Ne pas être qu'un "patient" ...

L’Apomorphine (Apokinon®)

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°65

Per Os ou Voie sous-cutanée : 
La plupart des médi­ca­ments anti­par­kin­so­niens sont présen­tés sous forme de compri­més que le patient prend par la bouche (per os), qu’il s’agisse de L‑Dopa, d’agonistes dopa­mi­ner­giques, ou d’inhibiteurs. Un médi­ca­ment per os a l’avantage de ne pas être inva­sif. Il est facile à conser­ver et à employer même en voyage.

Mais, avant d’arriver à son point d’action, le médi­ca­ment doit tran­si­ter par le tube diges­tif (l’œsophage, l’estomac, le duodé­num et l’intestin), où il est en concur­rence avec les protéines de l’alimentation.

Les consé­quences en sont (par exemple pour la L‑Dopa) une perte impor­tante d’efficacité et des temps élevés de réponse (2 à 3 h pour la L Dopa). C’est pour­quoi la méde­cine s’est ingé­niée à recher­cher des médi­ca­ments plus effi­caces. Fina­le­ment le choix s’est porté sur l’Apomorphine, un puis­sant agoniste dont la déno­mi­na­tion commer­ciale est Apoki­non®. Il sera utilisé après injec­tion sous-cutanée. 

Un reve­nant
Il s’agit d’un médi­ca­ment très ancien décou­vert en 1870. Il a été utilisé pour ses quali­tés émétiques, puis en per os dans le trai­te­ment de la MPI jusqu’en 1967. C’est alors que furent redé­cou­vertes et exploi­tées ses proprié­tés dopa­mi­ner­giques. Utili­sée par voie sous- cuta­née, l’Apomorphine présente une struc­ture molé­cu­laire voisine de celle de la Dopa­mine et, tout comme elle stimule les récep­teurs D1 et D2.

Ses carac­té­ris­tiques phar­ma­co­ci­né­tiques sont tout à fait éton­nantes. Par exemple : la dispo­ni­bi­lité par voie sous- cuta­née est de 100% contre 2% per os avec une absorp­tion complète et une concen­tra­tion maxi­male atteinte en 8 minutes. La durée moyenne de vie est de 34 minutes.

De telles perfor­mances font que l’Apomorphine est deve­nue le médi­ca­ment le plus effi­cace pour le trai­te­ment des cas diffi­ciles, comme celui des phases off.

Pour injec­ter l’apomorphine au patient on dispose d’une pompe à Apomor­phine, ou d’un stylo à Apomor­phine Il n’y a pas d’accoutumance au produit, la dose restant fixe dans le temps. Pour éviter les vomis­se­ments, le patient est traité au Dompe­ri­done 2 à 3 jours avant l’injection. Enfin, rappe­lons que l’Apomorphine ne doit pas être confon­due en raison d’une regret­table homo­ny­mie, avec la morphine. 

La pompe à Apomorphine
Ses indi­ca­tions sont les suivantes : fluc­tua­tions impor­tantes, troubles de la déglu­ti­tion, attente de chirur­gie. Le liquide à injec­ter (apomor­phine diluée dans du sérum physio­lo­gique) est contenu dans une seringue de 20 ml. Cette seringue est action­née par une mini-​pompe portable et programmable.

La mise en service de la pompe est faite en milieu hospi­ta­lier (séjour de 10 jours envi­ron). Pendant ce séjour, la pompe sera program­mée selon les heures de la jour­née et de la nuit et selon les pres­crip­tions du neuro­logue. L’injection peut se faire sur le tronc ou sur les membres. Il est conseillé de chan­ger tous les 2 à 3 jours de point d’injection, afin d’éviter la forma­tion de nécroses.

Le patient se fami­lia­rise avec la pompe, qu’il pourra utili­ser seul, à sa sortie de l’hôpital. Si nnéces­saire, il pourra faire appel à une infir­mière ou à des socié­tés de services qui livrent le maté­riel et les accessoires.

Le Stylo à Apomorphine.
Le patient pourra aussi dispo­ser pour l’injection d’un appa­reil plus léger que la pompe. Avant utili­sa­tion, le patient aura appris à bien recon­naître les phases On et Off. Dès le début d’une phase Off, le patient ou son aide arme le ressort, pique en sous-​cutanée (abdo­men plutôt que cuisse) et appuie sur le bouton doseur. La dose choi­sie est alors injec­tée. Un même stylo permet de réali­ser plusieurs injec­tions (les aiguilles sont chan­gées après chaque injec­tion). Lorsque la cartouche est vide, le stylo est jeté. Pour la poso­lo­gie, on commence par une dose de 1 mg dont on évalue l’efficacité au bout de 30 minutes. En l’absence d’effet, on monte par palier de 1mg jusqu’à l’obtention d’un déblo­cage. Beau­coup de détails sont four­nis dans les ouvrages (voir les réfé­rences), que les lecteurs pour­ront consulter.

Réfé­rences :
La mala­die de Parkin­son de Luc Defebvre et Marc Vérin
La Mala­die de Parkin­son de Fabien Zagnoli et Fran­çois Rouhart 

Rédigé par Jean Pierre Laga­dec

In Wiki­pé­dia : Elle a été décou­verte tardi­ve­ment à l’état natu­rel dans le lotus bleu (nénu­phar), alors dési­gnée sous le nom de nuci­fé­rine (dont elle s’avéra en fait n’être qu’ap­pa­ren­tée et présente conjoin­te­ment), après son isola­tion plus ancienne dans les alca­loïdes déri­vés de la morphine. Son action émétique était connue et elle se forme notam­ment à partir de la morphine en cas de carbo­ni­sa­tion acci­den­telle de l’opium au cours de sa fabri­ca­tion. Elle ne possède cepen­dant pas le sque­lette morphi­nique et n’est donc pas un morphi­nique ni n’en présente les proprié­tés narco­tiques et anal­gé­siques, et ne provoque pas de syndrome de sevrage.

Sa fabri­ca­tion est simple et peu onéreuse, mais la recherche et le déve­lop­pe­ment autour de ses appli­ca­tions dans la mala­die de Parkin­son auraient un coût très impor­tant qui en expli­que­raient les prix, tout autant que par sa mise en faible concur­rence sur le marché des troubles de l’érec­tion et de la libido (plus de 10 euros le comprimé sublin­gual de 3 mg).

Lu par Jean Grave­leau

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