­tant et néces­site une grande mobi­lité (visi­bi­lité inter­na­tio­nale, bras­sage d’idées et de compétences).

Comme nous avons déjà eu l’occasion de le dire, le travail de cher­cheur commence par un travail de recherche de finan­ce­ment et dans cette période diffi­cile au niveau des choix budgé­taires les apports des asso­cia­tions repré­sentent une part non négligeable.

La recherche reste centrée sur l’étude du tube diges­tif qui est un acteur central dans les patho­lo­gies chro­niques multi­fac­to­rielles et multi-​organes. Par sa grande surface d’échange avec l’extérieur, il est soumis à de nombreux facteurs envi­ron­ne­men­taux toxiques, patho­gènes ou nutri­tion­nels. On distingue les patho­lo­gies du préma­turé, les mala­dies inflam­ma­toires, les cancers diges­tifs et les patho­lo­gies neurologiques.

Le service de neuro­gas­troen­té­ro­lo­gie a pour objec­tif de :

  • comprendre le sujet sain,
  • iden­ti­fier les lésions, les atteintes dans les diffé­rentes patho­lo­gies chroniques,

déve­lop­per des approches théra­peu­tiques innovantes.
Le SNE (système nerveux enté­rique) est un organe complexe et essen­tiel à notre survie. Ses deux prin­ci­pales fonc­tions sont la régu­la­tion de la motri­cité néces­saire tout au long du proces­sus de diges­tion et la protec­tion de la barrière épithé­liale intestinale.

La « peau » de l’intestin repré­sente une barrière très fragile. Une seule couche de cellules, de la taille d’un terrain de tennis, tapisse notre intes­tin. Ces cellules doivent absor­ber les liquides et les nutri­ments et empê­cher le passage de bacté­ries, virus ou agents toxiques. Elles se renou­vellent constam­ment (en 5 jours).

Dans les programmes moteurs du tube diges­tif on distingue le péris­tal­tisme qui permet le trans­port alimen­taire dans l’intestin et la segmen­ta­tion qui permet le mélange et l’absorption alimentaire.

Cette acti­vité nerveuse se fait grâce à un réseau de neurones situés tout le long du tube diges­tif, il comprend 200 millions de neurones connec­tés entre eux pour porter l’information. Le tissu nerveux comprend des neurones mais aussi des cellules gliales (essen­tiel­le­ment des astro­cytes). Lors de l’évolution, le SNE appa­raît très préco­ce­ment. A la septième semaine de la gros­sesse, l’ensemble du tube diges­tif est colo­nisé par le SNE. Il va migrer du haut vers le bas pour être fonc­tion­nel à la naissance.

L’Unité de neuro­gas­troen­té­ro­lo­gie va cher­cher à iden­ti­fier les lésions du SNE dans les mala­dies chro­niques : l’obésité, les mala­dies inflam­ma­toires diges­tives (syndrome de l’intestin irri­table, troubles diges­tifs du nouveau-​né), les mala­dies neuro­lo­giques (Parkin­son, autisme…).

La biop­sie intes­ti­nale repré­sente un outil impor­tant pour mieux comprendre les mala­dies chro­niques en recher­chant des bios marqueurs de sévé­rité. Un prélè­ve­ment de 2 mm lors d’une colo­sco­pie contient jusqu’à 100 neurones. Dans le cas de la mala­die de Parkin­son, une biop­sie permet de rele­ver la présence d’alphasynucléine sous forme d’agrégats.

L’étude va égale­ment porter sur le ciblage nutri­tion­nel du SNE : nutri­ments, micro­biote, le rôle des acides gras polyinsaturés…

La neuro­sti­mu­la­tion pour­rait être une théra­pie inno­vante et origi­nale pour les patho­lo­gies diges­tives. Des essais cliniques sur des nouveaux nés et des préma­tu­rés permet­traient une accé­lé­ra­tion du déve­lop­pe­ment du SNE et auraient un effet protec­teur sur la barrière épithé­liale en jouant sur la perméa­bi­lité épithé­liale (neuro­sti­mu­la­tion des racines sacrées).

Les avan­cées de la recherche dépendent en grande partie des évolu­tions tech­niques du maté­riel utilisé qui permettent de décou­vrir et de mesu­rer des aspects de la vie de plus en plus fins. Ainsi pendant la visite du labo­ra­toire nous avons pu avoir un aperçu des diffé­rentes tech­niques mises en œuvre : de la réac­tion des cellules au stress, en passant par le marquage de protéines spéci­fiques pour mesu­rer le contrôle de la perméa­bi­lité épithé­liale, jusqu’à l’analyse de la motri­cité de diffé­rents tissus (intes­tin grêle et gros intes­tin de souris) et leurs réponses à des produits exci­tants ou inhibiteurs.

En conclu­sion, nous pouvons dire que cette visite a été très enri­chis­sante et nous remer­cions les cher­cheurs pour leur dispo­ni­bi­lité et leur gentillesse face à nos ques­tions parfois saugre­nues. Pour ceux qui veulent en savoir plus, depuis 2005, l’Inserm propose des sémi­naires qui ont pour but de fami­lia­ri­ser les asso­cia­tions aux concepts, outils méthodes de la recherche et d’approfondir leur compré­hen­sion des ques­tions scien­ti­fiques et médicales.

L’Inserm édite un maga­zine gratuit, « Science et Santé ». Pour le rece­voir envoyer vos coor­don­nées postales à : science-et-sante@inserm.fr.

Rédigé par Guy Seguin

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