Speak Loud : orthophonie
Publié le 26 juin 2015 à 10:07Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°61
par J.P. Lagadec
Reconnu parkinsonien depuis l’an 2000, j’ai suivi une session de traitement de troubles de la parole selon le protocole LSVT… L’objectif était de traiter une dysarthrie Parkinsonienne. J’ai suivi un protocole LSVT qui s’est terminé en Février 2015 (16 + 6 séances).
Pourquoi le LSVT ?
Depuis longtemps, je m’étais intéressé au protocole LSVT. J’ai eu la possibilité de lire des documents des précurseurs du protocole, comme Lorraine Ramig et Cynthia Fox, ainsi que plusieurs articles de Mme Véronique Rolland Monnory. J’ai noté que le protocole, après son introduction aux Etats Unis, avait été agréé en France dès l’an 2000.
Poussé par mon épouse, qui comprenait de plus en plus difficilement ce que j’essayais de lui dire, j’ai décidé de suivre un traitement orthophonique et compte tenu de l’expérience de certains patients, j’ai cherché et trouvé une orthophoniste LSVT.
Chez l’orthophoniste
J’étais assez anxieux en commençant la première séance. J’ai souvent la voix éraillée et surtout, je ne suis vraiment pas musicien. La peur du ridicule s’ajoutait à mon stress Parkinsonien ordinaire. Mais je me suis vite adapté aux essais, à défaut de bien vocaliser ! Dès le début de la session, l’orthophoniste s’est attachée à vérifier mes capacités réelles de rééducation. Certains tests ont été effectués à plusieurs reprises :
- production du son Aaah….ou du son Oooh (sons forts et puissants) d’une façon continue, pendant 18 s. Mon niveau sonore après ces tests a atteint 98 dB et est resté toujours supérieur à 92 dB.
- détermination de la bande passante qui s’établit de 120 à 4.400 Hz.
Après toutes ces mesures, l’orthophoniste m’a proposé un programme de rééducation, à base de LSVT LOUD dont l’objectif est de pallier une importante hypophonie.
Je ne parle pas assez fort
On m’avait dit et redit que je ne parlais pas assez fort. Quand je prenais la parole en public, cela provoquait les réactions suivantes :
- quand je parlais, à mon avis normalement (état spontané), mes auditeurs se rapprochaient, tendaient l’oreille ou me faisaient répéter.
- quand j’élevais la voix, (état contraint) mes auditeurs paraissaient plus intéressés et satisfaits alors que j’avais l’impression de crier. Selon l’orthophoniste, il y a environ 15 dB entre les niveaux de parole précités.
Peu à peu, il m’a bien fallu admettre l’évidence : Je ne parle pas assez fort et selon l’orthophoniste, il me manque 15 dB.
Toutefois, j’ai été encore plus convaincu par le résultat du test suivant : une conversation spontanée entre l’orthophoniste et moi a été enregistrée, puis, nous l’avons réécoutée. La voix de l’orthophoniste est parfaitement audible et compréhensible. Par contre, ma voix est affaiblie et devient par instant tout à fait incompréhensible.
Les objectifs :
Durant toutes les séances, on a utilisé pour comparer les niveaux sonores une échelle en décibels (dB). On a les niveaux suivants :
- Le niveau de bruit sans parole dans le bureau est de 45 dB
- Niveaux de parole : en dessous de 50 dB Très Faible. De 50 à 65 Faible. De 65 à 80 Normal. De 80 à 95 Fort. Niveau au-dessus de 95 dB Très Fort.
Mon niveau (parole spontanée) estimé avant la session est de 50 à 55 dB. L’orthophoniste propose l’objectif à atteindre pour la fin de la session : 65 à 70 dB. Pour cela, le protocole LSVT préconise de parler FORT (LOUD), au-dessus de 80 dB.
Le cerveau ne finit pas tout son travail :
Nous avons fait à chaque séance avec le même leitmotiv (Speak Loud) de nombreux exercices d’expression orale, que je pourrais classer ainsi : lecture d’un texte dactylographié, résumé oral du texte, réponses à des questionnaires demandant une réflexion préalable (exemple : faire une phrase où le mot ferme est utilisé dans la même phrase comme nom, adjectif et verbe, etc.), conversations libres avec l’orthophoniste.
Dans le premier cas, la lecture étant automatique, le cerveau ne doit penser qu’à un seul objectif (speak loud) et il y arrive peu à peu. Dans tous les autres cas, le cerveau travaille à préparer une réponse et oublie souvent l’objectif au moment de répondre et le niveau vocal est faible.
Les incitations : les cues
Pendant tous ces exercices, l’orthophoniste à chaque forfait du cerveau me faisait des signes discrets pour m’inciter à parler plus fort. Le cerveau répond alors très vite à cette incitation (cue en anglais à prononcer kiou) et le niveau sonore remonte. Mais, pour toutes les circonstances où on n’a pas l’aide de l’orthophoniste, il faut imaginer ses cues personnels et les utiliser. Généralement, le principe d’un cue est de rappeler de temps à autre à la personne qu’il faut parler fort.
Premier exemple : dans la vie du Parkinsonien âgé, avec petits enfants, on est parfois amené à parler fort : J’ai encore perdu mes lunettes ! Les filles à table ! J’en ai marre de vos disputes ! Ces phrases doivent être prononcées fort et répétées aussi souvent que possible.
Deuxième exemple : les Tic de langage de vos interlocuteurs peuvent vous rappeler qu’il faut parler fort pour leur répondre. Tout le monde a des tics de langage. Moi aussi ! Et il est facile actuellement de repérer chez votre interlocuteur les « voilà » et les « du coup » les tics à la mode.
Et du coup, vous parlerez fort dès que vous aurez la parole. Voilà !
En conclusion :
- Après des premières séances difficiles, fatigantes sur le plan physique, mais surtout psychologique, j’ai eu le plaisir de faire des progrès. Selon mon orthophoniste, le protocole est pour elle, aussi, agréable à pratiquer.
- Nous avons atteint en séance à peu près l’objectif fixé.
- Ces résultats sont éphémères, et il faut que je continue à travailler, selon un programme de travail fourni par l’orthophoniste.
Pas encore de Commentaires Cliquer ici pour laisser un commentaire
Laisser un commentaire
Flux RSS des commentaires de cet article. Rétrolien URI
Propulsé par WordPress et le thème GimpStyle créé par Horacio Bella. Traduction (niss.fr).
Flux RSS des Articles et des commentaires.
Valide XHTML et CSS.