Le tiers : la personne de confiance s’immisce dans la consultation. Les enjeux de la communication avec un tiers
Publié le 27 octobre 2015 à 18:27Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°62
La présence d’une personne de confiance, d’un tiers, lors d’une consultation, est avant tout un droit. La « loi Kouchner »(1) précise que « toute personne majeure peut désigner une personne de confiance qui peut être un parent, un proche ou le médecin traitant, et qui sera consultée au cas où elle-même serait hors d’état d’exprimer sa volonté et de recevoir l’information nécessaire à cette fin. Si le malade le souhaite, la personne de confiance l’accompagne dans ses démarches et assiste aux entretiens médicaux afin de l’aider dans ses décisions ».
L’intrusion de ce tiers change cependant la donne dans la relation médecin-patient. Pour être fluide, la communication doit être individuelle. Or, en présence d’une tierce personne, elle devient plurielle. La nature même de la communication s’en trouve remise en cause. Il existe une parade. « Placer de manière systématique le patient au centre de la relation thérapeutique reste nécessaire sans pour autant rejeter la parole du proche, en la prenant au contraire en compte et même en la suscitant », tempère le docteur Alain Campan, spécialiste en communication médicale, expert au sein de l’AFML*.
Des écueils à éviter
Pour autant, il ne s’agit aucunement de laisser la fille, le fils, le conjoint, la mère… occuper toute la place. Souvent, le tiers se pose en porte-parole, vu que s’exprimer à la place de la personne fait partie des attributions de la famille. Dans d’autres cas, le mari ou l’épouse peut être naturellement anxieux ou en souffrance en ce qui concerne la maladie et/ou l’avenir du couple. Cette communication non verbale doit donc être prise en compte par le médecin pour gérer au mieux sa consultation. Il s’agira aussi, autant que possible, d’éviter d’ignorer le proche lorsqu’il s’exprime, ou de le remettre brutalement à sa place. « Pas question non plus d’infantiliser le patient dans la consultation, sous prétexte qu’il vient accompagné, ou d’adopter cette attitude avec son proche, en plaçant l’un en état de régression par rapport à l’autre. Mieux vaut accorder une place égale aux deux interlocuteurs », conseille le Dr Campan. Bref, la vigilance s’impose.
Respecter la personne de confiance
Lorsque la personne de confiance(2) s’exprime, le médecin devra la prendre en considération en lui répondant par une formule du style « je comprends que vous soyez préoccupé ». Et si ce dernier pose des questions, y répondre mais, tout de suite après, s’adresser au patient en le sollicitant pour lui demander ce qu’il en pense. Si un médecin interroge le patient et que la tierce personne répond à sa place, il suffira souvent de le recadrer de façon ferme, mais bienveillante en quelques mots comme je vais écouter ce que dit votre femme ou votre fille (en l’occurrence le patient), c’est important que je l’écoute” ».
Mais il n’est pas toujours aisé de « voir le patient seul, lorsqu’il vient en couple ou accompagné d’un de ses parents si c’est un adolescent. Mieux vaut alors s’appuyer sur la déontologie médicale, sur le secret médical ; il ne faut pas hésiter à le mettre en avant pour demander au tiers de se retirer un moment dans la salle d’attente, et d’aller le chercher avant la fin de la consultation », poursuit le spécialiste en communication médicale.
Cet échange, seul à seul, pourra donner l’occasion au médecin de demander au malade s’il préfère revenir, à la prochaine consultation, seul ou bien accompagné. Car le patient n’osera pas forcément exprimer ses désirs. Ce sera donc au médecin de poser la question. En consultation, un principe reste immuable : parler en présence du malade même si c’est d’Alzheimer. Autre geste symbolique à respecter : remettre l’ordonnance au patient, même très malade, et non à la personne de confiance. Dans ces cas-là, la présence du proche se révélera très utile car le patient ne sera pas capable de comprendre et de retenir toutes les informations dispensées par le médecin. Mais, même dans ces situations, le malade reste au centre de la consultation.
Référence :
(1) Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, Art. L. 1111 – 7 du Code de la santé publique.
(2) Conseil national de l’Ordre des médecins. Dr Irène Kahn-Bensaude. La personne de confiance. Rapport adopté lors de la session du CNOM du 8 octobre 2010.
Lu dans le Quotidien du Médecin par Renée Dufant
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