Ne pas être qu'un "patient" ...

Les impériosités urinaires

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT N°38 – septembre 2009 

1. Intro­duc­tion
Les troubles urinaires sont fréquents au cours de la mala­die de Parkin­son. Ces troubles peuvent appa­raître dès le début de la mala­die et parti­ci­per au diag­nos­tic neuro­lo­gique initial, mais cela est assez rare. Par contre, ils appa­raissent souvent alors que la mala­die est déjà instal­lée, à un âge où on peut obser­ver chez le patient, diffé­rentes patho­lo­gies urolo­giques, comme l’adénome de la pros­tate chez l’homme ou une carence hormo­nale chez la femme. La possi­bi­lité de diffé­rentes patho­lo­gies pose un problème diag­nos­tic de la compé­tence de l’urologue.
Les troubles urinaires au cours de la mala­die de Parkin­son sont variés. La dysurie (diffi­culté à uriner), voire la réten­tion chro­nique sont assez rares. Le plus souvent, le patient se plaint d’incontinence urinaire.
L’incontinence urinaire se défi­nit par une perte acci­den­telle ou invo­lon­taire d’urine. Ce trouble est large­ment répandu, puisque les spécia­listes s’accordent pour esti­mer à 3 Millions en France (3/​4 sont des femmes), le nombre de personnes sujettes à des épisodes d’incontinence urinaire, lors de la miction (miction = action d’uriner).

Il y a plusieurs formes d’incontinence urinaire (urinaire d’effort, urinaire par urgences miction­nelles, urinaire mixte).

Nous verrons ulté­rieu­re­ment que l’incontinence urinaire par urgences miction­nelles peut être d’origine Parkin­so­nienne. Dans la suite de ce texte, nous ne parle­rons désor­mais que de ce type d’incontinence qui peut se défi­nir ainsi :
« L’incontinence urinaire par urgences miction­nelles est carac­té­ri­sée par une fuite invo­lon­taire d’urine, accom­pa­gnée ou immé­dia­te­ment précé­dée d’un besoin urgent et irré­pres­sible d’uriner abou­tis­sant à une miction ne pouvant être retenue ».
Les termi­no­lo­gies d’incontinence par impé­rio­sité ou d’impériosité urinaire (IU) sont aussi utilisées.

2. Descrip­tion et fonc­tion­ne­ment de l’appareil urinaire

Tout d’abord, on trouve les reins qui filtrent et épurent le sang et produisent l’urine. L’urine sort des reins et s’écoule en perma­nence, via les uretères, vers la vessie. La vessie est reliée à l’orifice urinaire par un tuyau, l’urètre, long chez l’homme, plus court chez la femme. 

La vessie comprend 2 parties :

  • la partie supé­rieure appe­lée « dôme vési­cal » ou « dôme de la vessie » : Le dôme vési­cal est très élas­tique et permet à la vessie de jouer un rôle de réser­voir d’urine entre chaque miction. Il contient un muscle puis­sant, le détru­sor qui en se contrac­tant lors de la miction évacue l’urine vers l’orifice urinaire. 
  • La partie infé­rieure appe­lée « col vési­cal » : il est le point de départ de l’urètre. Il est consti­tué par 2 muscles en forme d’anneau, les sphinc­ters urétraux, interne et externe, dont le rôle est d’empêcher l’urine de sortir de la vessie. Ces sphinc­ters interne et externe sont ouverts pendant la miction et fermés en dehors de la miction (ils fonc­tionnent comme des robinets).

Comment fonc­tionnent norma­le­ment la vessie et l’urètre ? Le fonc­tion­ne­ment de la vessie comprend 2 phases : une phase de remplis­sage et une phase de vidange.

La phase de vidange est déclen­chée volon­tai­re­ment par la personne qui décide d’uriner. L’ordre part du cerveau et entraîne les actions suivantes simul­ta­nées et cordonnées :

  • les 2 sphinc­ters se relâchent et s’ouvrent comme des robi­nets pour permettre à l’urine de sortir de la vessie, vers l’urètre
  • le détru­sor se contracte vigou­reu­se­ment et chasse l’urine ver l’urètre et l’office urinaire
  • la contrac­tion du détru­sor empêche l’urine de remon­ter vers les reins

Après la miction, le détru­sor se relâche et les sphinc­ters se ferment.
Quand le fonc­tion­ne­ment de l’appareil est normal, comme il vient d’être décrit, il y a de 4 à 8 mictions par jour et géné­ra­le­ment aucune la nuit.

3. Impé­rio­sité urinaire

Que se passe-​t-​il, en cas d’impériosité urinaire ?
La personne atteinte éprouve bruta­le­ment et sans aver­tis­se­ment préa­lable le besoin impé­rieux d’uriner. Ce besoin doit être satis­fait et ne peut être différé que de quelques dizaines de secondes, quel­que­fois après avoir mouillé ses sous vête­ments, son panta­lon ou sa jupe ! Cela oblige la victime à étudier ses dépla­ce­ments et ses sorties du domi­cile en repé­rant à l’avance les toilettes et consti­tue un handi­cap fami­lial, social et professionnel.
De plus, pour le Parkin­so­nien atteint d’akinésie, se lever la nuit en toute hâte, en cas d’impériosité, accroît le risque de chutes, pouvant entraî­ner des fractures.

Quelles sont les causes de l’impériosité ?

Les causes en sont des contrac­tions anor­males du détru­sor, alors que la vessie est peu remplie. Les sphinc­ters urétraux sont fermés, mais la pres­sion dans la vessie, en raison de la contrac­tion du détru­sor, devient supé­rieure à la pres­sion des sphinc­ters. Alors les sphinc­ters s’ouvrent et l’urine sort vers l’urètre. Cette miction se fait de façon invo­lon­taire et par ailleurs peut être favo­ri­sée par des stimuli (eau qui coule, clé dans une porte …). On constate une augmen­ta­tion du nombre de mictions par jour et par nuit (parfois le double). On parle parfois d’« hyper­ac­ti­vité vési­cale » et aussi de « vessie hyperactive ». 

Comment expli­quer la contrac­tion anor­male du détrusor ?
La contrac­tion du détru­sor est sous la dépen­dance de récep­teurs (appe­lés récep­teurs musca­ri­niques) conte­nus dans la paroi de la vessie. La contrac­tion du détru­sor se produit, lorsqu’une molé­cule appe­lée acétyl­cho­line, libé­rée par des neurones et trans­mise à la vessie par le nerf para­sym­pa­thique, se fixe au niveau des récep­teurs muscariniques.
Chez une personne non incon­ti­nente, la molé­cule acétyl­cho­line est libé­rée sous commande du cerveau, lorsque l’envie d’uriner se fait ressen­tir. La contrac­tion du détru­sor est comman­dée et la miction est contrôlée.
Chez une personne atteinte d’impériosité urinaire, la molé­cule acétyl­cho­line est libé­rée par le cerveau, sans contrôle conscient et volon­taire de la personne, d’où des mictions incontrôlées.
L’impériosité urinaire, dans ce cas, a donc une raison neuro­lo­gique, et se retrouve par exemple chez les patients atteints de la sclé­rose en plaques ou de la mala­die de Parkinson.

On notera toute­fois que l’impériosité urinaire peut aussi avoir d’autres causes, par exemple des causes urolo­giques, comme les irri­ta­tions de la muqueuse vési­cale, dues à des cystites.

4. Les trai­te­ments médicamenteux
Parmi les diffé­rents types d’incontinence, seule l’incontinence urinaire par impé­rio­sité béné­fi­cie de médi­ca­ments effi­caces pour son traitement.
On a vu comment la molé­cule acétyl­cho­line est émise de façon intem­pes­tive, puis captée par les récep­teurs musca­ri­niques, provoque la contrac­tion du détru­sor. Le rôle des médi­ca­ments sera donc de bloquer les récep­teurs musca­ri­niques et ainsi de dimi­nuer la capa­cité de la vessie à se contracter.
Les médi­ca­ments les plus utili­sés sont les anticholinergiques/​ anti­spas­mo­diques. Tous ces médi­ca­ments utili­sés dans le trai­te­ment de l’hyperactivité vési­cale agissent comme anta­go­nistes des récep­teurs choli­ner­giques musca­ri­niques, à l’origine des contrac­tions du détrusor.

Les médi­ca­ments les plus utili­sés courants sont le Tros­pium (Ceris) et l’Oxybutynine. Tous ces médi­ca­ments présentent des effets indé­si­rables (séche­resse buccale, maux de tête …), ainsi que des contre-​indications (risque de glau­come avec ferme­ture de l’angle).

5. Consul­ter un urologue

Le patient parkin­so­nien au fur et mesure de l’évolution de sa mala­die consulte ‚après son méde­cin géné­ra­liste, tout d’abord un neuro­logue, puis assez rapi­de­ment après la confir­ma­tion des premiers troubles Parkin­so­niens et l’annonce du diag­nos­tic, un kiné­si­thé­ra­peute et un orthophoniste.

Les troubles urinaires n’apparaissent géné­ra­le­ment pas tout de suite, et le parkin­so­nien n’éprouve donc pas la néces­sité de consul­ter un urologue. Le sujet des troubles urinaires est tabou pour beau­coup de personnes qui préfèrent ne pas en parler. Plus de la moitié des personnes atteintes garde le silence. Ce compor­te­ment est très domma­geable, car à partir d’un certain âge, le risque de surve­nue de patho­lo­gies urolo­giques, d’origine ou non Parkin­so­nienne, croit rapidement.

Quand se mani­feste chez le Parkin­so­nien un trouble urinaire, quel qu’il soit, il faut en parler à son géné­ra­liste et au neuro­logue et consul­ter un urologue. L’urologue a la compé­tence et les moyens tech­niques pour analy­ser le problème et propo­ser des solutions. 

Par ailleurs, parler d’un trouble urinaire, par exemple de ses impé­rio­si­tés urinaires, à son entou­rage fami­lial reste encore un sujet tabou pour beau­coup de personnes. En parler sobre­ment permet pour­tant de suppri­mer bien des incompréhensions.

Pour conclure, il serait souhai­table, à partir d’un certain âge, par exemple 60 ans de consul­ter par préven­tion un urologue (éven­tuel­le­ment un gyné­co­logue pour les femmes).

Enfin, la consul­ta­tion d’un urologue est indis­pen­sable en cas de surve­nue de troubles urinaires, comme les impé­rio­si­tés urinaires,

Biblio­gra­phie :

  • Site Inter­net de Sphère Santé.
  • L’incontinence urinaire par le docteur Dahan, urologue à Paris. 

Proposé par Jean Pierre LAGADEC

9 Commentaires Cliquer ici pour laisser un commentaire

  1. Où trou­ver la spiru­line fran­çaise et qu’a t elle de particulier ?
    Aussi:agit elle seule­ment sur les mictions impé­rieuses ou bien agit elle sur d’autres symp­tômes de parkin­son (mon conjoint en est atteint ‚pour l’ins­tant pas de trt ‚mais il souffre de fatigue chro­nique ‚constipation,insomnies .….). Sa mala­die a été diag­nos­ti­quée en novembre 2016,il a 74 ans . A cette période, il n’avait que degs trem­ble­ments du pied ‚mais depeuis février 2017,de nouveaux symp­tomes sont appa­rus. Il voudrait éviter les trts chimiques en tout cas pour l’instant .

    Commentaire by Ratiba Guelouet-Bellouti — 22 avril 2017 #

  2. Bonjour !
    En juillet 2010, j’écri­vais que j’avais essayé sans succès Ceris ‚puis Ditro­pan. J’avais trouvé trés peu d’amélioration.
    En juillet 2011, mon urologue m’a pres­crit Vési­care ..et miracle, ce médi­ca­ment me convient tout à fait!Depuis 2 mois que je le prend , je n’ai été victime d’au­cun cas d’im­pé­rio­sité urinaire. Pourvu que cela dure !
    La poso­lo­gie est de 1 cp de 5mg par jour

    Commentaire by Jean Pierre Lagadec — 28 septembre 2011 #

  3. Bonjour — je suis déso­lée mais je ne puis rien vous propo­ser, seul le méde­cin de votre maman peut lui venir en aide. Il ne faut pas avoir peur de lui en parler, il a l’ha­bi­tude de genre de problème et il est le seul qui peut trou­ver la solu­tion — bien amica­le­ment — E. Six

    Commentaire by GP29 — 1 août 2011 #

  4. Ma mère vient d’ap­prendre qu’elle était atteinte de la mala­die de Parkin­son . Elle a 75 ans et souffre d’in­con­ti­nence impor­tante. Le problème c’est qu’il ne s’agit ni d’in­con­ti­nence urinaire à l’ef­fort , ni d’im­pé­tuo­sité urinaire:c’est juste que la plupart du temps , elle ne se rend pas compte quand elle urine. Existe-​t-​il une solu­tion ? Merci car elle vit très mal la situation.

    Commentaire by newlove — 30 juillet 2011 #

  5. Bonjour Crehange,
    j’ai été opérée (pose de bande­lettes) il y a dix ans pour une incon­ti­nence urinaire à l’ef­fort (diag­nos­tic initial) et cela s’est trés bien passé, avec une simple anes­thé­sie locale.
    Le diag­nos­tic Parkin­son a été fait 8 ans après (il y a donc 2 ans) : pour l’ins­tant, je n’ai plus ( ou pas encore à nouveau) de souci sur ce plan là.
    A l’époque, il m’avait fallu rester 6 semaines sans réelle acti­vité de marche …mais cela avait été un réel soul­ge­ment après !!!!!
    Bon courage !

    Commentaire by marie-paule — 25 juillet 2010 #

  6. Impé­rio­sité urinaire. Mon mari a été diag­nos­ti­qué Parkin­son en 2005. Il consomme 20 grammes de spiru­line fran­çaise ( très pure, en brin­dilles ) chaque matin. Aucun effet indé­si­rable. Cela permet de solu­tion­ner le problème. Est- ce la pana­cée ????cela fonc­tionne bien pour mon mari. Si vous souhai­tez d’autres indi­ca­tions nous restons à votre disposition.

    Sylvie

    Commentaire by SYLVIE — 24 juillet 2010 #

  7. Bonjour Crehange,
    Dans l’ar­ticle de septembre 2009, je n’avais pas parlé de l’in­con­ti­nence urinaire d’ef­fort (que je ne connais pas ) et seule­ment de l’in­con­ti­nence par urgences miction­nelles qui est plus carac­té­ris­tique du Parkinsonien.
    Sur ce point, je peux vous conseiller la lecture d’un article d’ori­gine québé­coise publié dans le bulle­tin du centre d’in­for­ma­tion sur le médicament
    Le site s’ap­pelle http://www.ciminfo.org .L’ar­ticle de 2008 traite des nouveaux anti­cho­li­ner­giques. Si vous ne trou­vez pas, je vous l’en­ver­rais par mail.
    J’ai déja essayé le Ceris et le Drito­pan, sans grande efficacité!Il faut que l’uro­logue me trouve autre chose !

    Commentaire by JP Lagadec — 8 juillet 2010 #

  8. Pour le problème de mictions impé­rieuses je prends 15g de brin­dilles de Spiru­line (FRANCAISE) avec d’as­sez bons résultats.

    Commentaire by SYLVIE — 5 juillet 2010 #

  9. Bjr
    je souhai­te­rais connaître les consé­quences pour une parkin­son­nienne d’une inter­ven­tion chirur­gi­cale visant à remé­dier à une incon­ti­nence urinaire à l’ef­fort (en l’oc­cur­rence, proba­ble­ment pose de bande­lettes en un 1er temps). Si le pk est la prin­ci­pale cause, faudra-​t’il ré-​opérer quelques années après ? Quel type d’anes­thé­sie privilégier ?
    Disposez-​vous d’un « retour » sur les inter­ven­tions chirur­gi­cales dans ce domaine et dans un contexte pk ?

    2ème ques­tion : tjrs dans le contexte pk, quel type de remède privi­lé­gier cc l’ur­gen­tu­rie ? Le DITROPAN p ex a des effets secon­daires très désagréables.

    merci d’avance des réponses ou orien­ta­tions que vous pour­rez m’apporter !

    Commentaire by crehange — 2 juillet 2010 #

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