Ne pas être qu'un "patient" ...

Les pesticides une nouvelle fois mis en cause dans la maladie de Parkinson

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°71

Une récente étude montre que cette mala­die touche davan­tage les agri­cul­teurs et les rive­rains des terrains agri­coles, que le reste de la popu­la­tion. Quel est le point commun entre les agri­cul­teurs et les rive­rains des terrains agri­coles ? Ils ont un risque accru de déve­lop­per une mala­die de Parkin­son. Selon deux études récem­ment publiées par une équipe de cher­cheurs fran­çais, ces personnes ont un risque un peu plus élevé, respec­ti­ve­ment de 13% et 8,5%, d’être atteintes par cette mala­die neuro­dé­gé­né­ra­tive. Chez les agri­cul­teurs retrai­tés (60/​84 ans), cette diffé­rence est encore plus marquée, puis­qu’ils sont 18% de plus à souf­frir de la mala­die par rapport aux personnes de leur tranche d’âge. Les scien­ti­fiques pointent du doigt l’ex­po­si­tion élevée aux pesti­cides de ces popu­la­tions, dont certains sont connus pour leurs proprié­tés neuro­toxiques.

Mala­die profes­sion­nelle depuis 2012, l’ex­po­si­tion aux pesti­cides est d’ailleurs consi­dé­rée en France comme étant facteur de risque de la Mala­die de Parkin­son. La mala­die peut même être recon­nue comme une mala­die profes­sion­nelle des profes­sions agri­coles. Pour­tant, jusque récem­ment, aucune étude n’avait encore exploré l’in­ci­dence (le nombre de nouveaux cas par an) de cette mala­die chez les exploi­tants agri­coles en France.

C’est préci­sé­ment le sujet qu’a choisi d’étu­dier Sofiane Kab lors de sa thèse de Santé publique et d’épi­dé­mio­lo­gie. Son travail, réalisé en colla­bo­ra­tion avec des cher­cheurs de l’Ins­ti­tut natio­nal de la santé et de la recherche médi­cale (INSERM), a donné lieu à la publi­ca­tion de deux études dans des revues internationales.
Pour parve­nir à ces résul­tats, le jeune cher­cheur et ses collègues ont comparé les données de la Mutua­lité Sociale Agri­cole – MSA, un régime d’as­su­rance mala­die spéci­fique du monde agri­cole – avec celles des autres régimes de l’as­su­rance maladie.

« Il faut rester prudent, car la Mala­die de Parkin­son est multi­fac­to­rielle », met en garde le Dr Alexis Elbaz, neuro­logue, épidé­mio­lo­giste à l’IN­SERM et direc­teur de la thèse de Sofiane Kab. « Pour le moment, on peut seule­ment dire que la Mala­die de Parkin­son est un peu plus fréquente chez les agri­cul­teurs, proba­ble­ment à cause de leur expo­si­tion à des hauts niveaux de pesti­cides. Mais il existe peut-​être d’autres facteurs de risques ». Les données suggèrent égale­ment une possible asso­cia­tion, certes moins signi­fi­ca­tive que pour Parkin­son, avec la mala­die de Char­cot (égale­ment appe­lée sclé­rose laté­rale amyotrophique).

Le cas de la viticulture
Sofiane Kab et ses collègues sont allés encore plus loin en se deman­dant si une expo­si­tion non profes­sion­nelle à plus faible dose, telle qu’elle existe en milieu rural, jouait un rôle dans la surve­nue de Parkin­son. « La fréquence de cette mala­die, est effec­ti­ve­ment un peu plus élevée au sein des rive­rains qui vivent dans les cantons où il y a le plus de terres agri­coles, en parti­cu­lier, dans ceux où la propor­tion de terres agri­coles allouées à la viti­cul­ture est la plus impor­tante », explique Alexis Elbaz. La viti­cul­ture est l’une des cultures qui néces­site le plus de pesti­cide. « Mais ces résul­tats demandent à être confir­més par des études plus précises auprès des personnes », poursuit-​il, « et la mala­die de Parkin­son reste une mala­die peu fréquente et l’aug­men­ta­tion de risques obser­vée, est faible ».

C’est en 1983, qu’un lien entre la Mala­die de Parkin­son et les pesti­cides a été détecté pour la première fois, de façon tota­le­ment fortuite. Cette année-​là, la Cali­for­nie a fait face à une « épidé­mie » de syndromes parkin­so­niens surve­nue chez des jeunes toxi­co­manes. Ces derniers avaient tous consommé une drogue frela­tée par le MPTP, une neuro­toxine qui, en détrui­sant certains neurones, provoque les symp­tômes perma­nents de la Mala­die de Parkin­son. A l’époque, les scien­ti­fiques avaient remar­qué que la struc­ture du MPTP était très proche de celle d’un herbi­cide, le para­quat. Par la suite, de nombreuses études inter­na­tio­nales ont confirmé l’exis­tence d’un lien entre l’ex­po­si­tion profes­sion­nelle aux pesti­cides et la Mala­die de Parkinson.

D’autres études s’ap­prêtent à être lancées par l’IN­SERM, en colla­bo­ra­tion avec Santé publique France, afin d’iden­ti­fier les pesti­cides qui pour­raient être à l’ori­gine d’un risque augmenté de la Mala­die de Parkinson.

Article de Cécile Thibert du 22/​10/​17 dans le Figaro Maga­zine relevé par Fran­çoise Vignon

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