Ne pas être qu'un "patient" ...

Une variante génétique protège des fumeurs contre le Parkinson

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°43 – décembre 2010 

Lu dans le «  Parkin­son  » suisse de septembre 2010

Le taba­gisme est respon­sable du cancer, mais il protège contre le Parkin­son. Du moins, les indi­vi­dus dotés d’une certaine variante du gène cyto­chrome. Cette décou­verte va peut-​être permettre des avan­cées thérapeutiques.

Diffé­rentes études épidé­mio­lo­giques montrent que le risque de Parkin­son est réduit, parfois de moitié, chez les fumeurs. Cette obser­va­tion n’a abso­lu­ment rien à voir avec le fait que les fumeurs décèdent avant d’atteindre l’âge auquel se mani­feste couram­ment la mala­die. A un âge avancé, les fumeurs souffrent égale­ment moins du Parkin­son que les non-​fumeurs ! Ce phéno­mène peut s’expliquer, d’une part, par les proprié­tés neuro­pro­tec­trices de la nico­tine et d’autre part, par les prédis­po­si­tions génétiques.

Les cher­cheurs de l’Académie euro­péenne de Bolzano (EURAC) et de la clinique Mayo de Roches­ter (Etats-​Unis) viennent d’étayer la deuxième hypo­thèse par une étude. Ils ont comparé les habi­tudes de taba­gisme de 1 228 parti­ci­pants avec leurs données sur la varia­tion du gène cyto­chrome 2A6. Ce dernier code la struc­ture du cyto­chrome P450, l’enzyme respon­sable de l’assimilation de la nico­tine dans l’organisme.

Dans leur étude, les scien­ti­fiques placés sous la direc­tion du Dt. Mauri­zio Fache­ris de l’EURAC ont pu démon­trer que les fumeurs dotés d’une certaine variante de ce gène cyto­chrome 2A6 souf­fraient nette­ment moins du parkin­son que les non-​fumeurs, chez lesquels cette variante géné­tique est absente. Au cours d’une étape ulté­rieure, les cher­cheurs souhaitent déter­mi­ner avec plus de préci­sion si l’effet protec­teur doit effec­ti­ve­ment être imputé à cette variante du gène CYP2A6 ou à la coti­nine, substance déce­lée chez les fumeurs, qui appa­raît sous l’effet de ce gène lors de l’assimilation de la nico­tine. Si la deuxième hypo­thèse s’avérait exacte, il serait envi­sa­geable de déve­lop­per des médi­ca­ments à base de coti­nine qui permet­traient de préve­nir la mala­die de Parkin­son. Pour les cher­cheurs de l’EURAC, l’avenir est prometteur.
Sources : EURAC Research et Ameri­can Academy of Neurology

Lu par Jean GRAVELEAU

ERRATUM :

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°43 – décembre 2010 

Un lecteur atten­tif nous a fait une remarque impor­tante concer­nant notre article, paru dans le N°42, à propos de l’AMS appelé parfois « Parkin­son Plus » : « Je suis très étonné de voir que cet article est une simple copie d’une confé­rence du profes­seur Tyson donnée à l’hôpital Brous­sais en 2003, alors que la source d’origine n’est pas rappe­lée. Bien cordia­le­ment. Roger Lenglet »

Effec­ti­ve­ment nous avions cru comprendre que Charles Dumont en était l’auteur compte tenu de la forme de son envoi. Inter­rogé préci­sé­ment sur ce point, celui-​​​ci nous a confirmé ne pas être l’auteur de l’article. Dont acte.

Nous tenons à expri­mer notre regret pour cette mésa­ven­ture et à remer­cier la vigi­lance de nos lecteurs.
Jean GRAVELEAU, direc­teur de la publication

Informations médicales (2)

LA RASAGILINE, commer­cia­lisé sous le nom Azilect
Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°43 – décembre 2010 

En décembre 2008, parais­sait dans le Parkin­so­nien Indé­pen­dant, un article de Benoist Melchior, inti­tulé « la Rasa­gi­line, un nouvel espoir pour limi­ter la progres­sion de la mala­die ? »

La Rasa­gi­line, commer­cia­li­sée sous le nom d’Azilect, a été déve­lop­pée par la société israé­lienne Teva. Elle a été approu­vée en février 2005 en Europe (en 2006 aux Etats Unis et au Canada). Elle est commer­cia­li­sée en Europe par les labo­ra­toires Lund­beck. Dispo­nible à l’achat, dans beau­coup de pays, elle peut être pres­crite en France depuis le début de 2009. Elle vient d’être agréée pour son rembour­se­ment courant 2010.

1. Carac­té­ris­tiques géné­rales de l’Azilect
La Sélé­gi­line (Dépre­nyl) est le premier IMao‑B (inhi­bi­teur de la mono­amine oxydase B) apparu sur le marché en 1989. Elle est utili­sée dans le trai­te­ment des patients prenant de la lévo­dopa, et présen­tant une réponse dimi­nuée à ce médi­ca­ment. Elle était annon­cée comme neuro­pro­tec­trice, mais cela n’a pas été confirmé. Le Dépre­nyl est de moins en moins utilisé, car il a de nombreux effets indésirables.

En 2001, est appa­rue une nouvelle présen­ta­tion de la Sélé­gi­line, sous forme de compri­més lyophi­li­sés, appe­lée Otrasel. 

La Rasa­gi­line (Azilect) est un nouvel Inhi­bi­teur de la IMao B qui contrai­re­ment à la Sélé­gi­line ne serait pas trans­for­mée en méta­bo­lites toxiques (amphé­ta­mines.…). De plus, la Rasa­gi­line serait neuro­pro­tec­trice (c’est à dire qu’elle retar­de­rait l’évolution de la mala­die). Dans le futur, la Rasa­gi­line (Azilect) serait amenée à rempla­cer la Sélé­gi­line dans les pres­crip­tions. La dose jour­na­lière est de 1 mg en une prise.

2. Résul­tats des essais cliniques
L’Azilect a fait l’objet de plusieurs essais cliniques. On citera pour mémoire les essais Tempo, Presto et Largo. On trou­vera la descrip­tion de ces essais et les résul­tats obte­nus dans un avis de la commis­sion de la trans­pa­rence de la Haute Auto­rité de la Santé de Mars 2006. 

Ensuite, il y a eu l’étude Adagio. Il s’agit d’une méthode multi­cen­trique (129 centres dans 14 pays), en double-​aveugle versus placebo de 72 semaines, menée chez 1176 patients atteints de la mala­die de Parkin­son, à un stade précoce, non trai­tés précédemment.

Les patients ont été répar­tis afin de recevoir : 

  • soit de la Rasa­gi­line 1 mg ou 2 mg une fois par jour pendant 18 mois (début précoce)
  • soit un placebo pendant 9 mois, suivi de Rasa­gi­line 1 mg ou 2 mg une fois par jour pendant 9 mois (début différé).

Les premières analyses de l’étude portaient sur la mesure et l’évolution du score global sur l’échelle UPDRS. La synthèse des essais Adagio est résu­mée dans le commu­ni­qué de France Parkin­son du 9 Octobre 2008 : Les résul­tats de l’étude ADAGIO ont été présen­tés le 26 août 2008. Ils soulignent le double béné­fice apporté par l’an­ti­par­kin­so­nien Azilect® (Rasa­gi­line) : effets de modi­fi­ca­tion de la progres­sion de la mala­die par ralen­tis­se­ment de l’évo­lu­tion de la mala­die de Parkin­son et béné­fices symptomatiques. 

« La Rasa­gi­line est commode à prendre, à raison d’une seule dose par jour (1mg) et globa­le­ment, la tolé­rance est excel­lente » annonce le Pr Olivier Rascol, Profes­seur de Phar­ma­co­lo­gie clinique au CHU de Toulouse. Un espoir pour les malades, dont 1 sur 20 a moins de 40 ans. 

En outre, « Adagio est un essai clinique impor­tant qui remet en cause la façon dont on appré­hende actuel­le­ment la prise en charge de la mala­die de Parkin­son. Un trai­te­ment précoce avec la Rasa­gi­line en mono­thé­ra­pie présente un béné­fice par rapport à un début de trai­te­ment différé. Par ailleurs, ces résul­tats renforcent l’idée que les patients souf­frant de la mala­die de Parkin­son devraient être trai­tés dès que le diag­nos­tic est posé pour augmen­ter les chances de succès du trai­te­ment » souligne celui-​ci. Jusqu’à présent, le trai­te­ment était mis en place seule­ment quand les symp­tômes deve­naient gênants.

Cet avis a été récem­ment confirmé par un article du Quoti­dien du Méde­cin, en date du 18 septembre 2009, sous le titre : « Ralen­tir la progres­sion de la mala­die de Parkin­son. La Rasa­gi­line démontre son action dans l’étude Adagio : « Il semble de plus en plus clair qu’il faille trai­ter les patients atteints de mala­die de Parkin­son (MP) le plus rapi­de­ment possible afin d’ob­te­nir le meilleur béné­fice clinique sur le long terme. Les travaux réali­sés avec la Rasa­gi­line, nouvel inhi­bi­teur irré­ver­sible, sélec­tif, de seconde géné­ra­tion, de l’en­zyme mono­amine oxydase B (MAO‑B) qui améliore la symp­to­ma­to­lo­gie et, surtout, ralen­tit la progres­sion de la mala­die parti­cipent à ce chan­ge­ment d’at­ti­tude théra­peu­tique ».

3. Contre indi­ca­tions et effets indésirables
L’usage de l’Azilect est contre indi­qué dans les cas suivants :

  • insuf­fi­sance hépa­tique sévère,
  • prise d’un autre I Mao,
  • prise de péthi­dine, un médi­ca­ment puis­sant contre la douleur.

De plus, la prise de nombreux anti­dé­pres­seurs avec l‘Azilect néces­site un avis parti­cu­lier du neurologue.
Comme tous les médi­ca­ments, l’Azilect peut avoir des effets indé­si­rables, bien que tous les patients n’y soient pas sujets.
Les effets indé­si­rables suivants ont été rappor­tés au cours des essais cliniques contrô­lés versus placebo : 

  • très fréquents (plus de 10% des patients) : dyski­né­sie, maux de tête.
  • fréquents (de 1 à 10% des patients) : hypo­ten­sion ortho­sta­tique, leuco­pé­nie, dysto­nies, ataxie…

Par ailleurs, des cas de cancer de la peau ont été rappor­tés chez envi­ron 1% des patients inclus dans les études cliniques contrô­lées versus placebo. Un patient sous Azilect doit donc infor­mer son méde­cin de toute modi­fi­ca­tion de sa peau.

4. Conclu­sion
Bien que l’unanimité n’existe pas sur les quali­tés de l’Azilect, il semble toute­fois que le corps médi­cal estime majo­ri­tai­re­ment, à partir des résul­tats des essais cliniques, que l’Azilect, outre ses fonc­tions d’inhibiteur de la MAO‑B, a la capa­cité de ralen­tir la progres­sion de la mala­die de Parkinson.

A partir de cette consta­ta­tion, il est proposé un chan­ge­ment de la stra­té­gie théra­peu­tique consis­tant à pres­crire de l’Azilect aux patients non trai­tés en début de maladie.
Les contre indi­ca­tions et effets indé­si­rables ne paraissent pas très probables, même le risque de cancer de la peau.

Rédigé par Jean Pierre LAGADEC

Informations médicales (1)

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°43 – décembre 2010 

Le Fipa­me­zole, une arme contre les dyskinésies ? 

Un accord de licence
En Septembre 2010, la firme phar­ma­ceu­tique Ipsen faisait paraître dans la presse le commu­ni­qué suivant : « Ipsen a signé un accord de licence avec le labo­ra­toire suisse Santhera Phar­ma­ceu­ti­cals pour le Fipa­me­zole (anta­go­niste adréner­gique du récep­teur alpha‑2) dans le trai­te­ment de la dyski­né­sie chez les patients atteints de la mala­die de Parkin­son. Selon les termes de l’ac­cord, Ipsen acquiert les droits sur le fipa­me­zole en dehors des États- Unis, du Canada et du Japon. »
Rappe­lons aussi que les droits pour les Etats Unis et le Canada ont fait l’objet en Juin 2010 d’un accord de licence entre Santhera et la firme cana­dienne Biovail.

Les dyski­né­sies
Le Fipa­me­zole ayant pour indi­ca­tion le trai­te­ment des dyski­né­sies parkin­so­niennes, rappe­lons de quoi il s’agit. Les dyski­né­sies font partie des mouve­ments anor­maux (ou invo­lon­taires), dont peuvent être victimes les Parkin­so­niens. Elles peuvent être décrites comme des mouve­ments soudains, incon­trô­lables, souvent désor­don­nés. Elles affectent les membres, la tête, les lèvres, et la langue. Elles sont en géné­ral, dues à un surdo­sage de la L Dopa. Et il n’y a pas de produit pouvant rempla­cer la L Dopa.
Cela a des consé­quences fâcheuses :

  • le patient (souvent en présence de son entou­rage ou en public) subit des crises déva­lo­ri­santes et fatigantes.
  • à mesure que la mala­die s’aggrave, il est de plus en plus diffi­cile pour le neuro­logue d’ajuster la pres­crip­tion afin d’éviter périodes de blocage et périodes de dyski­né­sie, l’espace théra­peu­tique étant de plus en plus réduit. Cette diffi­culté a justi­fié la réali­sa­tion de logi­ciel d’optimisation des trai­te­ments, à partir de données pharmacocinétiques.
  • pendant de nombreuses années (après le consen­sus de Mars 2000), on a essayé dans certains cas bien défi­nis de diffé­rer le début de prise de la L Dopa pour retar­der les surve­nues de dyskinésies.

Sait-​on trai­ter les dyski­né­sies ? On reparle actuel­le­ment d’un médi­ca­ment ancien, le Manta­dix. On parle aussi de chirur­gie à partir de la stimu­la­tion du globus palli­dum. Mais les solu­tions les plus sédui­santes seraient obte­nues par l’arrivée sur le marché de 3 nouvelles molé­cules. L’une d’elles est le Fipamezole. 

Le Fipa­me­zole
On parle parfois dans la litté­ra­ture de JP-​1730/​ Fipa­me­zole. Mais nous utili­se­rons la déno­mi­na­tion Fipa­me­zole qui est le nom inter­na­tio­nal (INN).
Selon Santhera, le Fipa­me­zole est un anta­go­niste adréner­gique du récep­teur alpha‑2 repré­sen­tant un nouveau mode d’ac­tion pour le trai­te­ment de la dyski­né­sie dans la mala­die de Parkin­son. L’idée direc­trice qui a guidé son déve­lop­pe­ment consiste à augmen­ter la libé­ra­tion nora­dr­éner­gique dans certaines zones du cerveau. Cela permet de soula­ger les symp­tômes de la mala­die de Parkin­son à un stade avancé tels que les dyski­né­sies, les fluc­tua­tions motrices et d’autres symp­tômes gênants, sans accen­tuer les autres aspects de la maladie.

Le Fipa­me­zole a fait l’objet de plusieurs essais cliniques. On en retien­dra le plus complet, qui est l’essai FJORD de phase IIb, dont les conclu­sions ont été publiées en Juin 2009. Il s’agit d’une méthode multi­cen­trique (33 centres aux Etats-​Unis et en Inde), en double-​aveugle, versus placebo, de 28 jours, menée chez 179 patients atteints de la mala­die de Parkin­son. Les patients ont été répar­tis afin de rece­voir diffé­rentes doses (30, 60 ou 90 mg), doses dont on a comparé l’efficacité entre elles et par rapport au placebo, en utili­sant une échelle de mesure spéciale spéci­fique aux mouve­ments invo­lon­taires appe­lée LIDS. On a pu consta­ter une réduc­tion des dyski­né­sies, surtout à la plus haute dose. Cette amélio­ra­tion a été obte­nue sans dégra­da­tion des autres carac­té­ris­tiques des patients, mesu­rés sur l’échelle UPDRS.

Les essais de phase IIb seront suivis en 2011 par des essais de phase III incluant un plus grand nombre de patients, répar­tis sur un plus grand nombre de sites à travers le monde. Ce type d’essai doit confir­mer l’efficacité, le dosage opti­mal et la sécu­rité du produit. Ce n’est qu’à la suite de tous ces essais cliniques, que l’AMM (auto­ri­sa­tion de mise sur le marché) peut être accordée.

Une arme contre les dyskinésies&nbnsp;?
Si les essais cliniques à venir confirment les résul­tats déjà obte­nus et après obten­tion de l’Autorisation de Mise sur le Marché en 2011 ou 2012, le Fipa­me­zole pour­rait consti­tuer une arme effi­cace contre les dyski­né­sies, dont il pour­rait pallier, en tout ou partie, les incon­vé­nients que nous avons évoqués précé­dem­ment. Il serait alors plus facile d’utiliser la L Dopa, qui est le médi­ca­ment de réfé­rence pour la mala­die de Parkinson.

Par ailleurs, l’arrivée sur le marché de produits contre les dyski­né­sies, comme le Fipa­me­zole, consti­tue un argu­ment en faveur du chan­ge­ment récent de stra­té­gie théra­peu­tique. On pourra en effet trai­ter préco­ce­ment dans la phase initiale de la mala­die, si on a moins de risques de dyski­né­sies à long terme.

Biblio­gra­phie :
 — Site Inter­net de Santhera Phar­ma­ceu­ti­cals à la rubrique Fipamezole.
 — Site Inter­net de Drugs.com (Santhe­ra’s FJORD Phase IIb Study Demons­trates Effi­cacy of JP-​1730/​Fipamezole for the Treat­ment of Dyski­ne­sia in Parkin­son’s Disease).

Rédigé par Jean Pierre Lagadec

Bonne et heureuse année 2011

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°43 – décembre 2010 

Deviens dur comme le fer,
Et reprends le dessus
Avec un cœur sincère,
Déchire l’inconnu
Recherche tes amis,
Accepte l’étranger
Remplis ton corps de vie,
Remets-​toi à marcher.

Refrain

Bats-​toi ! Rest’ pas comm’ ça
Y’a telle­ment de choses à faire
A faire ici-​bas (bis)

La vie et l’espérance
Ne peuvent se désunir.
Il faut croire en la chance
Un jour elle peut sourire
T’as long­temps hésité,
Plongé dans l’incertain,
Il te faut retrouver,
La force dans tes mains.

Refrain

T’as pas choisi le monde
Le monde t’a choisi.
Remets-​toi dans la ronde
Et combats sans merci !
Partout sur cette terre
Doit repous­ser le blé.
Alors choi­sis ta guerre,
Reprends ton bouclier.

Refrain

Reprends tes beaux voyages,
Replonge dans tes pensées.
Retrouve cette rage
De vivre et de lutter
Bats-​toi pour l’espérance,
Les droits, les libertés.
A travers les souffrances,
Il faut toujours gagner !

Refrain

Publié avec l’autorisation de l’auteur
Édouard LOFFICIAL

Témoignage : Vivre avec un proche malade sans culpabiliser

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°42 – septembre 2010 

Quand un parent, un ami tombe malade, nous ne trou­vons pas toujours les mots ni les gestes, hési­tant entre le trop et le pas assez. D’où vient ce senti­ment de culpa­bi­lité qui, souvent, nous enva­hit ? Et comment le surmonter ?

Dans une rela­tion d’aide, il suffit souvent de rester dans le lien qui a toujours existé, à l’écoute des attentes.

Jacques n’ose plus télé­pho­ner à son meilleur ami qui est en chimio­thé­ra­pie, para­lysé par la peur et par la culpa­bi­lité d’être en bonne santé. Olivia est persua­dée que son départ de la maison pour suivre des études à Paris a déclen­ché l’ano­rexie de sa petite sœur Salomé. Raphaël pense être un monstre parce qu’il ne désire plus sa femme, muti­lée par un cancer du sein. 

La confron­ta­tion avec la mala­die d’un proche nous réduit à une certaine impuis­sance et, parfois, à l’auto-​accusation. Nous aime­rions nous compor­ter en héros, mais nous nous heur­tons à nos propres limites. « Certains, comme Jacques, vont se tenir à distance, préfé­rant la fuite et peut-​être le confort person­nel pour se proté­ger, explique Chris­tophe Fauré, psychiatre spécia­lisé dans l’ac­com­pa­gne­ment des malades et de leur famille. D’autres fonce­ront tête bais­sée, s’in­ves­tis­sant corps et âme, jusqu’à sacri­fier leur vie de famille et s’in­ter­dire tout droit au bonheur. »

Comprendre les ressorts de sa culpabilité
« Il faut du temps pour trou­ver la bonne place auprès d’un malade, il est rare qu’elle s’im­pose d’emblée », constate isabelle Moley-​Massol(1)), méde­cin, psycha­na­lyste et psycho-​oncologue à l’hô­pi­tal Cochin, à Paris. Résul­tat, nous nous sentons coupable de tout : d’être en bonne santé, de ne pas être présent, de prendre la fuite… Et de ne pas savoir comment réagir : faire comme si de rien n’était, pour ne pas en rajou­ter, au risque de passer pour un égoïste ? Ou chan­ger la nature de notre rela­tion parce que l’autre est malade ? 

« Ce ques­tion­ne­ment renvoie au type de lien qui exis­tait avant la mala­die », analyse Isabelle Moley-​Massol. « Mais, plus impor­tant, la mala­die de l’autre nous renvoie à la peur incons­ciente de notre propre fin. Tout est miroir, tout se réflé­chit. Nous voudrions proté­ger notre ami malade, tout en nous préser­vant. II y a confu­sion de senti­ments forcé­ment ambi­va­lents, entre amour et haine, protec­tion et agres­si­vité envers ce proche que l’on voudrait aider, mais qui nous blesse aussi parfois en utili­sant sa souf­france pour alimen­ter notre culpa­bi­lité. Le risque étant de se perdre, de perdre ses repères, ses croyances, ses certi­tudes ».

« Des pensées de type rumi­na­tion peuvent satu­rer la conscience, créant un état de chaos peu propice à la réflexion », renché­rit la sophro­logue Laurence Roux-​Fouillet. « Il en résulte souvent un épui­se­ment psychique, proche de la dépres­sion ». Crises d’an­goisse, bouli­mie, spas­mo­phi­lie, problèmes de peau peuvent appa­raître alors. Les coupables ? « Les fautes imagi­naires et les respon­sa­bi­li­tés exagé­rées dont nous nous char­geons trop souvent », estime Yves-​Alexandre Thal­mann, psychologue. 

Si, dans un premier temps, accueillir la culpa­bi­lité et la mettre en mots est néces­saire, cela reste insuf­fi­sant pour s’en débar­ras­ser. « Chacun doit comprendre qu’il ne peut en aucun cas être respon­sable du malheur des autres », ajoute le psycho­logue. « Décou­vrir que notre culpa­bi­lité et le pouvoir que nous croyons avoir sur autrui sont les deux faces d’une même réalité est le premier pas sur le chemin du mieux-​être. Pour cesser de se culpa­bi­li­ser, il faut d’abord renon­cer à sa toute-​puissance et cerner avec préci­sion les limites de sa responsabilité. »

Plus facile à dire qu’à faire ? Sans doute, mais mieux vaut ne pas trop tarder, en se faisant aider si nécessaire.

Réus­sir à poser des limites 
« La culpa­bi­lité peut deve­nir la chose la plus toxique qui soit », remarque Chris­tophe Fauré, « car elle nous empêche d’être présent à l’autre. Que nous dit-​elle ? De qui nous parle-​t-​elle, si ce n’est de nous-​même ? À un moment, il y a une déci­sion à prendre dans son cœur : où dois-​je mettre la prio­rité ? Dans la rela­tion avec ce proche qui souffre ou dans mes états d’âme ? Ce qui sous-​entend : ce proche, est-​ce que je l’aime vrai­ment ? »

Pour Isabelle Moley-​Massol, « la culpa­bi­lité peut ronger, et fina­le­ment créer une distance entre le proche et le malade ». Bien souvent, ce dernier n’at­tend pas des choses extra­or­di­naires, simple­ment de rester dans le lien qui a toujours existé. Il s’agit alors d’être dans l’empathie, à l’écoute de ses attentes. Certains voudront évoquer leur mala­die, d’autres préfé­re­ront parler d’autre chose. L’im­por­tant est de ne pas anti­ci­per ce que l’on croit bon ou mauvais pour lui, en sachant poser des limites pour ne pas s’épui­ser. Laurence Roux-​Fouillet propose ainsi de « passer des mini­con­trats pour allé­ger sa culpa­bi­lité : rempla­cer cette souf­france par une action, ou compen­ser sans tomber dans le sacri­fice ».

Accep­ter d’y trou­ver son compte

« En choi­sis­sant d’ac­com­pa­gner l’autre, il est préfé­rable de garder à l’es­prit que nous nous enga­geons dans la durée », insiste Fran­çoise Bessis, psychiatre et psycha­na­lyste au Centre Pierre-​Cazenave (psychisme et cancer), à Paris. Pour des mois, voire des années. Ce qui ne se fera pas sans mal. « Afin de faire barrage à la lassi­tude, à l’épui­se­ment, voire au ‘burn out’, l’ai­dant doit y trou­ver son compte » », recommande-​t-​elle. C’est ce qu’a réussi Agnès, qui a « retrouvé » sa mère, atteinte d’un cancer, en l’ac­com­pa­gnant jusqu’au bout. En parta­geant parfois juste un silence ou un regard, elles ont réparé des années de malen­ten­dus. Aujourd’­hui, malgré son chagrin, Agnès a trouvé la paix. Un béné­fice secon­daire, qui, pour Chris­tophe Fauré, renvoie à la notion boud­dhiste des deux bien­faits : « Pour qu’une rela­tion soit juste, il faut que le bien fait à la personne aidée devienne notre propre bien­fait. Ce qui suppose qu’il doit y avoir, pour la personne aidante, une grati­fi­ca­tion. C’est ce qui permet­tra à la rela­tion d’aide d’être saine. Sinon, on est dans la logique du sacri­fice ». Sacri­fice qui est « géné­ra­teur d’agres­si­vité, de haine, de violence parfois envers le malade, et qui mène droit à l’échec », alerte Fran­çoise Bessis.

(1)Isabelle Moley-​Massol, auteure du Malade, la Mala­die et les Proches (L’Ar­chi­pel, 2009).
Des Livres :
Vivre ensemble la mala­die d’un proche de Chris­tophe Fauré (Albin Michel, 2002)
Au diable la culpa­bi­lité ! d’Yves-Alexandre Thal­mann (Jouvence Editions, 2005)

Céline DUFRANC D’après le « Télé­gramme » du 28 Avril 2010.

Une journée à Limoges : soutenance de thèse

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°42 – septembre 2010 

23 juin 2010 : Départ : 6 H du matin Desti­na­tion : Limoges. Pour­quoi Limoges ?
C’est une très longue histoire qui a commencé il y a 10 ans main­te­nant. Elle a débuté lors de la rencontre avec Bernard Geffray à Dijon en 1999. Ce fut un échange inté­res­sant !!! Il possé­dait un drôle de disque de station­ne­ment avec des couleurs. C’était la première approche de la phar­ma­co­ci­né­tique pour les prises de nos médicaments.

Puis en 2001 est arrivé Mr Rainon Emile après la créa­tion du CECAP ; Il s’est plongé dans les livres de phar­ma­cie et nous a sorti un fasci­cule qui nous a permis de mieux comprendre comment fonc­tion­naient nos médi­ca­ments sur notre orga­nisme. Ce fasci­cule était le premier, sorti un 23 mai en 2001et c’était une annexe au projet qui devait être financé par l’URCAM Limou­sin, à hauteur de 100 000 euros avec Mme Chul­lia qui est profes­seur à la Faculté de Phar­ma­cie de Limoges ; Ce projet était l’optimisation des trai­te­ments du Parkinson.

Mais, car il a eu un mais, pour que ce projet soit exécuté il nous fallait trou­ver un neuro­logue pour porter le projet ; nous avions le Dr JP Leven­toux, méde­cin géné­ra­liste dans le Limou­sin, qui nous avait aidé pour prépa­rer le projet mais pas de neuro­logues à l’horizon ; si bien que le projet fut aban­donné. Hélas !!!

Depuis, on a réflé­chi et Pierre Lemay nous a présenté sa feuille de calcul pour nous aider à mieux voir les problèmes de surdo­sage et de sous-​dosage à l’aide de courbes. Seule­ment cette feuille n’était vali­dée par aucun orga­nisme ; elle était seule­ment le fruit de toutes nos obser­va­tions avec des équi­va­lences un peu empi­riques. Nous l’avons présen­tée au Dr Lalle­ment qui a tout de suite été convaincu par son utilité. 

Après quelques mois d’utilisation il s’est avéré qu’il fallait faire quelque chose pour qu’elle soit utili­sée d’une manière plus officielle.

C’est comme ça que l’idée d’en faire une thèse est appa­rue avec la faculté de phar­ma­cie de Limoges. Un gros problème allait surve­nir : il fallait trou­ver un étudiant inté­ressé par cette thèse et le sujet surtout. Cela fut très dur mais deux copines se sont déci­dées à faire cet énorme travail et de plus l’une d’entre elles avait son grand-​père Parkinsonien.

Elles sont entrées en contact avec le Dr Lalle­ment et ce fut le début d’une colla­bo­ra­tion avec Camille et Maeva.

Aujourd’hui c’est la soute­nance de thèse ; pour les parkin­so­niens cela repré­sente l’aboutissement de 10 années de travail sur le sujet et nous avons hâte de voir ce projet se concré­ti­ser sous la forme d’une thèse. Ayant appris que le Dr Lalle­ment était membre du jury, je lui ai demandé s’il pouvait m’y emme­ner car je souhai­tais être présente pour la soute­nance de thèse. 

Et nous voilà partis à 6 heures du matin pour Limoges.

Le trajet s’est très bien passé et nous avons été récu­pé­rés avant Limoges par nos amis de Bellac. A 14 H c’est le grand moment tant attendu ; je vois Bernard très atten­tif à la démons­tra­tion de nos 2 étudiantes en phar­ma­cie ; je devrais plutôt dire de nos 2 phar­ma­ciennes car elles ont eu leur diplôme la veille (cela repré­sente 6 années d’études en faculté) et aujourd’hui cela repré­sente le titre de Docteur en phar­ma­cie si elles sont reçues. Après la présen­ta­tion très détaillée et l’objectif bien ciblé, le jury s’est retiré pour délibérer.

Ce ne fut pas très long ; le temps de saluer quelques amis et de faire connais­sance avec le Dr Leven­toux avec qui j’avais travaillé par inter­net et voilà le jury qui revient avec les diplômes et la mention très bien pour toutes les deux. Ce fut un tonnerre d’applaudissement. Nous avons réussi !!! C’était un grand moment de bonheur !!! A 24 ans, elles sont Docteurs en phar­ma­cie, c’est beau ; merci à Camille et à Maeva.
Leurs conclu­sions sont celles-ci :

« L’optimisation des trai­te­ments est faci­li­tée grâce à la visua­li­sa­tion de la courbe théo­rique plas­ma­tique : les poso­lo­gies, les spécia­li­tés ou les horaires de prise peuvent être chan­gés afin d’obtenir la courbe la mieux adap­tée à chaque patient.

Dans l’état actuel des choses la feuille de calcul consti­tue une aide notable pour amélio­rer la qualité de vie des patients parkin­so­niens en fonc­tion de leur ressenti. Elle pour­rait être utili­sée par les patients eux-​mêmes ou leur famille, par les méde­cins ou les phar­ma­ciens dans ce même but. C’est un outil de ratio­na­li­sa­tion, face à une mala­die complexe, et une gestion toujours diffi­cile de la biodis­po­ni­bi­lité influen­cée par de nombreux facteurs. L’ajustement des trai­te­ments ne saurait être réduit à un espa­ce­ment chro­no­lo­gique de prises quan­ti­ta­tives, mais dans la mesure où de nombreux facteurs ne peuvent être maîtri­sés (liés à l’individu, aux varia­tions jour­na­lières, aux spéci­fi­ci­tés physio­lo­giques, aux patho­lo­gies asso­ciées, aux pratiques alimen­taires…), il est fonda­men­tal de conju­guer tous les efforts qui visent à contrô­ler les facteurs qui peuvent l’être. C’est le cas en amont, lors du déve­lop­pe­ment des médi­ca­ments. C’est le mérite aussi de la feuille de calcul, qui contri­bue au bon usage du médi­ca­ment, à la person­na­li­sa­tion des trai­te­ments, et fina­le­ment à l’optimisation thérapeutique. »

Ce travail consti­tue une première étape, et nous l’espérons, un encou­ra­ge­ment vers une étude à plus grande échelle, dans un milieu enca­dré, permet­tant l’évolution de la feuille de calcul en logi­ciel d’aide à la pres­crip­tion, au sens de la Haute Auto­rité de Santé. 
Rédigé par Colette VEGUER, Prési­dente du CECAP

Neurorééducation des syndromes parkinsoniens

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°42 – septembre 2010 

Revue neuro­lo­gique N°166 – Else­vier Masson
Il s’agit du résumé d’un article de 16 pages déve­lop­pant les diffé­rentes tech­niques et les études les concernant.

Par Jean Marie GRACIES, hôpi­tal Henri Mondor

La mala­die de Parkin­son est une source majeure et fréquente de handi­cap moteur, pour laquelle les trai­te­ments physiques sont actuel­le­ment sous utili­sés par rapport aux trai­te­ments chimiques dopa­mi­ner­giques et chirur­gi­caux, ne concer­nant souvent que moins d’un tiers des patients en ambulatoire.

Cepen­dant, les trai­te­ments dopa­mi­ner­giques seuls s’avèrent inca­pables de contrô­ler l’aggravation du handi­cap fonc­tion­nel moteur après quelques années. Il y a actuel­le­ment une résur­gence de l’intérêt concer­nant le travail physique réédu­ca­tif dans la mala­die de Parkin­son, en tant que trai­te­ment symp­to­ma­tique des défi­ciences motrices mais aussi en tant que poten­tiel trai­te­ment neuro­pro­tec­teur au vu d’études animales récentes. Dans un cas indi­vi­duel le choix des méthodes utili­sées peut être guidé par le stade d’évolution de la maladie. 

Pour les stades modé­rés (patients ambu­la­toires qui ont conser­vés un certain degré d’indépendance), la stra­té­gie peut se concen­trer sur « l’enseignement d’exercices au patient » : les tech­niques ayant prouvé, en proto­coles contrô­lés, leur inté­rêt sur des programmes de quelques semaines sont le renfor­ce­ment moteur aux membres infé­rieurs, l’exercice aéro­bie à haute inten­sité, les stra­té­gies inten­tion­nelles notam­ment par instruc­tions verbales, la signa­li­sa­tion senso­rielle, les exer­cices de rota­tion axiale active et la répé­ti­tion en grand nombre de tâches motrices spéci­fiques. Un proto­cole rando­misé testera prochai­ne­ment le concept d’entraînement moteur asymé­trique, combi­nant un renfor­ce­ment muscu­laire des muscles exten­seurs, abduc­teurs, rota­teurs externes et supi­na­teurs et un étire­ment de leurs antagonistes. 

Pour les stades avan­cés (patients ayant perdu la capa­cité du lever d’une chaise ou la déam­bu­la­tion auto­nome, et deve­nus dépen­dants), l’approche peut être basée sur « l’enseignement de stra­té­gies de compen­sa­tion au patient et à son aidant », pour mini­mi­ser les effets des défi­ciences et augmen­ter la sécu­rité au domi­cile. Un certain nombre de ces stra­té­gies sont revues, dont certaines ont été vali­dées en études contrôlées.

Dans la mala­die de Parkin­son idio­pa­thique, il va appar­te­nir aux clini­ciens de conti­nuer à vali­der le carac­tère théra­peu­tique symp­to­ma­tique, voire neuro­pro­tec­teur, des méthodes de trai­te­ment physique utili­sées sur la durée. Dans les syndromes parkin­so­niens non dopa-​sensibles, les trai­te­ments physiques sont souvent à l’heure actuelle les seules méthodes réalistes pour amélio­rer le compor­te­ment moteur et limi­ter les défi­ciences fonc­tion­nelles. La durée rela­ti­ve­ment faible des effets du travail physique suggère que de tels programmes doivent être conti­nués au long cours, ou au moins répé­tés fréquem­ment, pour que les béné­fices puissent être main­te­nus, voire renfor­cés au cours du temps.

Lu par Jean GRAVELEAU

Pour un nouveau consensus

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°42 – septembre 2010 

C’était en l’an 2000. Je venais d’apprendre que j’étais touché par la mala­die de Parkin­son. Après quelques semaines de déprime, j’ai décidé de m’informer sur cette mala­die qui allait m’accompagner désor­mais, et en parti­cu­lier sur les trai­te­ments médi­ca­men­teux qui pouvaient être propo­sés au Parkin­so­nien débu­tant de 64 ans, que j’étais à l’époque.
Un texte a beau­coup retenu mon atten­tion. Il s’agissait des recom­man­da­tions de la confé­rence de consen­sus du 3 mars 2000, docu­ment offi­ciel établi par les neuro­logues fran­çais et publié par l’agence natio­nale d’accréditation et d’évaluation en santé (ANAES).
On peut trou­ver sur Inter­net le texte inté­gral de cette confé­rence de consen­sus ainsi que dans les premiers numé­ros de notre revue.
Étant débu­tant dans la mala­die, j’étais tout à fait concerné par la ques­tion numéro 3 :
Quelles stra­té­gies théra­peu­tiques sont à conseiller à la phase initiale de la mala­die de Parkinson ?
A cette ques­tion, la confé­rence de consen­sus apporte des réponses très argu­men­tées, selon l’âge du patient et la gravité des troubles ressentis.
Les réponses sont résu­mées dans des recom­man­da­tions, que le lecteur trou­vera à la page 20. En gros, on explique qu’il n’est pas toujours néces­saire de trai­ter dès le début et qu’il est souhai­table de retar­der si possible dans les trai­te­ments de phase initiale, l’usage de la L dopa, en raison des risques futurs de surve­nue de dyskinésies.

C’est pour­quoi, après une courte période de non trai­te­ment, je suis passé, sur les conseils de mon neuro­logue, à un trai­te­ment à base d’agoniste dopa­mi­ner­gique et d’IMao, et cela à des doses modé­rées .J’ai essayé d’éviter le plus long­temps possible l’usage de la L Dopa. Je n’ai commencé la L Dopa qu’en 2008, après 8 ans de mala­die, et, à poste­riori, je pense que j’aurais pu encore attendre un ou deux ans.
Pendant ces dix années, j’ai eu le senti­ment dans mon combat contre la mala­die, de suivre une stra­té­gie, bien argu­men­tée et claire et de plus approu­vée offi­ciel­le­ment par les neuro­logues fran­çais (elle résulte d’un consensus).
J’ajouterai que prendre le moins possible de médi­ca­ments fait faire des écono­mies à la Sécu­rité Sociale. 

Tout allait bien pour moi, aussi bien que possible sur le plan médi­cal et assez bien sur le plan psycho­lo­gique, jusqu’à ce jour de mars 2010. Ce jour là, je lisais sur le site GP 29, le compte rendu d’une inté­res­sante confé­rence du profes­seur Pollak, quand j’ai été surpris à la lecture de cette phrase : « L’attitude actuelle du corps médi­cal est de conseiller un trai­te­ment anti­par­kin­so­nien dès les premiers signes de la mala­die. On commence donc à trai­ter au plus tôt, ce qui pour­rait consti­tuer un béné­fice sur une moindre inva­li­dité au long cours. En gros, ça ne sert à rien de souf­frir en début de mala­die en retar­dant la prise de médi­ca­ments, c’est le contraire qui serait favo­rable pour l’avenir : trai­ter tôt mais avec de petites doses de chaque médicament. »
J’ai retrouvé la même stra­té­gie initiale sous la plume du profes­seur Pollak, à la page 240 du Livre Blanc : « Les bonnes pratiques théra­peu­tiques conseillent aujourd’hui de propo­ser un trai­te­ment anti­par­kin­so­nien dès le tout début des symp­tômes parkin­so­niens » On trouve ensuite dans les pages suivantes du Livre Blanc la descrip­tion des stra­té­gies préco­ni­sées dans les phases ulté­rieures de la maladie.
A l’évidence, il s’agit d’un chan­ge­ment total de stra­té­gie pour les patients débutants.
Par ailleurs, l’annonce est assor­tie de commen­taires quelque peu déva­lo­ri­sants : en gros, cela ne sert à rien de souffrir…etc. Aurais-​je souf­fert inuti­le­ment depuis 10 ans ? A titre person­nel, je n’en ai pas le senti­ment. Mais d’autres malades peuvent penser différemment.
Je ne suis pas du tout contre les chan­ge­ments de stra­té­gie (n’étant plus débu­tant, je ne suis pas concerné en tant que malade par ce qui est proposé !). Je pense même que au bout de 10 ans, il est normal pour les neuro­logues à partir de leurs expé­riences, de juger de l’efficacité des stra­té­gies préco­ni­sées en 2000 .Mais un chan­ge­ment de stra­té­gie devrait être la consé­quence de l’exposé d’arguments pour et contre, avant d’être affirmé.
Plusieurs phrases sont écrites au condi­tion­nel : « ce qui pour­rait consti­tuer un béné­fice sur une moindre inva­li­dité au long cours » ou bien : « c’est le contraire qui serait favo­rable pour l’avenir »
On peut se deman­der quelle serait une moindre inva­li­dité au long cours et aussi pour­quoi trai­ter tôt, mais avec de petites doses de chaque médi­ca­ment serait favo­rable à l’avenir.
Bien entendu, je sais que si les neuro­logues proposent un chan­ge­ment de stra­té­gie, ils ont certai­ne­ment des raisons, que les malades souhai­te­raient connaitre.
Dans le Livre Blanc, dans les pages 51 et suivantes, on parle longue­ment de la néces­sité d’améliorer les annonces faites au patient Parkin­so­nien au cours des phases d’évolution de la mala­die. Pour cela, il est envi­sagé (voir page 55), la tenue d’une seconde confé­rence du consen­sus prenant en compte le problème des annonces.
Je pense que cette confé­rence devrait aussi et prio­ri­tai­re­ment mettre à jour les diffé­rentes stra­té­gies théra­peu­tiques expo­sées dans la confé­rence de consen­sus de l’an 2000.

En conclu­sion, je cite­rai cette propo­si­tion conte­nue à la page 55 du Livre Blanc :

Dix ans , après, une seconde confé­rence de consen­sus ne s’impose-t-elle pas pour défi­nir les meilleures condi­tions d’annonces diag­nos­tiques et théra­peu­tiques et la mise en œuvre de recom­man­da­tions de bonnes pratiques dans le cadre d’un programme piloté par la Haute auto­rité de santé sur la mala­die de Parkinson ?

Jean Pierre Lagadec

Informations sociales

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°42 – septembre 2010 

Suites du livre blanc : réunion de travail du 1er juillet 2010

Mme de PENANSTER remer­cie les parti­ci­pants et excuse la DGEFP et la DGOS.
L’objectif de la réunion est d’analyser les propo­si­tions conte­nues dans le Livre Blanc remis par l’association France Parkin­son à Mme la Ministre de la Santé. Une réunion prépa­ra­toire s’est tenue avec les diffé­rentes admi­nis­tra­tions concer­nées par les prio­ri­tés expo­sées, chacune d’elles présen­tera un état des lieux sur les diffé­rents axes. Les direc­tions non repré­sen­tées ont adressé des fiches d’analyse.

Danielle VILCHIEN (France Parkin­son) salue cette présen­ta­tion très opéra­tion­nelle de la réunion. Elle constate que l’élaboration d’un Plan Parkin­son n’est toujours pas à l’ordre du jour et le regrette vive­ment. A minima, un tableau de bord de suivi des prio­ri­tés est à mettre en place, ces vingt prio­ri­tés ont été sélec­tion­nées parmi cent mesures. Certaines rejoignent proba­ble­ment des propo­si­tions faites pour d’autres patho­lo­gies dans d’autres plans, notam­ment celui des mala­dies chro­niques, mais ce n’est pas pour cela qu’elles seront faci­le­ment décli­nables pour la mala­die de Parkin­son. Même si des actions communes sont conduites avec d’autres patho­lo­gies, il faut garder à l’esprit la spéci­fi­cité de Parkin­son. Plus préci­sé­ment, les actions communes avec des patho­lo­gies qui s’apparentent aux démences ne peuvent être envi­sa­gées. D’autres mesures sont propres à la mala­die de Parkin­son et devront faire l’objet d’un trai­te­ment vrai­ment à part.
L’association a pour­suivi ses actions depuis le 12 avril, date de la remise du livre blanc à Mme la ministre. Les réflexions internes se sont pour­sui­vies, les délé­gués régio­naux conti­nuent à se mobi­li­ser. Des remon­tées très fortes proviennent du corps médi­cal et des adhérents. 

Mathilde LAEDERICH (France Parkin­son) précise que les présen­ta­tions du livre blanc ont rencon­tré un succès sans précé­dent : les comi­tés régio­naux des autres asso­cia­tions ont procédé égale­ment à une resti­tu­tion du Livre Blanc en local. Ainsi, 4 000 personnes ont assisté à 27 réunions régio­nales. Le corps médi­cal était présent, comme toujours, mais pour la première fois, des élus sont égale­ment venus aux réunions. Les retom­bées média­tiques ont été extrê­me­ment fortes. 450 envi­ron dont une pleine page dans Libé­ra­tion et Le Monde.

Suivant les conseils de Mme la ministre, l’association s’est rappro­chée des ARS. Néan­moins une volonté natio­nale lui paraît indis­pen­sable afin de préve­nir un accrois­se­ment des inéga­li­tés dans les territoires.
La Jour­née Mondiale a permis de comprendre la dureté de la mala­die. Les jeunes patients étaient forte­ment repré­sen­tés, leurs diffi­cul­tés d’insertion profes­sion­nelle sont impor­tantes et des inéga­li­tés terri­to­riales sont signa­lées à tout niveaux y compris au niveau du soin (accès à la chirurgie…)

Colette VEGUER précise qu’en Bretagne, le nombre de neuro­logues est insuf­fi­sant. A Saint-​Brieuc, cinq neuro­logues hospi­ta­liers font le travail de huit. Pour faire face aux périodes de vacances des neuro­logues retrai­tés ont été solli­ci­tés. Le délai pour l’obtention d’un rendez-​vous est de 9 mois. 

Fran­çoise VIGNON ajoute que les consul­ta­tions sont parfois réduites à une demi-​heure. Il est impos­sible pour un malade d’exposer ses problèmes et pour le neuro­logue d’y répondre norma­le­ment. Les malades sont pour­tant en recherche d’explications et de soutien.
Yves WACHE confirme que le Livre Blanc a rencon­tré un immense succès. Des parti­cu­liers l’achètent. Il précise que les parkin­so­niens se prennent en charge, parti­cipent aux soins et au diag­nos­tic de leur mala­die. Ceci est extrê­me­ment impor­tant. Les aidants ont une charge physique et psychique épou­van­table. L’éducation théra­peu­tique des malades, des aidants et du person­nel soignant est indispensable.

Anny AUGE insiste sur l’urgence du déve­lop­pe­ment de l’éducation théra­peu­tique et de la forma­tion. L’association effec­tue beau­coup de sensi­bi­li­sa­tion et de forma­tion. L’accent doit porter sur la connais­sance de la vie quoti­dienne des malades. Un film de 12mn présen­tant ce quoti­dien est très éclai­rant et favo­rise les prises de conscience.

Domi­nique de PENANSTER propose de faire le tour des actions prio­ri­taires conte­nues dans le Livre Blanc.

Le compte rendu inté­gral des débats a été diffusé à toutes les asso­cia­tions. Nous ne retien­drons que deux points importants.
PRIORITES 1, 18 et 19
Colette VEGUER alerte sur le dispo­si­tif des ALD, l’absence d’uniformité sur le terri­toire. Pour exemple, elle a été recon­nue en ALD pour une durée de dix ans dans un premier temps, elle s’est retrouvé sans ALD à échéance, un rempla­çant de son méde­cin a renou­velé la demande pour 6 mois. Il a fallu qu’elle effec­tue une troi­sième demande pour l’obtenir pour cinq ans. Dans d’autres régions, l’ALD serait valable pour toute la fin de vie
PRIORITES 17, 20 (recherche)
Le parte­na­riat avec l’industrie phar­ma­ceu­tique est très impor­tant, mais il pose un certain nombre de ques­tion. A ce jour, l’industrie phar­ma­ceu­tique se désen­gage du système nerveux en géné­ral et de la mala­die de Parkin­son en parti­cu­lier. Les grands labo­ra­toires phar­ma­ceu­tiques ne sont plus inté­res­sés par ce type de patho­lo­gie. Dans ce domaine, le parte­na­riat avec l’industrie phar­ma­ceu­tique devient drama­ti­que­ment pauvre. Cette indus­trie n’est plus derrière nous.

Lu par Jean GRAVELEAU

Les problèmes de vue des parkinsoniens

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°42 – septembre 2010 

Par Iris Reckert, orthop­tiste, dans le «  Parkin­son Suisse  » de juin 2010

De nombreux parkin­so­niens souffrent de troubles de la vision tels que la baisse de la sensi­bi­lité aux contrastes, la séche­resse oculaire ou la diplo­pie gênante. Heureu­se­ment, des solu­tions effi­caces existent pour la plupart des problèmes.

Les problèmes de vue et les troubles de l’acuité visuelle ne sont pas rares en cas de Parkin­son : en effet, la mala­die exerce égale­ment une influence sur diffé­rents facteurs oculaires.

Les défauts des verres à foyer progressif.
Pour qu’ils garan­tissent une vue nette, les verres doivent être parfai­te­ment polis. En effet, la partie supé­rieure des verres sert pour la vue de loin et la partie infé­rieure, pour la lecture. Si les lunettes ne sont pas ajus­tées, si le regard « glisse » ou si le port de tête est incliné, la direc­tion du regard dans la zone optique du verre corres­pon­dant est alté­rée et la vue devient floue. Ce problème est renforcé quand (indé­pen­dam­ment de la forme du verre et de la monture des lunettes) la zone de lecture des verres à foyer progres­sif est petite ou très basse. Les yeux doivent alors « cibler » plus préci­sé­ment pour que le regard se dirige exac­te­ment dans la zone des verres desti­nés à la lecture.

L’orthoptiste est formelle. C’est ce problème qui perturbe le patient. En effet, chez lui, comme c’est souvent le cas chez les parkin­so­niens, le port de tête et la tenue se sont alté­rés au fil des années et la direc­tion du regard n’est plus adap­tée aux lunettes à foyer progressif.

Alter­na­tive confor­table : les lunettes de lecture supplémentaires 
Pour le soula­ger, l’orthoptiste lui recom­mande d’acheter des lunettes spéci­fiques à la lecture. Ces dernières ne corrigent pas seule­ment la vue de près ; le verre présente la même inten­sité de correc­tion sur toute la surface. De cette manière, la vue du patient est toujours nette quand il lit, quelle que soit la zone du verre dans laquelle il regarde. Il peut se détendre : il ne doit plus se concen­trer sur la direc­tion de son regard ou sur son port de tête.

En outre, il peut utili­ser ses lunettes à foyer progres­sif en tant que lunette « à tout faire », pour se prome­ner, travailler sur son ordi­na­teur ou égale­ment pour lire rapi­de­ment des textes brefs tels qu’une facture ou un menu au restau­rant. Quand il souhaite se plon­ger dans le jour­nal ou bouqui­ner, la solu­tion la plus confor­table reste toute­fois les lunettes de lecture.

Diplo­pie et troubles de la coopé­ra­tion des deux yeux
Certains carac­tères « glissent » d’abord les uns sur les autres, puis le patient voit tout en double, notam­ment quand il lit des textes plus longs ou travaille sur l’ordinateur. Ce sont des troubles de la mobi­lité et de la coopé­ra­tion des deux yeux qui sont à l’origine de ce phénomène.

Si cette coopé­ra­tion des yeux est pertur­bée par la mala­die de Parkin­son, les patients voient double. La plupart du temps, la diplo­pie est perçue comme plus gênante que les troubles de la mobi­lité oculaire, égale­ment fréquente en cas de Parkin­son. Ainsi, de nombreux parkin­so­niens ne s’aperçoivent pas que souvent, ils ne peuvent plus dépla­cer leurs yeux suffi­sam­ment loin vers le haut ou que les mouve­ments de leur regard sont ralen­tis et en partie déréglés.

Invo­lon­tai­re­ment, de nombreux parkin­so­niens déplacent trop peu leurs yeux. Par ailleurs, ils clignent rare­ment des yeux (ce proces­sus est incons­cient, il se mani­feste surtout lors des travaux qui exigent de la concen­tra­tion). Le regard devient alors « fixe » et immo­bile ; le réflexe de cligne­ment n’a pas lieu. Ce manque de mouve­ment des yeux inhibe les commandes de correc­tion invo­lon­taires du cerveau et les petits défauts visuels sont mani­festes. La posi­tion des yeux est mauvaise – la diplo­pie fait son apparition. 

De légères modi­fi­ca­tions du compor­te­ment visuel s’avèrent effi­caces. Quand le patient lit, il cligne forte­ment des yeux à la fin de chaque page et effec­tue un bref va-​et-​vient du regard. Quand il travaille sur ordi­na­teur, il modi­fie égale­ment son regard, le laisse vaga­bon­der de temps en temps par la fenêtre et ne reprend qu’ensuite la lecture de l’écran. De cette manière, les yeux reçoivent suffi­sam­ment d’impulsions pour leur coopé­ra­tion. Quand de temps en temps, le jour­nal se dédouble, il sait ce qu’il doit faire : regar­der ailleurs, cligner des yeux avec vigueur et « cibler » à nouveau.

Quand la diplo­pie persiste
Malheu­reu­se­ment, au cours de l’évolution progres­sive de la mala­die de Parkin­son, des défauts visuels provo­quant une diplo­pie persis­tante, notam­ment de près, peuvent se mani­fes­ter. Il s’avère alors néces­saire de consul­ter un orthop­tiste. Ce dernier mesure la posi­tion des yeux et adapte un prisme. Les prismes sont des verres qui déplacent l’image de manière ciblée, afin de corri­ger la dévia­tion des axes visuels. Ainsi, l’anomalie de conver­gence de la paire oculaire est compen­sée et les patients voient à nouveau correc­te­ment. La plupart du temps, un prisme provi­soire est collé sur des lunettes normales pour une phase d’essai. Une fois que le prisme opti­mal a été trouvé, il peut être inté­gré aux lunettes dans la limite d’un certain nombre de dioptries. 

La lampe de lecture optimale
« Plus les problèmes de vue sont marqués, plus il est impor­tant que l’éclairage soit correct ». Cette formule s’applique tout parti­cu­liè­re­ment aux parkin­so­niens. En effet, la carence en dopa­mine a égale­ment des réper­cus­sions sur la rétine ou sur les influx nerveux entre la rétine et le cortex visuel. On remarque notam­ment un affai­blis­se­ment de la sensi­bi­lité au contraste. Ainsi les patients observent souvent un effa­ce­ment tempo­raire des carac­tères en lisant. Dans ce cas, une lampe à lumière froide (à écono­mie d’énergie) apporte une aide effi­cace. Ces lampes assurent un éclai­rage parti­cu­liè­re­ment riche­ment contrasté du texte, de sorte que les impré­ci­sions dans la percep­tion deviennent moins gênantes. 

Sèche­resse oculaire – un problème qui n’a pas lieu d’être
Les patients parkin­so­niens sont très souvent concer­nés par ce phéno­mène gênant. D’une part, la compo­si­tion de leur liquide lacry­mal n’est pas opti­male, d’autre part on suppose que la mala­die porte atteinte à l’« horloge interne » du cligne­ment d’yeux. C’est la raison pour laquelle les parkin­so­niens cillent moins souvent. Le film lacry­mal de l’œil sèche. Peuvent en décou­ler des irri­ta­tions au niveau des yeux, une inflam­ma­tion de la conjonc­tive et un excès de larmes incon­trôlé. Dans ce cas, les larmes « arti­fi­cielles » sous forme de gouttes oculaires peuvent s’avérer utiles. Celles-​ci doivent abso­lu­ment être dépour­vues d’agents conser­va­teurs. Ces derniers peuvent provo­quer des réac­tions d’intolérance et sont donc contre-​indiqués dans le cadre d’une appli­ca­tion régulière. 

Problèmes visuels d’origine médicamenteuse
Certains anti­par­kin­so­niens peuvent avoir des réper­cus­sions néga­tives sur la percep­tion optique. Les médi­ca­ments dopa­mi­ner­giques peuvent ainsi déclen­cher des hallu­ci­na­tions visuelles (percep­tion d’éléments qui n’existent pas). Dans ce cas, l’assistance d’un neuro­logue expé­ri­menté est requise. Certains anti­cho­li­ner­giques peuvent être à l’origine d’une dila­ta­tion des pupilles. Contre la sensi­bi­lité à la lumière qui en résulte, le port de lunettes à verres tein­tés s’avère utile. 

Pour conclure : problème connu est problème vaincu
Les troubles de la vision et les problèmes de lunettes concernent de nombreux parkin­so­niens. Il faut faire exami­ner ses problèmes par un spécia­liste. Il existe des solu­tions effi­caces pour nombre d’entre eux : entre­te­nir sa mobi­lité oculaire grâce à des exer­cices, cligner consciem­ment et souvent des yeux, se faire ajus­ter une nouvelle paire de lunette, utili­ser une lampe à lumière froide. Ainsi on lit en toute quié­tude et on retrouve le plai­sir de lire son jour­nal quotidien.

Problèmes et solutions

  • Sèche­resse oculaire : utili­sez des substi­tuts lacry­maux sans agents conser­va­teurs, clignez acti­ve­ment des yeux plus fréquemment 
  • Diffi­cul­tés pendant la lecture : veillez à ce que l’éclairage soit opti­mal (lampe à lumière froide), utili­sez des lunettes spéciales.
  • Diplo­pie : cillez beau­coup, dépla­cez acti­ve­ment les yeux plus souvent, éven­tuel­le­ment faites vous ajus­ter des lunettes à prisme.
  • Eblouis­se­ment : portez des lunettes de soleil ou mettez des verres solaires sur des lunettes normales. Quand le soleil est haut, portez un chapeau à larges bords

Conseils géné­raux :

  • Faites régu­liè­re­ment contrô­ler vos yeux par un ophtalmologiste
  • Décrivez-​lui les problèmes et mention­nez abso­lu­ment que vous souf­frez du Parkinson
  • Si vous voyez double, demandez-​lui un bilan orthoptique
  • Indi­quez préci­sé­ment à l’opticien pour quelle acti­vité vous souhai­tez des lunettes

Lu par Jean GRAVELEAU

Recherche sur des thérapies restauratrices

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°42 – septembre 2010 

La mala­die de Parkin­son est une affec­tion neuro­lo­gique carac­té­ri­sée par une perte lente et progres­sive d’une sous popu­la­tion de neurones centraux, les neurones dopa­mi­ner­giques. La dégé­né­res­cence des neurones dopa­mi­ner­giques de la substance noire provoque un défi­cit en dopa­mine, une molé­cule indis­pen­sable à une bonne coor­di­na­tion motrice. L’administration de lévo­dopa permet de compen­ser tempo­rai­re­ment ce défi­cit et améliore les trem­ble­ments, la rigi­dité des membres ou la diffi­culté à amor­cer les mouve­ments. Cepen­dant, après quelques années de théra­pie, la plupart des patients déve­loppent des mouve­ments anor­maux, appe­lés dyski­né­sie. De ce fait, l’implantation d’électrodes dans des régions du cerveau comme le noyau subtha­la­mique, est appa­rue comme une très bonne alter­na­tive. En effet, la stimu­la­tion céré­brale profonde (SCP) est très effi­cace sur les symp­tômes moteurs et permet une bonne coor­di­na­tion motrice. Malheu­reu­se­ment, seul un nombre restreint de patients peut béné­fi­cier de la SCP. De plus, l’ensemble de ces stra­té­gies théra­peu­tiques ne traite que les symp­tômes de la mala­die de Parkin­son, sans lais­ser espé­rer une récu­pé­ra­tion complète et défi­ni­tive des popu­la­tions neuro­nales affec­tées. D’où la néces­sité de pour­suivre les travaux de recherche en trans­plan­ta­tion intracérébrale. 

Les essais cliniques réali­sés sur un panel de plus de 500 patients à travers le monde ont souli­gné l’intérêt de gref­fer des neurones fœtaux en cas de mala­die de Parkin­son. L’approche demande à être opti­mi­sée mais le déve­lop­pe­ment de cette stra­té­gie restau­ra­trice est gran­de­ment limité par la dispo­ni­bi­lité et les consi­dé­ra­tions éthiques liées à l’utilisation de tissu fœtal d’origine humaine. La trans­plan­ta­tion de cellules d’origine animale, notam­ment de neurones porcins, permet­trait d’avoir à dispo­si­tion une grande quan­tité de cellules trans­plan­tables d’excellente qualité biolo­gique et sani­taire, si l’on parve­nait à contrô­ler loca­le­ment la réac­tion immu­ni­taire respon­sable du rejet de xéno­greffes intra­cé­ré­brales. En effet, des neurones porcins implan­tés dans un cerveau de rat adulte immu­no­com­pé­tent sont systé­ma­ti­que­ment reje­tés deux mois après la greffe. Nos travaux réali­sés au sein de l’unité INSERM 643 ont révélé qu’une co-​greffe de neurones porcins avec des cellules souches mésen­chy­ma­teuses (CSM) issues de la moelle osseuse pouvait prolon­ger la survie des gref­fons jusqu’à 4 mois. L’utilisation d’un modèle de neuro­dé­gé­né­res­cence dopa­mi­ner­gique chez le rat (lésion par la 6‑OH-​dopamine) nous a permis de corré­ler cette survie à une récu­pé­ra­tion motrice. Ainsi, la co-​transplantation de neurones porcins et de CSM chez des rats lésés leur a permis de retrou­ver partiel­le­ment l’usage de leurs deux pattes anté­rieures, 90 et 105 jours après l’opération. Le méca­nisme à la base de l’immunorégulation exer­cée par les MSC est actuel­le­ment à l’étude afin de déve­lop­per des stra­té­gies d’immunosuppression locale adap­tée aux greffes dans le cerveau. Une telle stra­té­gie permet­trait d’assurer la survie à long terme de xéno­greffe intra­cé­ré­brale, en limi­tant les effets secon­daires liés à l’administration de fortes doses d’immunosuppresseurs, et ouvri­rait de nouvelles pers­pec­tives pour les théra­pies restau­ra­trices en cas de mala­die neuro­dé­gé­né­ra­tives comme la mala­die de Parkinson. 

Ce travail qui a consti­tué l’essentiel de mon travail de thèse, a été réalisé avec le soutien de l’association CECAP et c’est de tout cœur que je remer­cie l’ensemble de ses membres. 

Xavier LEVEQUE

Note de la rédac­tion : Xavier Lévêque a soutenu sa thèse le 21 Juin à la Faculté de Méde­cine de Nantes. Il a reçu son titre de docteur es-​sciences avec les féli­ci­ta­tions du Jury suivant : 

  • Mr Fran­çois VALLETTE, Docteur, Nantes
  • Mme Afsa­neh GAILLARD, Profes­seur, Poitiers
  • Mr Philippe HANTRAYE, Profes­seur, Paris
  • Mr Julien ROSSIGNOL, Docteur, Mount Plea­sant, MI, USA
  • Mr Philippe NAVEILHAN, Docteur, Nantes
  • Mme Isabelle NEVEU, Docteur, Nantes

Pour une fois notre subven­tionné ne s’ex­pa­triera pas !!! Il a obtenu un poste au labo­ra­toire INSERM 43 à Nantes. Il fera 50% d’en­sei­gne­ment à la fac et le reste en recherche sur la même théma­tique. C’est une bonne nouvelle ; il est, en effet, dommage de voir nos jeunes quali­fiés être obli­gés de s’expatrier, notam­ment en Amérique, pour avoir un poste rémunéré.

Présentation de l’AMS (appelée parfois Parkinson plus)

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°42 – septembre 2010 

[ERRATUM :
Un lecteur atten­tif nous a fait une remarque impor­tante concer­nant notre article, paru dans le N°42, à propos de l’AMS appelé parfois « Parkin­son Plus » : « Je suis très étonné de voir que cet article est une simple copie d’une confé­rence du profes­seur Tyson donnée à l’hôpital Brous­sais en 2003, alors que la source d’origine n’est pas rappe­lée. Bien cordia­le­ment. Roger Lenglet »

Effec­ti­ve­ment nous avions cru comprendre que Charles Dumont en était l’auteur compte tenu de la forme de son envoi. Inter­rogé préci­sé­ment sur ce point, celui-​ci nous a confirmé ne pas être l’auteur de l’article. Dont acte.
Nous tenons à expri­mer notre regret pour cette mésa­ven­ture et à remer­cier la vigi­lance de nos lecteurs.
Jean GRAVELEAU, direc­teur de la publication]

L’atro­phie multi systé­ma­ti­sée ou AMS est une mala­die neuro­lo­gique rare qui se carac­té­rise par une perte neuro­nale qui touche des zones distinctes : le système nigros­trié, le cerve­let et le système auto­nome (colonnes internes laté­rales). Chacun de ces foyers est respon­sable d’un certain type de symp­tômes : motri­cité pour le système nigros­trié, équi­libre pour le cerve­let, hypo­ten­sion et troubles urinaires, sphinc­té­rien et de l’érec­tion pour le système autonome.

Histo­rique
En 1960, Shy et Drager décrivent pour la première fois une forme de cette mala­die qu’ils distinguent de la mala­die de Parkin­son clas­sique. Ils établissent un lien entre l’hy­po­ten­sion ortho­sta­tique et l’at­teinte du système auto­nome. La mala­die appa­rais­sait alors comme une forme sévère de la mala­die de Parkin­son — d’où le nom de Parkin­son plus qui lui fut parfois donné — accom­pa­gnée de troubles du système auto­nome. Plus tard le terme de « syndrome de Shy-​Drager » sera utilisé pour décrire les troubles résul­tant de l’at­teinte du système autonome.

En 1969, Graham et Oppen­hei­mer établissent que chez certains patients, trois syndromes coexistent : la dégé­né­res­cence stria­to­ni­grale, l’atro­phie olivo­pon­to­cé­ré­bel­leuse et le syndrome de Shy-​Drager. Ces patients souffrent en fait tous de la même mala­die : l’atro­phie multi systé­ma­ti­sée. Pour tous ces patients, les trois systèmes cités précé­dem­ment sont touchés. Selon le système qui est le plus atteint, le patient présen­tera, au début de la mala­die, des symp­tômes plutôt de type parkin­so­nien (2/​3 des cas envi­ron) ou plutôt de type céré­bel­leux (1/​3 des cas). Lors de l’évo­lu­tion de la mala­die, les autres symp­tômes appa­raissent d’une façon plus ou moins marquée.

En 1989, une étape très impor­tante est fran­chie : Niall Quinn dans une publi­ca­tion inti­tu­lée « la nature de la bête » avance des critères diag­nos­tiques. Dès lors les méde­cins seront plus à même de diag­nos­ti­quer la mala­die ce qui est un préa­lable indis­pen­sable pour pouvoir déter­mi­ner un jour la ou les causes de cette mala­die et propo­ser un trai­te­ment curatif.

En 1999, lors d’une confé­rence réunis­sant divers spécia­listes mondiaux, un consen­sus sur les critères diag­nos­tiques, connus sous le nom de critères de Gilman, est établi. Très succinc­te­ment, une MSA est probable lorsqu’une atteinte du système auto­nome avec troubles urinaires est accom­pa­gnée de symp­tômes de type parkin­so­niens (avec une faible réponse à la levo­dopa) ou de symp­tômes de type cérébelleux. 

La décou­verte des inclu­sions oligodendriales :
L’an­née 1989 a été impor­tante parce qu’a­lors qu’ap­pa­rais­sait cet article fonda­teur de Quinn, est apparu l’ar­ticle de Papp et Lantos, qui sont aussi londo­niens mais qui ne sont pas biolo­gistes. Papp et Lantos ont décou­vert les fameuses inclu­sions oligo­den­dro­gliales Ces auteurs, qui s’in­té­res­saient à la mala­die, ont décou­vert, dans le cerveau des patients atteints de la MSA, qu’une cellule, qui est en fait une cellule de soutien, qui entoure le neurone et forme la gaine de myéline, qu’on appelle l’oli­go­neu­ro­cyte, accu­mu­lait un maté­riel qui ne devrait pas être là, qu’on a appelé inclu­sions oligo­den­driales. On sait main­te­nant que cette inclu­sion n’est pas spéci­fique de la MSA, qu’elle peut se trou­ver dans d’autres mala­dies mais toujours en densité beau­coup plus faible. Il n’y a que la MSA pour donner une densité aussi impor­tante d’oli­go­den­dro­gliales. C’est donc un marqueur patho­lo­gique. Il se trouve que ce marqueur patho­lo­gique se trou­vait dans les formes céré­bel­leuses, dans les formes parkin­so­niennes et donc a confirmé l’uni­cité de la maladie. 

Des progrès remar­quables en 15 ans Ce que j’ai­me­rais vous faire toucher du doigt, c’est que la MSA est une mala­die orphe­line pour laquelle on a fait des progrès en 15 ans tout à fait remarquables. 

Jusqu’en 89, le nombre de neuro­logues qui connais­saient cette mala­die et qui savaient la diag­nos­ti­quer se comp­taient sur les doigts de la main dans le monde. Et après 89, on a appris à :

  • bien recon­naître la maladie
  • propo­ser des critères diagnostiques
  • propo­ser des critères de recon­nais­sance pathologique
  • propo­ser des critères concer­nant les examens utiles pouvant aider au diagnostic
  • savoir diffé­ren­cier cette mala­die des autres syndromes parkin­so­niens atypiques
  • connaître en grande partie l’épi­dé­mio­lo­gie de la mala­die, sa distri­bu­tion en parti­cu­lier dans le monde
  • adap­ter des échelles cliniques pour défi­nir des moda­li­tés d’évo­lu­tion de la mala­die et mettre en place les premiers essais thérapeutiques.

Donc c’est abso­lu­ment énorme. On est passé de zéro à quelque chose de vrai­ment raison­nable. Alors évidem­ment dans la vie de tous les jours, vous n’avez peut-​être pas l’im­pres­sion qu’il y a des progrès fonda­men­taux parce qu’il n’y a pas de cure de la mala­die, mais il y a peu de mala­dies neuro­lo­giques qu’on sait soigner et guérir. Mais il faut bien se rendre compte qu’il fallait commen­cer par le début commen­cer par défi­nir ce qu’é­tait la MSA, savoir quelles étaient les moda­li­tés d’évo­lu­tion de la mala­die, quels examens étaient utiles, défi­nir à quoi on allait s’in­té­res­ser concer­nant l’évo­lu­tion de cette mala­die, c’est à dire les variables qu’on allait utili­ser en essai clinique —avant de commen­cer toute recherche théra­peu­tique. C’est ce qui a été fait entre 90 et ce jour. 

Avant 90, le nombre d’ar­ticles scien­ti­fiques qui sortaient sur la MSA était infé­rieur à 10 par an, et progres­si­ve­ment il y en a eu 50, 150 et cætera. Il faut savoir qu’il y a actuel­le­ment deux groupes euro­péens de recherche qui se sont formés, et un groupe nord-​américain, qui sont dévo­lus unique­ment à la recherche clinique et théra­peu­tique concer­nant cette mala­die. C’est quand même quelque chose qui est important. 

La décou­verte de l’alphasynucléine : 
Il y a eu un autre événe­ment concer­nant la mala­die, en 2000 – 2001. On a décou­vert que ces inclu­sions compor­taient l’al­pha­sy­nu­cléine. L’al­pha­sy­nu­cléine c’est une protéine dont l’agré­ga­tion est anor­male dans les neuro­den­dro­cytes. C’est la même qui est agré­gée dans la mala­die de Parkin­son. Dans la MSA elle est surtout dans les oligo­den­dro­cytes, elle est aussi dans les neurones mais pas les mêmes neurones que dans la mala­die de Parkin­son. On a tendance à clas­ser l’AMS parmi ce qu’on appelle main­te­nant les alpha­sy­nu­cléi­pa­thies, du fait de cette patho­lo­gie cellu­laire qui carac­té­rise la mala­die. Le déve­lop­pe­ment d’an­ti­corps anti-​alphasynucléine permet de mettre en évidence la dégra­da­tion d’al­pha­sy­nu­cléine dans le cerveau et de faire le diag­nos­tic pathologique. 

C’est quelque chose d’im­por­tant parce que d’abord ça conforte l’uni­cité de la mala­die pour ceux qui en doutaient, et puis ça offre des outils diag­nos­tiques impor­tants. Malgré tout, actuel­le­ment on ne sait pas encore si l’agré­ga­tion de cette alpha­sy­nu­cléine est l’œuf ou la poule, la cause ou la consé­quence. On sait que cette alpha­sy­nu­cléine peut s’agré­ger si on abime les axones, quelle que soit l’ori­gine de cette atteinte des axones. C’est donc un mode de réac­tion des oligo­den­dro­cytes. Je ne passe pas en revue ce qui a amené à décou­vrir l’al­pha­sy­nu­cléine dans la mala­die de Parkin­son et dans la MSA, mais elle est là et bien là. 

Des modèles animaux 
C’est une piste impor­tante, et d’au­tant plus impor­tante que depuis envi­ron cinq-​six ans on commence à déve­lop­per des modèles animaux à profil AMS. On a été assez actifs à Bordeaux et égale­ment à Inns­bruck avec mon collègue Gregor Wenning. On a commencé à faire des lésions systé­miques chez le rongeur pour essayer de trou­ver éven­tuel­le­ment des possi­bi­li­tés théra­peu­tiques. Et récem­ment un groupe alle­mand asso­cié à Inns­bruck et à nous-​mêmes, a déve­loppé une souris trans­gé­nique où le gène —l’ex­pres­sion de l’al­pha­sy­nu­cléine— est dirigé vers les oligo­den­dro­cytes. Cette souris a les mêmes inclu­sions que l’atro­phie multi systé­ma­ti­sée. Le fait est que ces inclu­sions ne provoquent pas la mala­die, ne provoquent pas de symp­tômes. On les trouve —dans le cerveau— mais rien ne se passe —jusqu’à présent. Grâce au travail qu’on avait fait à Bordeaux, chez la souris, qu’on intoxi­quait par un toxique qui atteint le système nerveux, et un autre qui atteint le stria­tum qui est le 3NP, main­te­nant on a intoxi­qué une souris avec ces deux substances pour détruire le système nigro­cel­lulé et faire appa­raître des signes. Donc actuel­le­ment on a des souris qui ont à la fois des inclu­sions et à la fois aussi des signes moteurs et qui donc vont nous permettre, on l’es­père, d’avan­cer dans la recherche thérapeutique. 

Date de créa­tion : 14/​04/​2008
lu pour nous par Charles DUMONT

Le Parkinson naît-​il dans l’estomac ?

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°42 – septembre 2010 

Par Jörg Roth­wei­ler du «  Parkin­son Suisse  » de juin 2010

Bien que les connais­sances sur le Parkin­son soient en constante progres­sion, le déclen­cheur de la mala­die reste inconnu. Pour la première fois, des cher­cheurs de l’Université de Tech­no­lo­gie de Dresde ont pu simu­ler chez l’animal la progres­sion de la mala­die telle qu’elle se mani­feste chez l’homme, en appli­quant par sonde gastrique de la roté­none, un pesti­cide natu­rel qui ne passe pas dans le sang.

La roté­none inhibe la respi­ra­tion cellu­laire mito­chon­driale. Le rôle des troubles de la fonc­tion mito­chon­driale dans le déclen­che­ment du Parkin­son sur le plan cellu­laire fait depuis long­temps l’objet de débats. On sait égale­ment que la roté­none peut provo­quer des symp­tômes parkin­so­niens dans le cadre d’expérimentation animale, allant jusqu’à la perte de neurones dopa­mi­ner­giques dans la substance noire.

Contrai­re­ment aux précé­dentes expé­riences, dans le cadre desquelles la roté­none était injec­tée, les cher­cheurs dres­dois ont veillé à ce que la substance toxique n’entre en contact qu’avec l’estomac. Bien qu’aucune trace de roté­none n’ait été déce­lée dans le sérum sanguin, les animaux ont contracté la mala­die. Des examens des tissus ont révélé que (comme chez les personnes atteintes de la mala­die de Parkin­son), des agré­gats d’alphasynucléine se formaient le long d’une ligne de neurones reliés par une synapse s’étendant du système nerveux enté­rique de l’intestin à diffé­rents noyaux céré­braux, puis à la substance noire, via la moelle épinière. Comme en cas de Parkin­son humain, les cellules concer­nées présen­taient des réac­tions typiques d’inflammation.

Cette obser­va­tion semble confir­mer les hypo­thèses des neuroa­na­to­mistes, qui ne consi­dèrent pas le Parkin­son comme une affec­tion prin­ci­pa­le­ment motrice, mais comme une patho­lo­gie multi­sys­té­mique qui se propage jusque dans les aires motrices du cerveau par l’intermédiaire du système nerveux enté­rique et limbique.

L’existence d’une telle diffu­sion par l’intestin chez l’homme reste à prou­ver. Si elle est avérée, pour­quoi les indi­vi­dus qui n’ont jamais été en contact avec des pesti­cides souffrent-​ils du Parkin­son ? Quelles sont préci­sé­ment les substances suscep­tibles de déclen­cher la mala­die ? Bien que de nombreux aspects restent flous, du moins les cher­cheurs savent désor­mais plus préci­sé­ment dans quelle direc­tion orien­ter leurs recherches. 

Lu par Jean GRAVELEAU

Pensées positives permanentes…

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°42 – septembre 2010 

C’est le meilleur guide de santé qui existe!!!

Santé :

  • Bois beau­coup d’eau
  • Prends un déjeu­ner de roi, un dîner de prince et un souper de mendiant.
  • Mange plus de nour­ri­ture qui pousse dans les arbres et plantes, mange moins de nour­ri­tures manufacturées.
  • Vis avec les 3 E : Éner­gie, Enthou­siasme et Empathie.
  • Trouve un peu de temps pour méditer.
  • Joue plus souvent.
  • Lis plus de livres que tu en as lus en 2009.
  • Assieds-​toi, en silence, au moins 10 minutes par jour.
  • Dors durant 7 heures au moins.
  • Fais des marches quoti­diennes de 10 à 30 minutes et, en marchant, souris.

Person­na­lité :

  • Ne compare pas ta vie à celle des autres. Tu n’as aucune idée à quoi ressemble leur vie.
  • Évite les pensées néga­tives ou les choses que tu ne peux contrô­ler. Inves­tis plutôt ton éner­gie dans le moment présent.
    N’en fais pas trop. Connais tes limites.
  • Ne te prends pas trop au sérieux, personne d’autre ne te pren­dra au sérieux.
  • Ne perds pas ta précieuse éner­gie en commérage.
  • Rêve plus souvent éveillé.
  • L’envie est une perte de temps. Tu as déjà tout ce dont tu as besoin.
  • Oubliez les problèmes du passé. Ne rappe­lez pas aux autres les erreurs passées. Ça ruine votre bonheur présent.
  • La vie est trop courte pour la gaspiller à détester.
  • Fais la paix avec ton passé afin qu’il ne ruine pas ton présent.
  • Personne n’est en charge de ton bonheur sauf toi.
  • Prends conscience que la vie est une école et que tu y es pour apprendre. Les problèmes font simple­ment partie de ton curri­cu­lum, mais les leçons que tu appren­dras seront pour la vie.
  • Souriez et riez le plus souvent possible.
  • Tu n’as pas à gagner chaque dispute. Accepte d’être en désaccord.

Société :

  • Télé­phone à tes amis plus souvent ou envoie leur des courriels.
  • A chaque jour, donne quelque chose de bien à quelqu’un.
  • Pardonne autant que possible.
  • Passe du temps avec des gens de plus de 75 ans et de moins de 6 ans.
  • Essaie de faire sourire au moins trois personnes quotidiennement.
  • Ce que les gens pensent de toi ce n’est pas de tes affaires.
  • Ton travail ne pren­dra pas soin de toi lorsque tu seras malade. Tes amis oui. Garde le contact.
  • Agis bien !
  • Débarrasse-​toi de tout ce qui n’est pas utile, garde ce qui est beau ou joyeux.
  • La nature guérit tout.
  • Qu’il s’agisse d’une situa­tion bonne ou mauvaise, elle va changer.
  • Peu importe comment tu te sens, lève-​toi, habille-​toi et présente-toi.
  • Le meilleur est encore à venir.
  • Quand tu te réveilles le matin, remer­cie d’être en vie.
  • Ton for inté­rieur est toujours heureux. Donc, sois heureux.

Les troubles de la marche du Parkinsonien et le regard de l’autre

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°41 – juin 2010 

Témoi­gnage …

Depuis quelques temps, j’ai des problèmes de déséqui­libre ce qui m’a valu quelques chutes sans gravité mais cepen­dant avec quelques bleus. Aussi après réflexions, j’ai pensé à l’utilisation d’une aide à la marche pour compen­ser un équi­libre précaire et me redon­ner stabi­lité et confiance .La canne peut en effet servir aussi d’appui, elle assure une meilleure stabi­lité et on s’aperçoit qu’en plus elle signale aux autres personnes qu’on a une diffi­culté à se dépla­cer. Le regard de l’autre change, on ne pense plus à un problème d’alcoolisme notamment.

La marche et parfois l’équilibre peuvent être compro­mis par des douleurs lombaires ou des membres infé­rieurs mais aussi par des problèmes podo­lo­giques, des troubles de la statique plan­taire ou le pied doulou­reux de la personne âgée.

Les prises de médi­ca­ments sont des facteurs de risque des chutes notam­ment l’hypotension ortho­sta­tique avec la L‑Dopa et les agonistes dopa­mi­ner­giques et le fait de chuter peut provo­quer ce qu’on appelle le syndrome post-​chute ; c’est la peur de chuter, de la perte de la mobi­lité ou de troubles de la marche.

Nous ne sommes pas ridi­cules en prenant une canne qui peut en même temps nous aider à se tenir droits et non penchés bien souvent en avant surtout si en plus elle vous aide à obte­nir une meilleure qualité de vie .

Pensez à vous en faire pres­crire une par votre méde­cin et sortez plus rassu­rés ; mon chien a tout compris car depuis que je me sers de ma canne il ne marche pas à son rythme mais au mien ; il a compris que j’avais un handi­cap pour la marche et on va clopin-​clopant moi à trois pattes, lui avec ses quatre pattes ; et nous vous souhai­tons de belles ballades .
Colette VEGUER

Tribune libre : des États Généraux ?

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°41 – juin 2010 

Ma mémoire forma­tée à l’école de Jules Ferry m’a orienté vers des états géné­raux de style 89 avec révo­lu­tion à la clef. Je me trouve bien naïf avec le recul… Ceux de 2010 étaient conve­nables et convenus. 

Nous avons eu droit à la nuit du 4 août contre les privi­lèges ! Pour offi­cier dans ce sens : Une jeune parkin­so­nienne déjà désar­ti­cu­lée par la mala­die clamait sa volonté de ne pas se consi­dé­rer comme une handi­ca­pée ! Alors que faire ? Devons nous donc refu­ser, à ce titre, « les privi­lèges » du handi­cap ? Bonne aubaine pour l’Etat ou les pouvoirs publics : plus d’AAH, plus d’APA, de trans­ports indi­vi­dua­li­sés, d’accès adap­tés, de demi-​part supplé­men­taire pour les impôts. Ne doit-​on pas s’accepter ou se faire accep­ter avec cette diffé­rence subie et non voulue. Dire : « Je ne me consi­dère pas comme une parkin­so­nienne » ne veut pas dire qu’on ne le soit pas. 

Nous avons égale­ment eu droit au départ des volon­taires de l’An II prêts pour le massacre. « Prenez –moi comme cobaye de vos expé­riences » clama un quidam… 

Seul moment à moitié comique : La légion d’honneur donné au Président natio­nal de France-​Parkinson. La Révo­lu­tion débou­chait, encore une fois, sur l’Empire.

Et puis, l’intervention de Rose­lyne qui a voulu nous montrer que sa veste de ministre était trop petite pour elle. Elle nous a donc fait part, incons­ciem­ment, de son désir de prési­den­tiable d’autant plus qu’elle a tout expé­dié en commis­sion comme un certain poli­tique qui disait : « Quand je veux enter­rer un problème, je fais une commission »

Nous avons attendu un cri de révolte contre les abus des labo­ra­toires, contre certaines prises de posi­tions de l’Etat. En vain. Pas de prise de la Bastille de ce côté-​là. Et que dire des accueils avec embras­sades et acco­lades sur le champ de bataille ? Que dire des deux minutes de paroles si « géné­reu­se­ment » accor­dées à notre ami Pierre ? Un scan­dale par rapport au travail fourni. 

Alors, en déses­poir de cause, je me suis dit que des États Géné­raux comme ça, aussi conve­nables, aussi conve­nus, d’où les véri­tables cahiers de Doléances étaient exclus, ne pouvaient donner qu’un LIVRE BLANC. 

Le BLEU et le ROUGE ce sera pour une autre fois… Mais sans moi.
Michel Le Brun, ADPLA

Le chemin de la thérapie cellulaire en cas de Parkinson est long

Le jour­nal de Parkin­son suisse de mars 2010

Cellules souches pluri­po­tentes, cellules souches adultes, cellules précur­seurs neuro­nales : le nombre de candi­dat à la théra­pie cellu­laire chez les patients atteints de mala­dies neuro­lo­giques telles que le Parkin­son est impor­tant, le chemin vers l’application clinique encore long et semé d’embûches.

Le chemin vers une éven­tuelle appli­ca­tion clinique des théra­pies cellu­laires en cas de Parkin­son est encore très long. C’est ce qu’a expli­qué le profes­seur Guido Nikkhah, direc­teur médi­cal du service neuro­chi­rur­gie stéréo­tac­tique de la clinique univer­si­taire de Frei­burg, dans le cadre de la réunion d’automne de la Société alle­mande de méde­cine régé­né­ra­tive, qui s’est tenue à Berlin à la fin de l’année 2009.

Dans son exposé, M. Nikkhah a souli­gné qu’en effet, la recherche débu­tée dans les années 1970 après les premières trans­plan­ta­tions nerveuses sur des animaux en 1979 était passée en phase clinique dès les années 80 et avait abouti, en 1999, à la première mise en évidence diag­nos­ti­qué par PET de gref­fons nerveux fonc­tion­nels dopa­mi­ner­giques actifs. Toute­fois, en dépit de cette longue histoire, de trop nombreuses ques­tions restent en suspens. Ainsi par exemple, les deux premières études contrô­lées contre placebo réali­sées aux Etats-​Unis sur des trans­plan­ta­tions de cellules chez des patients parkin­so­niens (en 2001 et 2003) n’ont pas permis de véri­table amélio­ra­tion clinique.

Aussi, d’après M. Nikkhah, une appli­ca­tion clinique à grande échelle des théra­pies cellu­laires en cas de Parkin­son n’est pas envi­sa­geable. La recherche se trouve plutôt en phase de tran­si­tion entre l’expérimentation et l’application clinique.

Toute­fois, les cher­cheurs ont le vent en poupe ; en effet, la prochaine grande étude clinique approche déjà : TRANSEURO, une étude multi­cen­trique sur cinq ans pour le trai­te­ment du Parkin­son finan­cée par les fonds de l’Union Euro­péenne, doit bien­tôt démar­rer. Dans ce cadre, des cellules souches seront égale­ment utilisées.

Paral­lè­le­ment, à la recherche sur les cellules souches, les cher­cheurs consi­dèrent égale­ment de toutes nouvelles approches ; par exemple, l’activation des cellules précur­seurs neuro­nales présentes natu­rel­le­ment dans le cerveau. De telles théra­pies cellu­laires indi­rectes présentent notam­ment l’avantage de n’engendrer aucune réac­tion immu­no­lo­gique de rejet. Cepen­dant, les travaux de recherche sur des théra­pies cellu­laires indi­rectes de ce type deman­de­ront encore quelques années.

Jörg Roth­wei­ler

Lu par Jean GRAVELEAU

Maîtriser les cellules souches

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°41 – juin 2010 

Yves Chris­ten dans le Figaro Maga­zine du 26/​02/​2010
Leur apti­tude natu­relle à faci­li­ter la régé­né­ra­tion fait des cellules souches de merveilleux auxi­liaires de la méde­cine. Car, non encore diffé­ren­ciées, elles peuvent avoir des desti­nées diverses et permettre ainsi la régé­né­ra­tion. On sait désor­mais qu’il en existe aussi dans le cerveau humain adulte. On peut espé­rer les stimu­ler, mais aussi envi­sa­ger d’en trans­plan­ter. Mais comment se les procu­rer ? Dans l’Amérique de Bush, cette ques­tion a fait polé­mique. Car les cellules souches les plus fonc­tion­nelles, les cellules dites ES (pour embryo­nic stem cells), sont celles qui proviennent de l’embryon. Et leur utili­sa­tion s’est long­temps heur­tée aux posi­tions de certains groupes religieux.

Mais il existe désor­mais une autre voie d’obtention des cellules souches, à côté des ES, celle des cellules souches induites, ou iPS. La révo­lu­tion dans ce domaine remonte à 2007. On la doit à l’un des rares hommes à peu près certain d’obtenir le prix Nobel à brève échéance : le japo­nais Shinya Yama­naka. Ce géant de la biolo­gie cellu­laire a commencé sa carrière comme chirur­gien ortho­pé­dique, jusqu’à ce qu’il réalise, selon ses propres mots, qu’il « n’avait aucun talent pour la chirur­gie et que, de toute façon, la chirur­gie ne pouvait vrai­ment guérir aucune mala­die ». Après avoir trans­féré des gènes à des souris, il prit conscience de l’efficacité de ces mani­pu­la­tions : « Aucun médi­ca­ment ne permet­tait d’accomplir de tels miracles ».

Après un premier séjour à San Fran­cisco, son projet pris forme : repro­gram­mer les cellules. L’idée n’était pas nouvelle. On la trouve au cœur des tech­niques de clonage qui ont, par exemple, permis la nais­sance de la brebis Dolly. Il s’agit de faire en sorte que des cellules adultes veuillent bien accep­ter de rede­ve­nir toti­po­tentes. Ce qui veut dire qu’il faut se conten­ter d’une réus­site au hasard et d’un succès sur des centaines d’essais. Diffi­ci­le­ment jouable chez l’homme ! Yama­naka a atta­qué le problème au niveau molé­cu­laire. Il a sélec­tionné 24 gènes candi­dats suscep­tibles de permettre la repro­gram­ma­tion. Modeste, il déclare aujourd’hui : « C’était comme ache­ter un billet de lote­rie ; j’ai eu de la chance en récu­pé­rant le bon billet ! » Au bout de son mara­thon scien­ti­fique, Yama­naka a sorti quatre gènes gagnant : Oct‑3/​4, Sox, Klf4 et c‑Myc, qui codent pour des facteurs de trans­crip­tion, c’est-​à-​dire des molé­cules suscep­tibles d’activer les gènes. En inté­grant ces gènes dans des cellules adultes, Yama­naka les a fait retour­ner à l’état de cellules souches. Il a créé des iPS. 

Cette extra­or­di­naire décou­verte dope toute la biolo­gie, y compris l’étude du cerveau. Des cher­cheurs de New York et de Boston sont parve­nus à induire la forma­tion d’iPS à partir de cellules de la peau d’une femme âgée de 82 ans, victime d’une grave mala­die neuro­lo­gique : la sclé­rose laté­rale amyo­tro­phique. A partir de là, ils ont engen­dré de nouveaux neurones respon­sables de la motri­cité, ceux qui sont préci­sé­ment détruits dans cette affec­tion. Comme il s’agit des propres cellules du patient, il n’y a pas lieu de craindre que leur greffe soit reje­tée. L’espoir est donc immense. Mais des craintes subsistent, ainsi que le rappelle le docteur Robert Brown, un spécia­liste de Boston : « Avec ces tech­niques utili­sant des rétro­vi­rus pour repro­gram­mer les cellules, on doit se deman­der s’il n’y a pas un risque de déve­lop­pe­ment de tumeur. »

Lu par Henri MINARET

Les indus d’APA peuvent être recouvrés sur la succession

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°41 – juin 2010 

Les indus d’APA peuvent être recou­vrés sur la succession
Déci­sion du Conseil d’Etat, ASH du 2 avril 2010 N°2653

Les verse­ments indus d’allocation person­na­li­sée d’autonomie (APA) inter­ve­nus du vivant du béné­fi­ciaire peuvent être récu­pé­rés sur sa succes­sion. C’est ce qu’a décidé le Conseil d’Etat le 10 mars, préci­sant que chaque héri­tier n’est débi­teur de la dette d’APA qu’à propor­tion de sa part successorale.

Dans cette affaire, le dépar­te­ment d’Ille et Vilaine a constaté une diffé­rence d’environ 1 000€ entre les sommes versées à une béné­fi­ciaire de l’APA et les dépenses effec­tuées au titre de cette pres­ta­tion. Le Président du Conseil Géné­ral a pris une déci­sion de récu­pé­ra­tion de cet indu à l’encontre d’un seul de ses héri­tiers, en l’occurrence sa fille. Après plusieurs recours, d’abord gracieux, puis devant les commis­sions dépar­te­men­tales et centrale d’aide sociale – toutes reje­tées –, cette dernière a porté l’affaire devant le Conseil d’Etat.

La Haute Juri­dic­tion constate tout d’abord que l’héritière n’a apporté aucun élément permet­tant d’établir que la somme en litige aurait effec­ti­ve­ment servi au paie­ment des services prévus par le plan d’aide établi entre le dépar­te­ment et sa mère. Dès lors, indique-​t-​elle, cette somme doit être regar­dée comme un indu d’APA dont le dépar­te­ment est fondé à obte­nir la resti­tu­tion. La circons­tance que les justi­fi­ca­tifs deman­dés par les services du Conseil Géné­ral l’auraient été en mécon­nais­sance des règles de procé­dure est sans inci­dence sur le carac­tère indu.

Le Conseil d’État rappelle ensuite que « les sommes servies au titre de l’allocation person­na­li­sée d’autonomie ne font pas l’objet d’un recou­vre­ment sur la succes­sion du béné­fi­ciaire, sur le léga­taire ou sur le dona­taire ». Cette règle, fixée par l’article L.232 – 19 du code de l’action sociale et des familles, ne s’applique que si les pres­ta­tions ont été versées à bon droit. En revanche, elle n’interdit pas la récu­pé­ra­tion sur la succes­sion lorsque les pres­ta­tions ont été indû­ment versées. 

Enfin, en appli­ca­tion de l’article 870 du code civil, les hauts magis­trats indiquent que le dépar­te­ment d’Ille et Vilaine ne pouvait, après le règle­ment de la succes­sion, récla­mer le rembour­se­ment de l’indu aux diffé­rents héri­tiers qu’à propor­tion de leur part héré­di­taire. La succes­sion ayant fait l’objet d’un partage, la fille de la béné­fi­ciaire de l’APA ne pouvait être regar­dée comme débi­trice de la dette d’APA contrac­tée par sa mère qu’à propor­tion de sa propre part succes­so­rale et dans la limite du montant de celle-​ci. Par consé­quent, le Conseil d’Etat annule l’ensemble des déci­sions contes­tées et demande au dépar­te­ment de tirer les consé­quences de cette annu­la­tion sur les sommes que l’héritière lui aurait versées à tort.

Conseil d’Etat, le 10 mars 2010, n°316750, dispo­nible sur www.legifrance..gouv.fr
Lu par Jean GRAVELEAU

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