Programme troubles affectifs dans la maladie de Parkinson
Publié le 26 septembre 2009 à 08:18Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT N°38 – septembre 2009
Clinique de l’Humeur de l’hôpital de Quimperlé
Actuellement, il est classique de décrire la maladie de Parkinson idiopathique comme l’association de signes moteurs et de signes non moteurs. Si les signes moteurs sont bien connus, lenteur d’initiation et d’exécution des mouvements, rigidité musculaire et tremblement asymétrique ; les signes non-moteurs commencent à être mieux pris en compte, au premier rang desquels se trouvent associés à des signes digestifs, urinaires, des signes neuropsychiques comprenant des phases dépressives majeures, mineures, des moments d’anxiété, des troubles de la personnalité, des hallucinations visuelles, parfois des troubles du sommeil ou l’apathie fréquemment rencontrée.
Le programme conçu par la Clinique de l’Humeur de l’hôpital de Quimperlé pour les patients présentant une maladie de Parkinson idiopathique pose l’hypothèse d’une relation entre les signes non-moteurs et les signes moteurs avec un double objectif :
- Premièrement d’améliorer voire de prévenir des signes non-moteurs de type neuropsychiques en particulier l’anxiété, la dépression parfois l’apathie,
- Deuxièmement de pouvoir proposer à partir de ce travail psychique un traitement physique améliorant l’efficience des séquences motrices en complément de la pharmacologie.
Ce programme se déroule les jeudis en 2 séances sur une période de 8 semaines. La première séance comprend un atelier dit de Pratique Corporelle Constructiviste.
A partir d’une redécouverte de l’espace corporel, l’espace péricorporel est investi par des séquences de mouvements sans exercer sa force, souples et rythmés par l’inspiration et l’expiration. Ces mouvements ne se font pas contre résistance de façon à pouvoir être enchaînés, fluides : un premier mouvement est découvert, puis un second, puis un troisième et ensuite l’ensemble de ces trois mouvements sont enchaînés sans pause. Ils sont réalisés dans un rythme proposé par les deux temps de la respiration : l’inspiration et l’expiration.
En effet la deuxième séance proposée de mindfulness, c’est-à-dire de pleine conscience, permet d’apprendre aux sujets la méditation centrée sur la respiration et la possibilité de mobiliser par un acte volontaire toute son attention dans l’instant présent. Cette possibilité de mobiliser toute son attention dans l’instant présent permet l’amélioration de l’acte moteur et pour certains patients, comme l’expérience a pu nous le démontrer, la possibilité même d’un déblocage.
Ces deux séances sont aussi l’occasion de discuter avec les thérapeutes comprenant un infirmier psychiatrique, un psychomotricien, un psychiatre et un psycho-gériatre, de nombreux échanges sur la physiopathologie, sur la gestion des émotions, sur la compréhension des signes cliniques et en particulier sur l’apathie, syndrome gênant qui ne permet pas au sujet de débuter un acte moteur complexe dirigé vers un but.
La possibilité pour le sujet de se positionner en pleine conscience (mindfulness) lui permet de mobiliser toutes ses capacités attentionnelles pour exploiter ses capacités motrices du moment au mieux, en particulier dans des actes moteurs complexes et dirigés par un but.
Ce premier groupe de 5 patients, les aidants naturels étant conviés aux séances de mindfulness, a permis de mettre en évidence l’ensemble des bénéfices de cette approche, bénéfices moteurs puisque certains ont diminué leur traitement pharmacologique et bénéfices psychologiques, non seulement sur la possibilité nouvelle de mieux s’investir dans un certain nombre d’activité, mais aussi de pouvoir s’inscrire dans une démarche de bien être avec, ou malgré, la maladie de Parkinson idiopathique.
C’est donc un message plein d’espoir qui nous porte à proposer le développement de ce programme avec les aidants, et les associations de familles et de patients.
Docteur B. PLACINES, Docteur T. BONVALOT — Joël ROULLEAUX, Gwénola MELAINE, Brigitte CONAN, Pierre VIGIER, Céline VIGIER, Armelle CORDIER
Témoignage de Didier qui a participé au programme de soins « troubles affectifs et maladie de Parkinson » à Quimperlé dans le Finistère :
Au début des cours pratiques à la « clinique de l’humeur », à Quimperlé, rien ne bougeait. Mon comportement était toujours le même : réaction négative, sans motivation, manque de confiance en moi. J’étais le plus souvent dans le refus.
Je peux témoigner. Au fil des cours, différents points ont changé.
J’ai pris conscience de ma respiration. J’ai appris à écouter mon corps, à être dans le moment présent, à être libre, à ne pas refuser les différents mouvements, à me dire que tout cela est bon pour moi.
Je bouge beaucoup plus, j’essaie de ne pas me précipiter, de ne pas vouloir faire plusieurs choses en même temps, de me redresser, de marcher la tête haute, d’être moi-même, de respirer pleinement. J’ai aussi appris à analyser pourquoi je disais non, à ne plus être mal à l’aise.
J’ai trouvé dans ce programme de soins une motivation pour essayer de briser cette muraille que je dresse entre les gens et moi. Ces cours m’ont fait du bien .D’être partant m’a surpris.
Je me libère de cette peur qui est en moi. Je me dis : vis, respire pleinement pour toi parmi les autres, pour ton bien être… dans la bonne humeur.
Didier N
Si vous désirez vous inscrire dans le « Programme Troubles Affectifs dans la maladie de Parkinson » prenez contact en appelant le : 02 98 96 63 51
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