Que faire en cas de rupture de stock de médicaments ?
Publié le 22 octobre 2015 à 08:55Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°62
Le nombre de médicaments en rupture de stock augmente fortement depuis quelques années. Les officines s’inquiètent comme les malades de la rupture de stock de médicaments. Début août, un pharmacien de Clamart (Hauts-de-Seine) vient de mettre en demeure son fournisseur et les laboratoires pour qu’ils règlent cette situation ingérable et préjudiciable pour les malades et le secteur pharmaceutique ; il estime que ces pénuries relèvent d’un « dysfonctionnement organisé ».
Qu’il s’agisse de rupture de stock (coté fabricant) ou d’approvisionnement (chez le pharmacien), il est de plus en plus fréquent de ressortir les mains vides de la pharmacie : « Il nous manque en permanence plusieurs dizaines de produits, et les choses ne vont pas en s’améliorant », constate Carine Wolf, pharmacienne et présidente de l’Ordre des pharmaciens de Seine-Maritime. 55% des Français disent avoir été confrontés au problème, selon un sondage Ipsos-Observatoire sociétal du médicament de février 2014, y compris pour des traitements dont l’interruption pose de vrais problèmes médicaux. Anti-infectieux, chimiothérapie contre le cancer, traitement hormonaux ou neurologiques … Des centaines de médicaments sont indisponibles chaque année sur le marché français (et aussi chez nos voisins européens), en ville comme à l’hôpital, et parfois cela dure longtemps.
Pourquoi ces ruptures de stocks ?
- Un marché devenu très vaste :
D’abord en raison de l’organisation du système de soin au niveau mondial. La matière première vient majoritairement d’Asie et la plupart des médicaments ne sont plus fabriqués désormais sur le territoire français, ou même européen, mais en Chine et en Inde. Nous sommes donc dépendants des aléas de production en Asie. Si l’offre diminue, par manque de matières premières (comme cela a été le cas pour les extraits thyroïdiens) ou par défaut dans la production (pour un vaccin, par exemple), il n’est plus possible de livrer tout le monde dans les temps. - Un marché trop tendu :
La production se fait à flux tendu. Or il faut compter de quelques semaines à plus d’un an entre la commande et la livraison d’un médicament. Il suffit que la demande augmente dans un autre pays, ou que sur notre territoire un traitement concurrent soit indisponible pour que, mécaniquement, les stocks s’effondrent. - La prime au marché le plus juteux :
Il arrive que certains arrêts de fabrication soient « programmés » par des laboratoires qui jugent certains médicaments « pas assez rentables ». Une sorte de mesure de rétorsion inavouée après la baisse de prix d’un traitement par exemple. Les grossistes sont alors tentés de privilégier le marché qui rapporte le plus, dans un pays voisin – comprenez celui où le médicament est vendu le plus cher. « La loi de santé qui vient d’être votée interdit d’ailleurs aux grossistes d’exporter des médicaments « d’intérêt thérapeutique majeur » dont les stocks sont insuffisants et c’est une bonne chose », note Eric Baseillac, directeur des affaires économiques et internationales du Leem (les entreprise du médicament).
Que faire quand ça nous arrive ?
- S’informer pour savoir s’il s’agit d’un problème ponctuel ou durable :
Les pharmaciens disposent d’un « dossier pharmaceutique de rupture » qui recense et explique les ruptures de stock. L’ANSM (l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) indique sur son site, un certain nombre de rupture d’approvisionnement. C’est encore insuffisant selon la revue « Prescrire » qui réclame davantage d’informations en direction des patients et des médecins, et une mobilisation des pouvoirs publics, les seuls à pouvoir obliger les firmes à anticiper ces ruptures de stock et à proposer des alternatives. - Contourner la pénurie en utilisant une molécule équivalente
Le pharmacien, en accord avec le médecin prescripteur, recherche une alternative. Les produits de substitution disponibles à un moment précis demanderont parfois d’adapter les doses ou la posologie du nouveau médicament. Pensez à indiquer la totalité des traitements que vous prenez pour éviter les risques d’interactions médicamenteuses et signalez tout effet indésirable au pharmacien ou au médecin sans tarder. - Eventuellement se tourner vers l’hôpital ou un pays voisin pour trouver une solution de remplacement.
Il arrive que rien ne marche. L’exemple le plus criant aujourd’hui est l’absence de Mantadix, ce traitement indispensable aux malades de Parkinson, indisponible depuis des mois. Avec des conséquences très négatives sur l’état de santé des malades qui n’ont pas réussi à avoir accès aux traitements de remplacement … Eux aussi en rupture de stock !!
Article d’Agnès Duperrin et Isabelle Duranton du 20/04/15 modifié le 10/08/15
et relevé dans « Notre Temps Santé ».
Par Françoise Vignon
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