Les excipients dans nos médicaments
Publié le 30 mars 2016 à 10:32Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°64
Par Martine Delmond
Ayant travaillé pendant 31 ans dans une grande maison de l’agro-alimentaire, appartenant aujourd’hui à un Groupe multinational, je me suis occupée des années durant de la partie réglementaire des ingrédients car je travaillais sur les étiquettes, les certificats de composition pour les passages en douane, les agréments USA, Canada, Amérique Latine et l’IGP Périgord …
Je suis aujourd’hui jeune retraitée avec un mari atteint par la Maladie de Parkinson depuis 19 ans déjà. Il a 71 ans et a eu un Cancer de la prostate voici 10 ans, n’ayant ni fumé ni bu une goutte d’alcool. Ayant gardé une passion pour mon ancienne activité j’ai décidé de m’intéresser de très près aux médicaments et je dois dire que le constat me choque profondément.
Se pencher sur le dossier des EXCIPIENTS des MEDICAMENTS c’est ouvrir une boîte de Pandore, accepter de rentrer dans « la 5ème Dimension » avec des risques inconnus, des abysses aux profondeurs jamais rencontrées… Le dossier est tellement vaste, le chantier si pharaonique avec de telles inconnues dangereuses que l’on a envie de lâcher prise devant l’envergure de la tâche !
Il faut cependant se résoudre à aborder ce sujet grave car notre vie à tous est concernée, notre santé, celle de nos enfants et petits-enfants, l’avenir même de notre humanité rendue aujourd’hui tellement fragile par des manipulations physico-chimiques aventureuses effectuées par des laboratoires en recherche toujours d’un profit supérieur.
Un médicament avant d’être conçu doit d’abord être jugé comme pouvant apporter un potentiel de gains substantiels ce qui peut reléguer à la corbeille des produits simples d’élaboration et qui seraient efficaces mais jugés d’un rapport financier trop faible.
L’aspect réglementaire est simple à comprendre : En ce qui concerne l’alimentation on parle d’additifs et même si une réglementation européenne existe, insuffisante certes mais qui est régulièrement remaniée avec par exemple les dernières exigences d’indication de la présence des allergènes.
En ce qui concerne les excipients des médicaments la seule disposition actuelle est un Code de bonne pratique de fabricationqui stipule que le produit final, donc le médicament : « doit présenter le moins de risques possibles d’effets secondaires… » Ceci explique l’allongement permanent des notices dans vos boîtes de médicaments les laboratoires se protégeant au maximum en listant un nombre de risques possibles qui vous font frémir dès la première ligne. Vous avez vu également que désormais, régulièrement, les listes d’ingrédients, auparavant en tout début de notice, se retrouvent désormais à la fin !
Vous trouverez ci-dessous décryptés pour votre meilleur compréhension la liste des excipients des principaux médicaments prescrits pour le Parkinson : le Modopar® et le Stalevo®.
Le Modopar® :
Molécules de base : Lévodopa, Benserazide
Excipients :
- Magnésium stéarate E 572 : acide gras saturé (Trans Fat)
- Acide citrique E 330 : antioxydant
- Amidon de maïs modifié E 1403 : stabilisant
- Cellulose microcristalline E 460 : agent d’enrobage potentiellement dangereux
- Fer jaune oxyde E 172 : colorant. Pourquoi pas un colorant naturel ?
- Oxyde de fer : contient du silicate d’aluminium potassique à 90%
- Gélatine : il n’est pas précisé si elle est de porc ou végétale
- Hypromellose E 464 : permet de retarder l’action du médicament
- Indigotine E 132 : colorant bleu pétrochimique douteux
- Mannitol E 421 : succédané de sucre
- Phosphate dicalcique anhydride
- Povidone : liant
- Povidone E 90 : pourquoi deux fois ?
- Ricin huile hydrogénée : émulsifiant. L’hydrogénation est un procédé chimique permettant de rendre solide un produit gras : procédé parfois contesté.
- Talc
- Dioxyde de titane E 171 : colorant considéré comme potentiellement cancérigène
Le Stalevo®
Molécules de base : Lévodopa, Carbidopa, Entecapone, Saccharose
Excipients :
- Amidon de maïs : modifié ou pas (OGM)
- Croscarmellose sodique E 466 : perturbations digestives
- Sel de Na
- Oxyde de fer rouge E 172 : colorant douteux
- Glycérol à 85%
- Hypromellose
- Stéarate de magnésium E 572 : acide gras saturé (hydrogéné ou pas ?) Si hydrogéné, risque de perturber l’organisme. Considéré comme Trans Fat.
- Mannitol E 421 : succédané de sucre
- Polysorbate 80 : stabilisant, possible cancérigène
- Povidone K 30 : liant
- Saccharose : il y en a déjà dans le produit
Composants du pelliculage :
- Glycérol E 422 : agent affermissant
- Hypromellose E 464 : permet de retarder l’action du médicament
- Stéarate de magnésium : déjà dans les autres composants du noyau (deux fois dans le produit)
- Polysorbate 80 E 433 : cancérigène possible (?), contient des acides gras, stabilisant (doublon avec le Stéarate de magnésium déjà présent deux fois).
- Oxyde de fer rouge E 172 : colorant douteux. Pourquoi pas un colorant naturel ?
- Saccharose : le mannitol est déjà un succédané du sucre
- Dioxyde de titane E 171 : colorant considéré comme dangereux, potentiellement cancérigène. Pourquoi pas un colorant naturel et un seul colorant au lieu de deux.
Il ne s’agit en aucun cas de cas exceptionnels. Si votre conjoint prend un médicament pour l’hypertension artérielle par exemple, il en va de même.
Vendredi 22 janvier 2016, le sujet de l’émission C’est-à-dire, présentée par Yves Calvi était le médicament ; il a été dit que « tous les médicaments, contenant de l’aspirine, avaient la même composition. » Or si vous regardez les notices d’un Aspégic®, d’un comprimé effervescent UPSA, arôme orange, ou encore d’un comprimé Aspirine usine du Rhône® aucune composition n’est la même … Pour info, dans le seul arôme orange du comprimé UPSA il y a 13 excipients (et encore le concentré d’orange n’est pas détaillé !) sans compter les autres excipients du produit. En fait le produit dans ce domaine le plus pur est l’ASPRO qui est comme chacun le sait un produit déjà ancien. Ceci dit, il est étonnant qu’une émission sérieuse puisse laisser dire des choses erronées !
Bien évidemment, de même que le commun des mortels ne maîtrise pas le sujet des additifs alimentaires, il ne maîtrise pas non plus celui des excipients et on lui pardonne bien entendu cette lacune bien normale.
Il est intéressant de savoir que ni votre médecin ni votre pharmacien n’auront pas de plus grand savoir que vous en la matière : les excipients ne figurent pas dans leur Cursus Universitaire. Faites l’expérience lors d’un prochain RV : posez-leur la question de savoir s’ils peuvent vous expliquer à quoi sert l’un ou l’autre des excipients contenus dans votre médicament.
La mort d’un patient soumis à l’essai d’un médicament portugais par BIOTRIAL à Rennes laisse apparaître une possibilité d’étude trop limitée du dossier par l’Agence du Médicament. Ne faudrait-il pas exiger qu’elle soit dotée d’une Commission spéciale de validation des excipients ?
Il convient aussi de savoir que certains excipients actuels proviennent des Nanotechnologies et que dans ce domaine l’encadrement légal est tout à fait défaillant. Sans compter la possibilité aussi d’excipients provenant de produits OGM. On a encore peu de connaissance sur les effets cocktail quand de nombreux excipients sont mélangés et les médicaments pris pendant plusieurs années. Et comment tolérer que l’on mette dans les médicaments des excipients suspectés d’être cancérigènes ?
Il faut par ailleurs prendre conscience que cette question très sensible n’est pas indépendante des dossiers concernant les produits de traitement de nos productions agricoles, des médicaments donnés dans nos élevages, des additifs utilisés dans notre alimentation, des produits utilisés dans nos emballages…. Sans compter nos produits d’entretien, nos lessives, nos produits de soins du corps. Il est temps de remettre à plat tout ce qui concerne les produits que nous utilisons tous les jours et qui ne sont pas naturels.
Qu’a‑t-on fait de la chimie au cours de ces dernières décennies ?
On a joué à FRANKENSTEIN
Certes il y a eu de belles avancées mais tellement de dégâts déjà.
Cela fait déjà quelques temps que nous sommes convaincus de la nécessité que ce dossier, véritable bombe à retardement, soit mis à plat et strictement encadré. Risques pour la santé du fait des mélanges de molécules, coût du médicament démultiplié par ces ajouts bien souvent inutiles et/ou mal choisis, doublons, non utilisation de produits naturels pourtant existant (colorants, arômes, liants, stabilisants, agents d’enrobage,…) entraînant des prix de revient bien trop élevés, trou de la Sécurité Sociale qui en découle, gaspillage de molécules et d’argent de la recherche, temps de recherche et temps de mise sur le marché s’en trouvant nettement rallongés et ce pour toutes les maladies. On ne peut plus ACCEPTER cela ! Sauf que les portes s’ouvrent très difficilement.
Et puis qui est au courant de l’existence du Conseil International des Excipients Pharmaceutiques d’Europe (IPEC), organisme existant également pour la Chine, l’Amérique, l’Inde, tous en étroite relation. Ces organismes ont été créés dans les années 90 pour soutenir les intérêts des promoteurs d’excipients pharmaceutiques, des producteurs, des distributeurs et des utilisateurs. Gageons que les intérêts des promoteurs sont les plus défendus.
Dans les membres les plus célèbres de l’IPEC, on trouve BASF, BRENNTAG (à l’origine fabricant de colles industrielles, fournisseur du produit responsable du problème des prothèses mammaires), SERVIER, (fabricant du MEDIATOR et de l’ISOMERIDE), MERCK responsable du scandale du VIOXX), NOVARTIS, SANOFI, ROQUETTE (l’un des 5 leaders mondiaux de l’industrie de l’amidon) … !
Et que dit la Loi : « Loi du 2 janvier 2002 portant rénovation de l’action sociale et médico-sociale et du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé consacrent ce concept de démocratie sanitaire et placent l’usager au cœur de l’organisation sanitaire. Par la reconnaissance de droits individuels et collectifs, l’usager devient un acteur incontournable du système de santé dans lequel il est susceptible d’intervenir directement ou par l’intermédiaire de ses représentants ».
Des propositions d’actions :
Et il faut enfin savoir qu’une mise à plat complète du processus d’élaboration des médicaments est nécessaire. Celle-ci évidemment devrait passer par l’implication de représentants des malades à chaque étape depuis la définition du besoin.
La France doit se poser la question de ses approvisionnements des molécules de base pour la plupart issues de l’étranger avec les coûts que cela entraîne dans les prix de revient, mais aussi les risques sanitaires existant malgré des procédures très rigoureuses sur la traçabilité, les risques de rupture de stocks et donc d’approvisionnement (chacun travaillant à flux tendu), ou les risques liés à des questions géopolitiques et géostratégiques.
Pour toutes ces raisons, il est nécessaire :
- De relancer en France une filière de production de ces molécules de base.
- Promouvoir des études larges sur l’utilisation des excipients en particulier non chimiques,
- Envisager un coût privilégiant sensiblement les laboratoires qui feront l’effort de se lancer dans cette nouvelle voie.
Il faut aider à la fois la recherche de nouveaux produits et les travaux de modification des produits existants et porter une communication sur ces innovations allant dans le sens de la protection et de l’amélioration de la vie des malades. Bien entendu des instances de suivi et de validation formées à ces nouvelles pratiques doivent être crées aux différentes étapes.
Enfin il faut envisager que soit créée une véritable filière des produits de substitution qui doit permettre, entre autres, l’installation de jeunes agriculteurs à qui seront accordées des subventions de démarrage, agriculteurs ayant reçu des formations spécifiques sur la connaissance des herbes et plantes médicinales, avec implication de l’INRA. Sans oublier les produits de la mer : algues, coquillages …
Bien évidemment les différents terroirs devront être pris en compte avec leurs spécificités propres au niveau des terrains, les réseaux de ramassage devront être organisés et les PME de transformation devront être installées à proximité des lieux de culture pour limiter les transports.
La question du médicament de demain on le voit ouvre une immense réflexion qui doit complètement changer la philosophie de sa conception. Les enjeux pour les malades sont immenses et rassurons-nous les enjeux économiques peuvent l’être également.
AVERTISSEMENT IMPORTANT
Il ne s’agit pas ici d’un plaidoyer contre les laboratoires dont nous avons bien besoin pour la recherche sur la maladie et le confort des malades. Il s’agit d’un constat de graves manquements à différents niveaux. Il convient donc d’exprimer les craintes sur des risques potentiels qui peuvent s’avérer très lourds de conséquences et d’exprimer aussi les nécessaires innovations et évolutions à mettre en place pour envisager les traitements du futur.
Rédigé par Martine Delmond
4 Commentaires Cliquer ici pour laisser un commentaire
Laisser un commentaire
Flux RSS des commentaires de cet article. Rétrolien URI
Propulsé par WordPress et le thème GimpStyle créé par Horacio Bella. Traduction (niss.fr).
Flux RSS des Articles et des commentaires.
Valide XHTML et CSS.
Vous avez raison ce n’est pas normal de mettre du poison dans des médicaments suposés aider les gens .
Commentaire by Dupres — 29 juin 2022 #
Merci pour cet exposé édifiant. Je n’ai pas de syndrome ou de maladie de Parkinson, seulement une hypertrophie de la prostate et les 2 médicaments que je suis censé prendre contiennent du dioxyde de titane. Sans vouloir faire de mauvais esprit : soigner une maladie bénigne avec un médicament qui contient un excipient réputé cancérigène, il y a de quoi se poser des questions … Merci de me tenir au courant des actions possibles.
Commentaire by claude bertho — 16 février 2021 #
cher Monsieur,
je serai très intéressé par votre recherche et j’aimerais vous lire sur le sujet. Pourriez vous me donner à lire votre article de Carinity ?
Si cela vous intéresse et que je puisse y trouver son intérêt pour la revue que je rédige : le Parkinsonien Indépendant
Commentaire by Jean Graveleau — 4 avril 2016 #
Martine Delmond merci pour cet exposé complet et intéressant un peu grinçant et je vous en félicite, qui reprend en plus développé un article que j’ai écris sur Carinity. Pour compléter j’ai du supprimer le modopar car j’était devenu allergique à la L.Dopa de synthèse. M’autorisez- vous à divulguer votre discussion en forme de remarque dans mon futur bouquin ? si vous le souhaitez je vous indiquerai mon mail.
Bien cordialement. JCP
Commentaire by PREVOST Jean Claude — 2 avril 2016 #