Ne pas être qu'un "patient" ...

Programme troubles affectifs dans la maladie de Parkinson

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT N°38 – septembre 2009 

Clinique de l’Humeur de l’hôpital de Quimperlé 
Actuel­le­ment, il est clas­sique de décrire la mala­die de Parkin­son idio­pa­thique comme l’association de signes moteurs et de signes non moteurs. Si les signes moteurs sont bien connus, lenteur d’initiation et d’exécution des mouve­ments, rigi­dité muscu­laire et trem­ble­ment asymé­trique ; les signes non-​moteurs commencent à être mieux pris en compte, au premier rang desquels se trouvent asso­ciés à des signes diges­tifs, urinaires, des signes neuro­psy­chiques compre­nant des phases dépres­sives majeures, mineures, des moments d’anxiété, des troubles de la person­na­lité, des hallu­ci­na­tions visuelles, parfois des troubles du sommeil ou l’apathie fréquem­ment rencontrée.

Le programme conçu par la Clinique de l’Humeur de l’hôpital de Quim­perlé pour les patients présen­tant une mala­die de Parkin­son idio­pa­thique pose l’hypothèse d’une rela­tion entre les signes non-​moteurs et les signes moteurs avec un double objectif : 

  • Premiè­re­ment d’améliorer voire de préve­nir des signes non-​moteurs de type neuro­psy­chiques en parti­cu­lier l’anxiété, la dépres­sion parfois l’apathie,
  • Deuxiè­me­ment de pouvoir propo­ser à partir de ce travail psychique un trai­te­ment physique amélio­rant l’efficience des séquences motrices en complé­ment de la pharmacologie.

Ce programme se déroule les jeudis en 2 séances sur une période de 8 semaines. La première séance comprend un atelier dit de Pratique Corpo­relle Constructiviste. 

A partir d’une redé­cou­verte de l’espace corpo­rel, l’espace péri­cor­po­rel est investi par des séquences de mouve­ments sans exer­cer sa force, souples et ryth­més par l’inspiration et l’expiration. Ces mouve­ments ne se font pas contre résis­tance de façon à pouvoir être enchaî­nés, fluides : un premier mouve­ment est décou­vert, puis un second, puis un troi­sième et ensuite l’ensemble de ces trois mouve­ments sont enchaî­nés sans pause. Ils sont réali­sés dans un rythme proposé par les deux temps de la respi­ra­tion : l’inspiration et l’expiration.

En effet la deuxième séance propo­sée de mind­ful­ness, c’est-​à-​dire de pleine conscience, permet d’apprendre aux sujets la médi­ta­tion centrée sur la respi­ra­tion et la possi­bi­lité de mobi­li­ser par un acte volon­taire toute son atten­tion dans l’instant présent. Cette possi­bi­lité de mobi­li­ser toute son atten­tion dans l’instant présent permet l’amélioration de l’acte moteur et pour certains patients, comme l’expérience a pu nous le démon­trer, la possi­bi­lité même d’un déblocage. 

Ces deux séances sont aussi l’occasion de discu­ter avec les théra­peutes compre­nant un infir­mier psychia­trique, un psycho­mo­tri­cien, un psychiatre et un psycho-​gériatre, de nombreux échanges sur la physio­pa­tho­lo­gie, sur la gestion des émotions, sur la compré­hen­sion des signes cliniques et en parti­cu­lier sur l’apathie, syndrome gênant qui ne permet pas au sujet de débu­ter un acte moteur complexe dirigé vers un but.

La possi­bi­lité pour le sujet de se posi­tion­ner en pleine conscience (mind­ful­ness) lui permet de mobi­li­ser toutes ses capa­ci­tés atten­tion­nelles pour exploi­ter ses capa­ci­tés motrices du moment au mieux, en parti­cu­lier dans des actes moteurs complexes et diri­gés par un but. 

Ce premier groupe de 5 patients, les aidants natu­rels étant conviés aux séances de mind­ful­ness, a permis de mettre en évidence l’ensemble des béné­fices de cette approche, béné­fices moteurs puisque certains ont dimi­nué leur trai­te­ment phar­ma­co­lo­gique et béné­fices psycho­lo­giques, non seule­ment sur la possi­bi­lité nouvelle de mieux s’investir dans un certain nombre d’activité, mais aussi de pouvoir s’inscrire dans une démarche de bien être avec, ou malgré, la mala­die de Parkin­son idiopathique.

C’est donc un message plein d’espoir qui nous porte à propo­ser le déve­lop­pe­ment de ce programme avec les aidants, et les asso­cia­tions de familles et de patients. 

Docteur B. PLACINES, Docteur T. BONVALOT — Joël ROULLEAUX, Gwénola MELAINE, Brigitte CONAN, Pierre VIGIER, Céline VIGIER, Armelle CORDIER

Témoi­gnage de Didier qui a parti­cipé au programme de soins « troubles affec­tifs et mala­die de Parkin­son » à Quim­perlé dans le Finistère :

Au début des cours pratiques à la «   clinique de l’humeur  », à Quim­perlé, rien ne bougeait. Mon compor­te­ment était toujours le même : réac­tion néga­tive, sans moti­va­tion, manque de confiance en moi. J’étais le plus souvent dans le refus.

Je peux témoi­gner. Au fil des cours, diffé­rents points ont changé.

J’ai pris conscience de ma respi­ra­tion. J’ai appris à écou­ter mon corps, à être dans le moment présent, à être libre, à ne pas refu­ser les diffé­rents mouve­ments, à me dire que tout cela est bon pour moi.

Je bouge beau­coup plus, j’essaie de ne pas me préci­pi­ter, de ne pas vouloir faire plusieurs choses en même temps, de me redres­ser, de marcher la tête haute, d’être moi-​même, de respi­rer plei­ne­ment. J’ai aussi appris à analy­ser pour­quoi je disais non, à ne plus être mal à l’aise.

J’ai trouvé dans ce programme de soins une moti­va­tion pour essayer de briser cette muraille que je dresse entre les gens et moi. Ces cours m’ont fait du bien .D’être partant m’a surpris.

Je me libère de cette peur qui est en moi. Je me dis : vis, respire plei­ne­ment pour toi parmi les autres, pour ton bien être… dans la bonne humeur.
Didier N

Si vous dési­rez vous inscrire dans le « Programme Troubles Affec­tifs dans la mala­die de Parkin­son » prenez contact en appe­lant le : 02 98 96 63 51

1 Commentaire Cliquer ici pour laisser un commentaire

  1. […] des ateliers de « pratique corpo­relle construc­ti­viste » et de « Mind­ful­ness » ou de pleine conscience fonc­tionnent depuis le 23 Avril (voir article page 15). […]

    Ping by Groupe Parkinson 29 » GP29 – Association des parkinsoniens du Finistère — 26 septembre 2009 #

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