Ne pas être qu'un "patient" ...

Le rôle du podologue

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°56

Malme­nés, négli­gés, quand nos pieds se rappellent doulou­reu­se­ment à nous, c’est qu’il est temps d’en prendre soin. Lors­qu’ils nous font souf­frir, nous empêchent de marcher, danser, garder notre équi­libre, monter les esca­liers, l’évi­dence s’im­pose : nos pieds sont précieux ! Pour­tant 67% des Fran­çais s’en plaignent. Il faut dire qu’ils sont mis à rude épreuve, entre des chaus­sures mal adap­tées, des soins approxi­ma­tifs, parfois quelques kilos en trop ou une mauvaise circu­la­tion sanguine qui les fait gonfler, sans parler de l’amin­cis­se­ment du capi­ton plan­taire, au fil des ans, qui les rend plus sensibles. Au-​delà des pieds eux-​mêmes, ces troubles peuvent se mani­fes­ter à diffé­rents niveaux – jambes, genou, cuisse, mais aussi hanche, bassin ou épaule‑, et sérieu­se­ment pertur­ber la vie quoti­dienne. La solu­tion pour y remé­dier ? S’en occu­per, en les obser­vant régu­liè­re­ment, en les chaus­sant avec soin, et en les entre­te­nant avec minutie !

Les obser­ver avec attention :
C’est le premier bon réflexe : regar­der chaque semaine nos pieds, dessus et dessous, afin de repé­rer les craque­lures, gerçures, ampoules, callo­si­tés, verrues.… à soigner sans tarder. Obser­ver aussi les ongles : s’ils épais­sissent, se colorent ou deviennent doulou­reux, il faudra consul­ter un podo­logue. Prendre garde égale­ment à la trans­pi­ra­tion exces­sive, qui favo­rise la proli­fé­ra­tion des bacté­ries et des cham­pi­gnons respon­sables de mauvaises odeurs et de mycoses. Si une hygiène rigou­reuse ne suffit pas, des déodo­rants ou de la poudre absor­bante spéciale pieds aide à norma­li­ser le phéno­mène. Plus les pieds sont sensibles, plus il est impor­tant d’ac­cor­der une atten­tion parti­cu­lière au choix d’une bonne chaus­sure : il suffit parfois d’en chan­ger pour voir dispa­raître ses douleurs. A l’achat, une chaus­sure se teste, bien sûr au pied, mais aussi à la main.

« Commen­cez par appuyer sur la coque du talon : elle s’écrase faci­le­ment ? Le contre­fort arrière n’est pas assez rigide, la chaus­sure n’as­su­rera pas un main­tien suffi­sant du pied et de la cheville », indique Pierre Couvet, podo­logue. « Ensuite, pliez la chaus­sure en deux : si l’avant et l’ar­rière se rejoignent faci­le­ment, elle est trop souple, elle ne tien­dra pas bien le pied. Enfin, le fait de pouvoir la tordre comme un linge à esso­rer, indique qu’elle n’est pas suffi­sam­ment stable. »

Le modèle idéal comporte un petit talon assez large, ne serre pas trop le pied pour éviter les frot­te­ments, est léger, et doté d’une semelle épaisse en gomme pour un bon amorti. En cas de pied plat, l’ajout d’une semelle ortho­pé­dique pour soute­nir la voûte plan­taire améliore le confort. La peau respire mieux avec des chaus­sures en toile ou en cuir et avec des chaus­settes 100% coton. Il existe des chaus­settes conçues pour favo­ri­ser l’éva­cua­tion de la trans­pi­ra­tion, enfin marcher pieds nus aide à détendre le pied. 

Les toilet­ter tous les jours :
Pour garder « bon pied », il est impor­tant d’en prendre soin chaque jour. « Lavez-​les dans une eau tiède à 36° envi­ron, avec un savon surgras, sans les lais­ser trem­per plus de cinq à dix minutes pour éviter que la peau ramol­lisse, ce qui pour­rait entraî­ner des plaies ». Les pieds doivent être bien rincés et minu­tieu­se­ment séchés avec une serviette propre, sans oublier les espaces entre les orteils. Ensuite, c’est le moment idéal de s’oc­cu­per des ongles : assou­plis par l’eau, ils sont plus faciles à couper au carré. « Une pince à ongles tient mieux en main qu’un coupe-​ongles ou qu’un petit ciseau. Arron­dis­sez ensuite les bords afin d’évi­ter l’ongle incarné. Enfin appli­quez une crème pieds secs qui hydrate l’épi­derme et prévient des crevasses. »

Il est recom­mandé de consul­ter le podo­logue en préven­tion, une fois par an.

Article relevé dans « Notre Temps » par Soize Vignon

Syndrome des jambes sans repos (SJSR)

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°56
Petit rappel d’un article de Jean-​Pierre Laga­dec, paru dans le numéro 50 du Parkin­so­nien Indé­pen­dant et complé­ment sur les recherches en cours.

Inter­ven­tion du Dr Imad GHORAYEB (Bordeaux) le 6/​04/​2013 :
Le syndrome des jambes sans repos (mala­die de Willis Ekbom) est une affec­tion sensori-​motrice qui se carac­té­rise par des dyses­thé­sies extrê­me­ment désa­gréables, touchant préfé­ren­tiel­le­ment les membres infé­rieurs et s’accompagnant d’un besoin irré­pres­sible de bouger. Les symp­tômes nette­ment plus sévères en fin de jour­née, sont aggra­vés par l’immobilité prolon­gée et sont partiel­le­ment soula­gés par le mouve­ment. Le SJSR appa­raît ainsi comme l’une des plus fréquentes patho­lo­gies neuro­lo­giques, il n’en reste pas moins une des plus sous diag­nos­ti­quées et mal prises en charge.

La physio­pa­tho­lo­gie du SJSR reste mal connue.

Deux hypo­thèses, celle d’un dysfonc­tion­ne­ment du système dopa­mi­ner­gique et celle d’un trouble du méta­bo­lisme du fer, semblent cepen­dant se complé­men­ter pour rendre compte des méca­nismes du SJSR. Dans l’état actuel des connais­sances, aucune de ces hypo­thèses n’a pu être véri­fiée de manière consen­suelle et ne peut clai­re­ment expli­quer les mani­fes­ta­tions cliniques de ce syndrome.

L’efficacité du trai­te­ment dopa­mi­ner­gique, l’aggravation par les neuro­lep­tiques et la fréquence élevée de surve­nue du SJSR dans la mala­die de Parkin­son sont à l’origine de l’hypothèse selon laquelle la physio­pa­tho­lo­gie du SJSR serait liée à un possible « défi­cit dopa­mi­ner­gique ». Actuel­le­ment, aucune donnée scien­ti­fique ne permet de confir­mer cette hypo­thèse. Les études par image­rie céré­brale n’ont pas réussi à démon­trer des modi­fi­ca­tions cohé­rentes en faveur d’un défi­cit dopa­mi­ner­gique, aucune perte de neurones dopa­mi­ner­giques n’a été retrou­vée dans les études anato­mo­pa­tho­lo­giques et la recherche de marqueurs biolo­giques du méta­bo­lisme dopa­mi­ner­gique dans le liquide céphalo-​rachidien a, de manière inat­ten­due, montré une augmen­ta­tion de la 3‑O-​méthyldopa et de l’acide homo­va­nillique en faveur plutôt d’une augmen­ta­tion de l’activité dopaminergique.

L’hypothèse du fer est beau­coup plus convain­cante dans le SJSR. Contrai­re­ment à « l’hypothèse dopa­mi­ner­gique », l’ensemble des études, qu’elles soient basées sur la recherche de para­mètres biolo­giques, sur les données de l’imagerie céré­brale ou encore sur les résul­tats anato­mo­pa­tho­lo­giques, confirment le lien entre carence en fer et SJSR. 

Chez le petit animal carencé en fer, de fortes inter­ac­tions ont été démon­trées entre le méta­bo­lisme du fer et le système dopaminergique.

Les résul­tats préli­mi­naires obte­nus chez le primate non-​humain (PNH) montrent une rela­tion inverse entre la carence induite en fer et, d’une part, la produc­tion de dopa­mine in vivo et, d’autre part, l’augmentation de l’activité loco­mo­trice globale de l’animal.

Basé sur des données de la litté­ra­ture et sur les résul­tats de recherche fonda­men­tale menée au sein de l’Institut des Mala­dies Neuro­dé­gé­né­ra­tives (Univer­sité Bordeaux 2 CNRS UMR 5293) une mise en place d’un projet est envi­sa­gée concer­nant la recherche clinique visant à confir­mer, pour la première fois chez l’homme, les corré­la­tions inverses entre méta­bo­lisme du fer et méta­bo­lisme dopa­mi­ner­gique à la fois sur le plan biolo­gique et sur le plan de l’imagerie céré­brale. Les résul­tats devraient confir­mer l’hypothèse d’une hyper­ac­ti­va­tion du système dopa­mi­ner­gique dans le SJSR dans un contexte de carence biolo­gique en fer rendant compte ainsi du carac­tère circa­dien des symp­tômes du SJSR.

Les retom­bées de ce travail parfai­te­ment trans­la­tion­nel sont évidentes tant du point de vue de la compré­hen­sion de la physio­pa­tho­lo­gie du SJSR que du point de vue de l’amélioration de la prise en charge théra­peu­tique des patients qui en sont affec­tés à travers des projets de recherche clinique futurs en rapport avec les résul­tats de ce projet.

Commu­ni­ca­tion du Dr Chris­telle MONACA (Lille) le 12/​04/​2013 :
En ce qui concerne les trai­te­ments, il faut insis­ter sur le fait qu’il est indis­pen­sable de trai­ter tout patient ayant une forme sévère à très sévère d’autant que certaines études récentes pour­raient lais­ser suppo­ser que le SJSR serait un facteur de risque cardio vascu­laire et parti­cu­liè­re­ment hyper tension artérielle.

Le choix du trai­te­ment entre les trois agonistes dopa­mi­ner­giques (Adar­trel, Sifrol et Neupro) doit être fait (par le neuro­logue) en fonc­tion de la durée des symp­tômes chez chaque patient car chaque molé­cule a une demie-​vie (durée pendant laquelle elle agit) différente.

Il est impor­tant de ne pas dépas­ser les doses maxi­males auto­ri­sées du fait du risque de syndrome d’augmentation (appa­ri­tion des symp­tômes dans d‘autres parties du corps et/​ou plus tôt dans la journée).

Il faut noter égale­ment le fait qu’il ne faut pas trai­ter les cas de SJSR légers et modé­rés en parti­cu­lier si ceux-​ci ne surviennent que très ponctuellement.

Au niveau de la physio­pa­tho­lo­gie, des études géné­tiques ont permis de montrer l’implication de 4 loci (empla­ce­ment physique précis et inva­riable sur un chromosome).

Le fer et la dopa­mine gardent une place impor­tante dans la physio­pa­tho­lo­gie du SJSR.

Une étude clinique en cours sur Stras­bourg et Lille teste un produit natu­rel qui pour­rait venir au moins en complé­ment des trai­te­ments habi­tuels pour permettre un meilleur soula­ge­ment. Ce produit, à base de fer pour­rait ensuite, si les résul­tats de cette étude sont concluants, être testé à plus grande échelle avec un nombre de patients impor­tants qui seraient alors suivis dans plusieurs centres (étude multicentrique).

Info trans­mises par Renée Dufant

La caféine nuit au développement du cerveau des souris

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°56

Une étude menée sur des souris indique que la prise de caféine pendant la gesta­tion peut nuire au déve­lop­pe­ment céré­bral du fœtus. Or, s’il ne fait plus aucun doute que l’ab­sorp­tion – même mineure – d’al­cool ou de tabac par la mère durant la gros­sesse ne va pas sans dégâts, la ques­tion reste en débat en ce qui concerne la caféine. Elle vaut autant pour le petit noir et le grand crème que pour tout produit conte­nant cette substance : thé, choco­lat, bois­sons éner­gi­santes et certains sodas. 

Jusqu’ici, « la plupart des études sur le sujet ont été peu concluantes », déplore Pierre Gres­sens, cher­cheur de l’Ins­ti­tut natio­nal de la santé et de la recherche médi­cale (Inserm) à l’hô­pi­tal Robert-​Debré de Paris et profes­seur de néona­ta­lo­gie et de neuro­lo­gie fœtale au King’s College de Londres. Pour­tant, la caféine est une des substances « psychoac­tives » (c’est-​à-​dire capables de modi­fier l’ac­ti­vité des neurones, ces cellules exci­tables du cerveau) les plus consom­mées au monde, y compris chez la femme enceinte.

Mais une étude publiée le 7 août dans la revue Science Trans­la­tio­nal Medi­cine livre des résul­tats sans appel : la prise régu­lière de caféine par des souris gestantes (l’équi­valent de deux à trois tasses de café par jour chez l’homme) affecte nota­ble­ment le déve­lop­pe­ment du cerveau de leur progéniture.

Deux effets délétères : 
« Au cours du déve­lop­pe­ment normal, les neurones naissent dans des régions céré­brales parti­cu­lières, puis migrent vers les zones céré­brales où ces cellules sont desti­nées à fonc­tion­ner », explique Chris­tophe Bernard, prin­ci­pal auteur de cette étude menée par l’In­serm à l’uni­ver­sité d’Aix-​Marseille. « Mais lorsque nous ajou­tons de la caféine dans l’eau de bois­son des souris femelles, tout au long de la gesta­tion, cela retarde la migra­tion d’une sous-​population de neurones dans le cerveau des souri­ceaux. » La caféine ralen­tit de moitié la vitesse de migra­tion de ces neurones.

Ce blocage a deux effets délé­tères, l’un à court terme et l’autre à long terme. Les souri­ceaux de moins d’une semaine sont plus sensibles aux crises d’épi­lep­sie. Et une fois adultes, ces animaux présentent des troubles de la mémoire spatiale. 

« C’est la première étude à démon­trer les effets néfastes de la caféine durant la gesta­tion sur le cerveau en déve­lop­pe­ment, souligne M. Bernard. Cela justi­fie de futures études chez la femme enceinte. » Celles-​ci seront déli­cates à conduire, car de nombreux biais peuvent faus­ser les résul­tats. D’au­tant qu’en février dernier, une étude scan­di­nave menée chez près de 60 000 femmes enceintes montrait qu’une consom­ma­tion de 125 mg de caféine par jour indui­sait un poids de nais­sance plus faible, cette réduc­tion restant au demeu­rant plutôt faible.

Selon Chris­tophe Bernard, on pour­rait néan­moins progres­ser en inter­ro­geant les familles, lors­qu’un enfant a fait une crise d’épi­lep­sie, sur la consom­ma­tion de caféine de sa mère durant la gros­sesse. Autre diffi­culté : « une même substance psychoac­tive peut avoir des effets oppo­sés selon le stade du déve­lop­pe­ment céré­bral », souligne Pierre Gres­sens. En témoigne le fait que des déri­vés de la caféine sont utili­sés comme médi­ca­ments chez des nouveau-​nés préma­tu­rés souf­frant d’in­suf­fi­sance respi­ra­toire. Or ces produits semblent amélio­rer les troubles cogni­tifs de ces nourrissons.

Recom­man­da­tions floues : 
Les recom­man­da­tions actuelles en la matière restent floues et variables selon les pays. En France, l’Ins­ti­tut natio­nal de préven­tion et d’édu­ca­tion pour la santé préco­nise d’ « éviter de consom­mer trop de bois­sons conte­nant de la caféine (pas plus de trois tasses de café par jour) pendant la gros­sesse et la période d’al­lai­te­ment ».

Faudra-​t-​il revoir ces recom­man­da­tions ? Et peut-​on tout inter­dire à la femme enceinte ? « Si les dangers de l’al­cool durant la gros­sesse sont géné­ra­le­ment bien compris, les fumeuses ont du mal à suivre les recom­man­da­tions d’abs­ten­tion totale vis-​à-​vis du tabac », note Marc Gamerre, chef du service de gynécologie-​obstétrique à l’hô­pi­tal de la Concep­tion à Marseille. Mais, pour Pierre Gres­sens, « cette étude vient étayer d’autres données qui poussent à limi­ter autant que possible la consom­ma­tion de caféine lors d’une gros­sesse. Des consom­ma­tions supé­rieures ou égales à 8 tasses par jour sont à décon­seiller forte­ment aux femmes enceintes ».

Chez la souris, la caféine consom­mée par la femelle gestante retarde la migra­tion de certains neurones dans le cerveau en construc­tion du souri­ceau. Ces vidéos comparent, sur des cellules en culture, la migra­tion de neurones en l’ab­sence ou en présence de caféine. Chris­tine Métin et Chris­tophe Bernard, Inserm-​Université Aix-Marseille.

Le Monde le 09.08.2013 à 11h56 Par Florence Rosier
Lu par Soizic Vignon

A souli­gner que, dans le numéro précé­dent de notre jour­nal, nous indi­quions les béné­fices de la caféine contre la mala­die de Parkin­son décou­verts par des neuro­logues canadiens… !
Jean Grave­leau

Maladie de Parkinson, le coupable est démasqué : l’a‑synucléine

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°56

Injec­tée en petites quan­ti­tés dans le cerveau d’ani­maux, la forme « malade » d’une protéine nommée a‑synucléine déclenche à elle seule la neuro­dé­gé­né­res­cence asso­ciée à la Mala­die de Parkin­son. C’est ce que viennent de démon­trer des cher­cheurs de l’IN­SERM. Voilà une piste, une vraie, pour lutter contre la M.P. Des cher­cheurs de l’Ins­ti­tut des mala­dies neuro­dé­gé­né­ra­tives de Bordeaux, en colla­bo­ra­tion avec des équipes espa­gnoles, viennent de montrer qu’une protéine présente sous la forme d’agré­gats dans le cerveau des malades est capable, à elle seule, de déclen­cher et de propa­ger la patho­lo­gie neuro­dé­gé­né­ra­tive chez l’animal.

Cette protéine, l’a-​synucléine, est natu­rel­le­ment présente chez les sujets sains, mais pas sous sa forme agré­gée. Elle était déjà soup­çon­née de jouer un rôle impor­tant dans la mala­die de Parkin­son pour deux raisons : 

  • On la retrouve en grande quan­tité, sous la forme agré­gée, dans des amas protéiques typiques de la patho­lo­gie (corps de Loewy)
  • Dans les formes fami­liales de la mala­die, le gène muté est celui codant pour cette protéine. Par ailleurs, plusieurs études ont montré que l’a-​synucléine agré­gée est toxique pour les neurones, aussi bien in vitro qu’in vivo.
  • De la protéine à la maladie 
    Dans le cadre de cette nouvelle étude, les cher­cheurs ont tout d’abord prélevé de l’a-​synucléine dans le cerveau de patients décé­dés qui avaient donné leurs corps à la science. Les protéines obte­nues ont été puri­fiées puis injec­tées dans le cerveau de souris et de macaque, au niveau du stria­tum (la région siège de la mala­die de Parkinson).

    Les résul­tats sont éloquents : après quatre mois chez les souris et neuf mois chez les singes, les cher­cheurs ont observé une dégé­né­res­cence des neurones dopa­mi­ner­giques, typique de la mala­die de Parkin­son. Cette neuro­dé­gé­né­res­cence n’a fait que progres­ser au cours du suivi. Quatorze mois après l’in­jec­tion, l’étude du cerveau des animaux a montré que leurs propres protéines a‑synucléine s’étaient agré­gées entre elles et que ces agré­gats s’étaient propa­gés dans les aires céré­brales distantes du stria­tum. « En injec­tant dans le cerveau de ces animaux de petites quan­ti­tés de protéines humaines malades (de l’ordre du picto­gramme), nous avons déclen­ché la Mala­die de Parkin­son. C’est la preuve que cette protéine est bien le respon­sable de la patho­lo­gie », estime Benja­min Dehay, co-​auteur des travaux. « En outre, nous avons montré qu’elle agit selon un méca­nisme de type prion, tel que celui impli­qué dans la mala­die de Creutz­feld Jacob : la protéine malade admi­nis­trée induit un chan­ge­ment de confor­ma­tion des protéines a‑synucléine de l’hôte et le phéno­mène se propage de neurones en neurones, entraî­nant des dysfonc­tion­ne­ments puis la dégé­né­res­cence des cellules », écrit-​il.

    Des cibles thérapeutiques
    Reste à véri­fier que ces résul­tats sont bien trans­po­sables à l’homme. Néan­moins, de nombreux espoirs théra­peu­tiques découlent de ces travaux. « Nous pouvons suppo­ser qu’en bloquant l’agré­ga­tion de cette protéine, ou en augmen­tant sa dégra­da­tion, nous pour­rons préve­nir la mala­die », estime le cher­cheur. « Néan­moins, il faudra inter­ve­nir très en amont, avant que les agré­gats ne gagnent diffé­rentes aires céré­brales et ne soient trop diffus », explique B. Dehay.

    Les cher­cheurs disposent déjà de quelques pistes pour iden­ti­fier des cibles théra­peu­tiques permet­tant d’y parve­nir : « Un anti­corps anti-​a-​synucléine est actuel­le­ment à l’étude. Par ailleurs les données dont nous dispo­sons nous permettent de suppo­ser que l’agré­ga­tion de la protéine se déroule comme celle d’un prion. Cela devrait faci­li­ter l’iden­ti­fi­ca­tion des carac­té­ris­tiques molé­cu­laires de ce phéno­mène, » illustre-​t-​il. « Nous rentrons dans une phase extrê­me­ment active pour décou­vrir des trai­te­ment qui s’at­taquent enfin aux méca­nismes de la mala­die, et non plus seule­ment à ses symp­tômes », conclut le chercheur. 

    Note :
    Unité 5293 Inserm/​Cnrs, Insti­tut des mala­dies neuro­dé­gé­né­ra­tives (IMN), Univer­sité Victor Sega­len, Bordeaux. 

    Article relevé dans Actua­li­tés INSERM de Décembre2013
    Trans­mis par Soize Vignon

Les dysphagies parkinsoniennes

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°56

En 2009, lors d’une réunion d’information orga­ni­sée à Paim­pol par l’APCA, Monsieur Hubert Colom­bel, ortho­pho­niste et psycho­mo­tri­cien a fait un exposé sur le fonc­tion­ne­ment, les troubles et la réédu­ca­tion de la déglu­ti­tion. Un résumé de cet exposé a fait l’objet d’un article dans le numéro 36 du Parkin­so­nien indé­pen­dant, sous le titre « Le mouve­ment du cormo­ran”. Compte tenu du nombre de patients concer­nés par ces troubles et aussi de certains acci­dents, il nous a paru impor­tant de reprendre cet article de 2009 et de le complé­ter en insis­tant sur le rôle essen­tiel des aidants et des person­nels de santé.

Rappe­lons quelques définitions : 

  • La déglu­ti­tion se défi­nit comme l’action par laquelle le bol alimen­taire est trans­féré de la bouche à l’estomac.
  • La dyspha­gie est une impres­sion de gêne ou de blocage ressen­tie au moment de l’alimentation lors du passage des aliments dans la bouche, le pharynx ou l’oesophage. Les dyspha­gies peuvent être dues à diffé­rentes patho­lo­gies (acci­dents vascu­laires céré­braux, cancer de la sphère ORL).

Dans ce qui suit, nous ne trai­te­rons que des dyspha­gies d’origine Parkinsonienne. 

1. Fonc­tion­ne­ment de la déglutition : 
Après une première démarche (parfois labo­rieuse pour le Parkin­so­nien) qui consiste à porter l’aliment vers la bouche, la déglu­ti­tion va se dérou­ler en 3 temps : 

  • le temps buccal (mouve­ments volontaires)
  • le temps pharyngé (mouve­ments réflexes)
  • le temps oeso­pha­gien (mouve­ments réflexes)

Le temps buccal 
Il est géré par le système pyra­mi­dal (les mouve­ments sont volon­taires). Ce temps buccal va se dérou­ler en plusieurs phases successives :

  • tout d’abord, une phase bila­biale pour saisir l’aliment par les lèvres et le porter au niveau des dents, ce qui suppose de bonnes mobi­lité et toni­cité des muscles des lèvres.
  • puis, une phase apicale (pointe de la langue ou apex). La langue fonc­tionne comme une « louche »,pour venir récu­pé­rer l’aliment derrière les dents et amor­cer le début de la forma­tion du bolus, en cher­chant à conden­ser l’aliment au niveau du palais. Cette action de louchage demande une bonne mobi­lité de la langue.
  • ensuite, une phase de masti­ca­tion. En fonc­tion de l’aliment, les mandi­bules sont mises en action pour écra­ser l’aliment, lui asso­cier de la salive et prépa­rer le bolus.
  • enfin, une phase de consti­tu­tion du bolus. Grâce à l’élévation de la langue au palais, et à la compres­sion en amont du bolus, une dépres­sion s’exerce à l’arrière ce qui prépare le temps pharyngé qui va suivre. Cette phase demande du tonus pour exer­cer cette pres­sion et déclen­cher le temps pharyngé.

Le temps pharyngé (réflexe)
Le dépla­ce­ment du bolus vers l’arrière de la bouche provoque une éléva­tion du voile du palais, ce qui évite le reflux naso­pha­ryngé en fermant l’accès aux voies nasales. Le temps pharyngé réflexe se déclenche lorsque le bolus arrive à la base de la langue. Le bolus est propulsé vers l’arrière par un coup de piston de la langue. Au même moment, se produit un mouve­ment d’ascension du larynx et un abais­se­ment de l’épiglotte pour empê­cher la fausse route de l’aliment vers la trachée. Simul­ta­né­ment, les sphinc­ters de l’oesophage se relachent pour permettre au bolus de glis­ser jusqu’à l’estomac.

Le temps oeso­pha­gien (réflexe)
Les muscles de l’oesophage se contractent, ce qui permet la descente du bolus vers l’estomac.

2. Les premiers indices d’une dysphagie :
L’aidant a un rôle très impor­tant dans la détec­tion d’une dyspha­gie débu­tante, par la surveillance et l’observation du patient.
Souvent, les premiers indices ne sont pas évidents à inter­pré­ter. Le patient mange plus lente­ment, limite ses rations alimen­taires, est vite rassa­sié, ce qui peut entrai­ner dénu­tri­tion, déshy­dra­ta­tion, perte de poids.
Et puis appa­raissent des signes plus spéci­fiques à la dyspha­gie et loca­li­sés dans la sphère ORL : toux, présence de bave (oreillers tachés au réveil), présence de débris alimen­taires dans la bouche en dehors des repas, rejet d’un comprimé un certain temps après la prise, mauvaise haleine etc… Il est alors grand temps de consul­ter un ortho­pho­niste qui a compé­tence pour trai­ter les troubles de la déglutition.

3. Les troubles de la déglu­ti­tion (Dyspha­gie)
La déglu­ti­tion fait appel à un ensemble de mouve­ments fins et complexes de la bouche, du pharynx et de l’oesophage. Une bonne déglu­ti­tion implique une parfaite synchro­ni­sa­tion entre le mouve­ment volon­taire et les mouve­ments réflexe. Chez le Parkin­so­nien, les troubles appa­raissent dès l’atteinte de la sphère bucco-​faciale (lèvres, bouche, pharynx.), dont les muscles perdent souplesse et toni­cité. Le Parkin­so­nien dyspha­gique peut être sujet : aux fausses routes, à des reflux, à l’hypersiallorrhée.

Les fausses routes
Dans ce cas, géné­ra­le­ment en raison d’un mauvais réflexe pharyngé, l’aliment au lieu d’emprunter la voie diges­tive vers l’oesophage., se dirige vers la voie respi­ra­toire de la trachée. Il est alors le plus souvent refoulé avec ou sans toux. Mais,dans le cas de patients grave­ment atteints, les fausses routes peuvent provo­quer des problèmes pulmo­naires de plus en plus graves, voire le décès par asphyxie.

Les reflux
Il s’agit soit de remon­tée du bol alimen­taire de l’estomac ou de l’oesophage, soit de reflux de débris alimen­taires à partir de cavi­tés laté­rales du pharynx. Ces reflux désa­gréables peuvent provo­quer une perte de poids , voire une déshydratation.

L’hypersiallorrhée
Elle est rare­ment due à un excès de salive par les glandes sali­vaires, mais le plus souvent à un trouble de déglu­ti­tion. Norma­le­ment, la salive produite régu­liè­re­ment est absor­bée auto­ma­ti­que­ment, à raison de 2000 fois par jour. En cas de non absorp­tion, la salive s’accumule dans la bouche et comme le patient a les lèvres entrou­vertes et la tête bais­sée, elle finit par débor­der et couler à la commis­sure des lèvres. C’est le « bavage ».
Les troubles de la déglu­ti­tion concernent envi­ron 50% de Parkin­so­niens. Envi­ron 90% de ces dyspha­giques ont une phase buccale pertur­bée. Plus de 90% n’arrivent pas à bien former le bolus et 30% ont tendance à avoir des fuites de liquide au niveau des lèvres. 80% ont tendance au bavage.

4. Réédu­ca­tion de la déglutition
Compte tenu des risques dus aux troubles de la déglu­ti­tion, la réédu­ca­tion chez un ortho­pho­niste est néces­saire et cela le plus tôt possible. Or actuel­le­ment, 5% des dyspha­giques seule­ment béné­fi­cie­raient d’une réédu­ca­tion. Le rôle de l’orthophoniste consiste à : établir pour le patient un bilan de la deglu­ti­tion, propo­ser une démarche théra­peu­tique, propo­ser des exer­cices de rééducation.

Bilan de la déglutition
Pour établir le bilan, l’orthophoniste utili­sera tout d’abord les infor­ma­tions four­nies par le patient sur ses diffi­cul­tés (problèmes gestuels, fausses routes, la manière d’organiser ses repas, etc…). Ensuite, il procé­dera à un examen clinique pour savoir comment le patient déglu­tit les liquides, les semi liquides et les solides, en notant la posture, la coor­di­na­tion des diffé­rentes phases de la deglu­ti­tion. Enfin il pourra prendre en compte des infor­ma­tions médi­cales, comme celles four­nies par un examen par fibro­sco­pie. Cet examen est indis­pen­sable pour détec­ter certaines fausses routes souvent silen­cieuses et peut four­nir des infor­ma­tions précieuses sur le dérou­le­ment des diffé­rentes phases de la déglu­ti­tion. La ciné­ra­dio­gra­phie et la mano­mé­trie permet­tront aussi, si néces­saire, de préci­ser le bilan. 

Démarche théra­peu­tique :
L’orthophoniste pourra alors enga­ger une démarche théra­peu­tique. Il pourra, avec le patient, mettre le doigt sur le dysfonc­tion­ne­ment, expli­quer le proces­sus de déglu­ti­tion verba­le­ment et à l’aide de repré­sen­ta­tions visuelles (dessins, photos, vidéos), lui donner des conseils pour l’organisation des repas, le compor­te­ment à table, ainsi que pour le choix des aliments, travailler la percep­tion et la réali­sa­tion des schèmes moteurs de la déglu­ti­tion à partir d’exercices person­na­li­sés. Par exemple, on pourra solli­ci­ter une réac­tion réflexe des phases pharyn­gée et oeso­pha­gienne, prépa­rer des exer­cices à réali­ser fréquem­ment à domicile.
Exemple d’exercice : le mouve­ment du cormoran
Voici un exer­cice proposé en consul­ta­tion par Mr Colom­bel à ses patients dyspha­giques et qu’il leur conseille de faire à domi­cile Mr Colom­bel a présenté une vidéo pour expli­quer les mouve­ments qu’il a ensuite mimés devant l’assistance. L’exercice a pour but, une fois le bolus correc­te­ment consti­tué, de favo­ri­ser le déclen­che­ment du réflexe pharyngé. Les diffé­rents gestes sont les suivants :

Inspi­ra­tion : blocage respi­ra­toire (pour stimu­ler la ferme­ture des voies respi­ra­toires) pres­sion spon­ta­née et forte du milieu de la langue sur le milieu du palais, menton légè­re­ment fléchi, nuque étirée, épaules basses, tronc verti­cal, pieds à plat.

secousse éven­tuelle de la tête au moment où la phase pharen­gée s’ins­talle en rele­vant le menton, et en le rabais­sant ensuite pour dyna­mi­ser l’action réflexe. C’est le « mouve­ment du cormo­ran », qui s’apparente à celui de l’oiseau marin, lorsqu’il ingur­gite un gros poisson.

toux accom­pa­gnant l’expiration pour dyna­mi­ser le mouve­ment. Le patient pourra orien­ter la tête en fonc­tion de sensa­tion de présence de rési­dus alimen­taires et tous­ser deux à trois fois avant le bolus suivant. 

Cet exer­cice répété au domi­cile, aussi bien pendant que hors des repas doit amélio­rer le déclen­che­ment du réflexe pharyngé et doit être prati­qué en cas de risque de fausse route. Enfin, à partir de son expé­rience de psycho­mo­tri­cien, Mr Colom­beI recom­mande le mouve­ment du cormo­ran aux dyspha­giques sujets au « bavage », la répé­ti­tion de l’exercice pouvant permettre de retrou­ver le réflexe (mémoire procédurale). 

5. Les repas et l’alimentation du dysphagique
Si malgré les séances de réédu­cac­tion, les troubles persistent ou ne sont pas assez atté­nués (c’est malheu­reu­se­ment le cas des patients à des stades évolués de la mala­die), il faudra prendre des dispo­si­tions parti­cu­lières pour aider ou faire manger et boire ces patients. Au moment des repas, le patient devra être assis bien droit sur son siège.au calme. Il ne faut pas le faire parler. Par contre, on lui deman­dera de bais­ser la tête vers l’avant avant d’avaler. L’alimentation sera adap­tée à la gravité des troubles de déglu­ti­tion. L’idée est d’épaissir les aliments pour faci­li­ter le passage dans l’oesophage. Les aliments solides seront hachés et on utili­sera de l’eau gélifiée.

6. Au secours !
Malgré le suivi strict des mesures préven­tives, le patient peut être victime d’une crise d’etouffement. Comment agir en cas d’urgence ? A cette ques­tion, nous repren­drons telles quelles les réponses faites dans le numéro 5 de la revue Acti­soins par Débo­rah Fradin. Deux cas peuvent se présen­ter :

  • Dans le 1er cas, la victime ne peut plus parler, ne peut pas crier, ne peut pas respi­rer ou très bruyam­ment. Très fréquem­ment, elle porte les mains à la gorge et a la bouche ouverte. Dans ce cas, l’obstruction est grave car les voies aériennes sont obstruées tota­le­ment ou presque tota­le­ment. Si aucun geste de secours n’est effec­tué, le décès survien­dra au bout de quelques minutes.

    Conduite à tenir : Lais­ser la victime dans la posi­tion dans laquelle elle se trouve : assise ou debout. Donner à la victime cinq claques vigou­reuses dans le dos (au maxi­mum). Ces claques doivent être effec­tuées avec le plat de la main, entre les omoplates de la victime, son buste penché légè­re­ment en avant. Le but de ces claques est de déblo­quer et d’expulser le corps étran­ger en provo­quant un mouve­ment de toux qui obstrue les voies aériennes. La désobs­truc­tion des voies aériennes est signée par une reprise de la venti­la­tion, l’apparition de toux et l’expulsion du corps étranger

    En cas d’inefficacité, réali­ser cinq compres­sions abdo­mi­nales (au maxi­mum), d’après la méthode de Heim­lich, dans le but de compri­mer l’air contenu dans les poumons et, comme pour le piston d’une seringue, d’expulser le corps étran­ger qui obstrue les voies aériennes. Pour cela, se placer derrière la victime, à une hauteur confor­table pour pouvoir passer ses bras hori­zon­ta­le­ment sous les bras de la victime puis mettre le poing au creux de son esto­mac, sous l’appendice xiphoïde, placer sa seconde main sur son poing, puis, sans s’appuyer sur les côtes, effec­tuer un mouve­ment vers soi et vers le haut. Pendant cette manœuvre, la victime sera légè­re­ment penchée en avant, afin de visua­li­ser l’expulsion du corps étran­ger et de stop­per la manœuvre dès que ce sera le cas.

    Il convien­dra, en cas d’échec, de renou­ve­ler les claques dans le dos. Si l’expulsion est impos­sible, l’état de la victime se dégra­dera et les gestes de secou­risme seront à adap­ter (réani­ma­tion cardio-pulmonaire).

  • Dans le second cas, la victime peut encore venti­ler, l’air passe, l’obstruction est partielle. Aucun geste spéci­fique ne sera à effec­tuer : instal­ler la victime en posi­tion assise et encou­ra­ger la toux. Les grands prin­cipes de secou­risme restent toujours de mise : appel à l’aide, faire venir le chariot d’urgence, oxygé­ner si besoin et, quelque soit le cas, un avis médi­cal est obli­ga­toire par un méde­cin sur les lieux ou via le 15.

    Dans une salle de réfec­toire, dans une chambre, l’urgence respi­ra­toire majeure de cette obstruc­tion totale par corps étran­ger justi­fie deux gestes de sauve­tage que l’ensemble des profes­sion­nels de santé devrait connaître : les claques dans le dos et la manœuvre de Heimlich.

En conclu­sion, on retien­dra le souhait de Madame Débo­rah Fradin que les deux gestes de sauve­tage (les claques dans le dos et la manœuvre de Heim­lich soient connus de l’ensemble des profes­sion­nels de santé). Cela devrait aussi s’appliquer à tout aidant ayant en charge un Parkin­so­nien dysphagique.

Biblio­gra­phie :
Débo­rah Fradin Les troubles de déglu­ti­tion du sujet âgé
(Actu­soins de Juin 2012)
Rédigé par Jean Pierre Lagadec

La thérapie génique : méthodologie dans le service du Dr. Palfi

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°56

Que signi­fie cette expression ? 
La théra­pie génique est une stra­té­gie de trai­te­ment de mala­die consis­tant à faire péné­trer des gènes (ou pièces neuves) dans les cellules ou les tissus d’un indi­vidu porteur de gènes défectueux(ou pièces alté­rées) au moyen de « virus domes­ti­qués », pour trai­ter une mala­die. Presque comme un méca­ni­cien qui ouvri­rait un capot pour rempla­cer une pièce cassée. 

Plus simple­ment : Prenons l’exemple d’un postier qui doit dépo­ser un petit colis de pièces de rechange chez un méca­ni­cien et qui trouve les grilles du domaine fermées. Il est trop gros pour pouvoir se faufi­ler, mais s’avise d’un enfant qui passe. Celui-​ci est suffi­sam­ment mince : il lui donne le paquet et lui indique où aller le dépo­ser. La pièce de rechange est bien arri­vée et le moteur sera réparé.

On se sert de la capa­cité d’un virus à péné­trer à l’in­té­rieur d’une cellule pour lui «  coller  » et faire trans­por­ter une pièce de rempla­ce­ment d’une pièce défec­tueuse à l’in­té­rieur de la cellule, ce qui fait de nouveau fonc­tion­ner la cellule ou le groupe cellu­laire de manière normale.

Quelle sont les signes de la mala­die de Parkinson ? 
Les trois prin­ci­paux symp­tômes de la mala­die de Parkin­son sont : 

  • le trem­ble­ment de repos, le plus facile à voir sur les mains
  • la bradykinésie/​ akiné­sie : troubles du mouve­ment, ralenti ou absent
  • Troubles du tonus, la rigi­dité, ou main­tien du muscle et du sque­lette dans une posi­tion presque figée.

Les autres signes :

  • syndrome dépres­sif : il est présent chez 40 à 50 % des patients et peut être un signe d’en­trée dans la mala­die. Il peut être inter­prété à tort, par l’en­tou­rage, comme un manque de volon­ta­risme et de comba­ti­vité face à la maladie.
  • insta­bi­lité postu­rale : L’équi­libre et la marche sont régu­lés par des réflexes dits de posture. Ces mouve­ments invo­lon­taires pertur­bés se mani­festent par des troubles de l’équi­libre pouvant entraî­ner des chutes. Il s’agit géné­ra­le­ment d’une mani­fes­ta­tion tardive.
  • hyper­su­da­tion
  • trouble de la masti­ca­tion et de la déglutition
  • hypo­ten­sion ortho­sta­tique : étour­dis­se­ment au passage en posi­tion debout
  • consti­pa­tion
  • besoin impé­rieux d’uriner
  • troubles du sommeil (diffi­culté d’en­dor­mis­se­ment, réveils nocturnes, temps de sommeil abrégé)
  • brady­phré­nie : ralen­tis­se­ment d’idéa­tion. La personne semble diffi­ci­le­ment comprendre ou s’ex­pri­mer. Puis vient la confu­sion mentale et même la démence.

Trai­te­ment :

  1. Le plus ancien : la L‑dopa, incon­vé­nient majeur, l’ef­fet du médi­ca­ment dimi­nue avec le temps
  2. Un nouveau trai­te­ment par le biais d’une théra­pie génique, est actuel­le­ment en cours d’ex­pé­ri­men­ta­tion chez l’homme. Cet essai découle des résul­tats encou­ra­geants d’études préli­mi­naires menées chez le primate (singes). Ceux-​ci sont présen­tés, mercredi 14 octobre 2010, sur le site de la revue Science Trans­la­tio­nal Medi­cine par l’équipe du profes­seur Stéphane Palfi (CNRS/​CEA, hôpi­tal Henri-​Mondor, Créteil) asso­ciée à des cher­cheurs de la société de biotech­no­lo­gie britan­nique Oxford Medica.

Deuxième affec­tion neuro­dé­gé­né­ra­tive la plus fréquente après la mala­die d’Alz­hei­mer, la mala­die de Parkin­son (qui touche 100 000 personnes en France) se traduit par des troubles moteurs de sévé­rité crois­sante, avec des trem­ble­ments, une rigi­dité des membres et une dimi­nu­tion des déplacements.

Elle résulte d’une dégé­né­res­cence des neurones céré­braux qui produisent la dopa­mine, neuro­trans­met­teur indis­pen­sable au contrôle des mouve­ments. L’ad­mi­nis­tra­tion d’un trai­te­ment par la L‑dopa, un précur­seur de la dopa­mine, pour combler ce défi­cit, tout comme la greffe de neurones d’embryons, ne donnent pas des résul­tats suffi­sam­ment bons sur le long terme.

Une équipe améri­caine, asso­ciée à la société Genzyme, a déjà testé sur l’homme une théra­pie génique utili­sant un virus comme vecteur d’un seul gène, avec une effi­ca­cité qui reste à confir­mer. Pas d’ef­fets indésirables.
D’où l’idée de Stéphane Palfi et de ses colla­bo­ra­teurs d’uti­li­ser un vecteur viral pour faire s’ex­pri­mer dans le cerveau non pas un, mais trois gènes permet­tant d’as­su­rer la produc­tion de dopa­mine de manière conti­nue. « Au cours d’un essai chez le primate avec un groupe contrôle, nous avons démon­tré que ce concept pouvait marcher. Nous utili­sons comme vecteur un virus d’ori­gine équine, capable de trans­por­ter les trois gènes et nous l’in­jec­tons dans le stria­tum », explique Stéphane Palfi. Le stria­tum est la région du cerveau où la dopa­mine manque le plus au cours de la mala­die de Parkin­son. Les cher­cheurs ont utilisé comme modèles des macaques qui déve­loppent la mala­die de Parkin­son, après admi­nis­tra­tion d’une toxine, et qui souffrent des mêmes effets indé­si­rables obser­vés lors du trai­te­ment par la L‑dopa (anoma­lies du mouve­ment) chez l’homme.

« Les primates récu­pé­raient dès la deuxième semaine après la théra­pie génique, et nous avons véri­fié que ce bon résul­tat était conservé avec un recul de 44 mois, avec en parti­cu­lier l’ab­sence des effets indé­si­rables de la L‑dopa », indique Stéphane Palfi. Les trois gènes permettent à la fois la produc­tion de dopa­mine et la conver­sion de la L‑dopa en dopa­mine, précise le cher­cheur. « Leur produc­tion de dopa­mine repré­sente 50 % de la produc­tion normale. Dans la mala­die de Parkin­son, les symp­tômes appa­raissent lorsque 70 % des neurones produi­sant de la dopa­mine sont détruits », remarque Stéphane Palfi.

Toujours asso­ciée à Oxford Medica, l’équipe a obtenu des auto­ri­tés le feu vert pour procé­der à un essai clinique. Un premier patient a été opéré en mars 2008. Cinq autres ont suivi, toujours avec les mêmes résul­tats en termes de tolé­rance de la théra­pie. Les premières obser­va­tions, non publiées à ce jour, montrent une amélio­ra­tion des symp­tômes, mais un nouvel essai, dit de phase 2, permet­tra d’éva­luer l’ef­fi­ca­cité de ce trai­te­ment chez l’homme. 

(Source théra­pie génique : Paul Benki­moun lemonde.fr
Trans­mis par Domi­nique Bonne

Le succès thérapeutique est aussi un état d’esprit

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°56

Les méde­cins expé­ri­men­tés le savent : la dispo­si­tion person­nelle, la confiance dans l’efficacité des médi­ca­ments et des mesures pres­crites, ainsi que l’interaction harmo­nieuse entre le méde­cin et le patient sont déci­sives pour le succès de tout traitement.

Les cher­cheurs sur le cerveau prouvent scien­ti­fi­que­ment ce phénomène.

La nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans les cercles de neuro­logues (mais pas seule­ment) : « Les place­bos sont aussi effi­caces que les médi­ca­ments dopa­mi­ner­giques chez les patients parkin­so­niens ! » Tel était le titre du célèbre maga­zine spécia­lisé Science en 2001. Dans cette publi­ca­tion, les cher­cheurs de l’équipe de Raül de la Fuente-​Fernandez, Univer­sité de Colom­bie britan­nique à Vancou­ver, ont présen­tés une décou­verte éton­nante : ils ont admi­nis­trés des place­bos (du latin : « je plai­rai ») à des patients parkin­so­niens et les symp­tômes des patients se sont rapi­de­ment amélio­rés, aussi forte­ment qu’après la prise d’une dose de médi­ca­ment dopa­mi­ner­gique. Un fait qui en soit n’a rien de sensa­tion­nel : dans l’antiquité, les chamanes connais­saient déjà les effets posi­tifs des place­bos ! La méde­cine occi­den­tale moderne en tient compte égale­ment. Toute­fois, les cher­cheurs cana­diens ont réus­sis pour la première fois à décryp­ter l’effet placebo. 

En effet, dans le cadre d’essais, ils ont scanné le cerveau des sujets à l’aide de la tech­nique de tomo­gra­phie par émis­sions de posi­tons (TEP Scan). Ils ont observé que peu après l’administration des place­bos, une acti­va­tion de la substance noire se produit et inten­si­fie la libé­ra­tion de dopa­mine. De toute évidence, les place­bos ont non seule­ment un effet sur la psyché, à savoir le ressenti subjec­tif, mais égale­ment sur le plan physio­lo­gique, car ils influencent les proces­sus biochi­miques dans l’organisme. Pour résu­mer : les place­bos agissent bien qu’étant dépour­vus de substances actives, de la même manière que les « vrais » médicaments.

Depuis, les groupes de cher­cheurs du monde entier se penchent sur l’effet placebo – avec des résul­tats parfois surpre­nants. Ainsi, au mois de mai 2004, le cher­cheur sur le cerveau et méde­cin turi­nois Fabri­zio Bene­detti a fait fureur avec une publi­ca­tion dans le maga­zine spécia­lisé Nature Neuros­cience (en ligne). Il a injecté de la solu­tion saline dans le cerveau de patients parkin­so­niens – en leur assu­rant qu’il s’agissait d’un anti­par­kin­so­nien. Après l’injection, la mobi­lité et les trem­ble­ments des patients se sont nette­ment amélio­rés. En effet, la simple attente posi­tive de rece­voir un médi­ca­ment effi­cace suffit au cerveau pour libé­rer davan­tage de dopa­mine – qui compte parmi les hormones du bonheur.

« Sans substance active » n’est pas syno­nyme d’« inefficace ». 

Il est devenu indis­cu­table que les place­bos sont bien davan­tage que des médi­ca­ments « vides ». Ils repré­sentent une méde­cine « mentale », compo­sée de commu­ni­ca­tions et d’actes suscep­tibles d’attiser suffi­sam­ment l’expectative posi­tive d’un patient pour déclen­cher une réac­tion physio­lo­gique souhai­tée dans le cerveau. 

Les cher­cheurs de Düssel­dorf autour du neuro­logue Lars Wojte­cki ont même démon­tré récem­ment que c’était possible sans pilule ni injec­tion (Deut­sh­land­funk, août 2013). Ils ont examiné chez des patients qui avaient subis depuis un certain temps une stimu­la­tion céré­brale profonde (SCP) si leur mobi­lité pouvait être amélio­rée ou aggra­vée simple­ment par la foi en son effi­ca­cité. Pour ce faire, les cher­cheurs ont déclen­ché des attentes clai­re­ment défi­nies unique­ment par des mots : ils ont annoncé (avec des textes norma­li­sés) aux sujets qu’ils allaient modi­fier les para­mètres de stimu­la­tion de la SCP pour influen­cer posi­ti­ve­ment ou néga­ti­ve­ment leur motri­cité. Par exemple : « Nous modi­fions la stimu­la­tion pour vous permettre de mieux bouger les mains. » En réalité, la stimu­la­tion n’était pas chan­gée. Résul­tat de l’essai : quand les cher­cheurs ont suscité une expec­ta­tive posi­tive, la mobi­lité s’est amélio­rée, notam­ment lors de la rota­tion des mains. En cas d’attente néga­tive, la mobi­lité s’aggravait.

Ils ont ainsi pu démon­trer que, comme l’administration de pilules ou d’injections factices, une sugges­tion pure­ment verbale suffit à créer une attente posi­tive si forte qu’un effet placebo appa­raît. Mais ce n’est pas tout : lors des essais des cher­cheurs alle­mands, les effets secon­daires typiques de la SCP, par exemple l’aisance verbale légè­re­ment moins fluide, se sont renfor­cés. Plus la mobi­lité des patients était bonne, plus les mots leur venaient lente­ment à la bouche. Les méde­cins n’avaient pas du tout informé les patients de ces possibles effets secon­daires de la SCP au préalable. 

Les cher­cheurs ont imputé ces effets épatants à un proces­sus incons­cient, vrai­sem­bla­ble­ment de condi­tion­ne­ment. En effet, les patients avaient déjà été stimu­lés pendant quelques mois avant les essais et s’étaient donc (incons­ciem­ment) habi­tués à perdre légè­re­ment leur faculté du langage pendant les phases de très bonne mobi­lité. Dans l’expectative posi­tive susci­tée par les cher­cheurs, ils ont, de manière incons­ciente égale­ment, pu produire cet effet indésirable.

Ami ou ennemi, l’esprit est puissant. 
James Sulzer et Roger Gasser, tous deux ingé­nieurs dans le labo­ra­toire des sciences de la réadap­ta­tion de l’ETH de Zurich, ont fait des obser­va­tions simi­laires (Hori­zonte, juin 2013). Ils ont réussi à faire augmen­ter ou dimi­nuer volon­tai­re­ment l’activité nerveuse de la substance noire par des sujets sains. L’astuce : le « neuro­feed­back ». Ce terme désigne des essais durant lesquels les sujets reçoivent un retour direct sur leur acti­vité céré­brale, qui est mesu­rée toutes les deux secondes au moyen de l’imagerie par réso­nance magné­tique fonc­tion­nelle. MM. Sulzer et Gasser ont demandé aux sujets de penser pendant 20 secondes à quelque chose de neutre, puis pendant 20 secondes à quelque chose de posi­tif comme un bon repas, une expé­rience roman­tique ou à des plai­sirs sexuels. Ce faisant, ils voyaient monter une balle jaune sur un écran à mesure que du sang oxygéné était mesuré dans la région de la substance noire – en d’autre terme, plus elle était active. L’objectif était de faire grim­per la balle le plus haut possible. Et, en effet, avec un peu d’entraînement, les sujets ont bel et bien réussi, bien que briè­ve­ment, à faire progres­ser la balle vers le haut par la seule force de repré­sen­ta­tions « heureuses ».

Toutes les études de recherche sur le cerveau prouvent à quel point notre esprit est puis­sant ! Il est ainsi évident que notre dispo­si­tion interne peut égale­ment influen­cer le succès d’un trai­te­ment médi­ca­men­teux à propre­ment parler – et ce en bien comme en mal.

Si un patient est favo­rable à la théra­pie pres­crite par le méde­cin, s’il croit en sa perti­nence et en son effi­ca­cité, le succès théra­peu­tique sera rela­ti­ve­ment grand. En revanche, s’il doute des bien­faits du trai­te­ment, ce dernier aura très proba­ble­ment des effets néga­tifs. Et si le patient a très peur des éven­tuels effets secon­daires, la proba­bi­lité qu’ils se mani­festent augmente consi­dé­ra­ble­ment. On quali­fie cet effet de nocebo (en latin « je nuirai »), car il agit négativement. 

Grands espoirs, effi­ca­cité maximale
L’intensité de l’effet placebo ou nocebo est direc­te­ment propor­tion­nel à l’intensité de l’expectative susci­tée aupa­ra­vant. C’est ce qu’ont pu démon­trer des cher­cheurs autour de Jon Stoessl, univer­sité de la Colom­bie Britan­nique à Vancou­ver, à l’aide d’une stra­té­gie d’essais extrê­me­ment astu­cieuse (Archives of Gene­ral Psychia­try, vol. 67, page 857, 2010) : ils ont réparti des patients souf­frant d’un Parkin­son modéré dans quatre groupes. Ensuite, ils leur ont dit que chaque groupe allait rece­voir avec une proba­bi­lité de 25, 50, 75 ou 100% la L‑Dopa inter­rom­pue quelque temps aupa­ra­vant – et non un placebo. Cepen­dant tous les patients ont reçu une substance inactive.

Résul­tat : chez les patients qui s’attendaient à rece­voir de nouveau leur trai­te­ment habi­tuel avec une proba­bi­lité de 25 ou de 50%, la motri­cité s’est amélio­rée faible­ment à modé­ré­ment. Dans le groupe des 75% en revanche, les capa­ci­tés motrices se sont forte­ment amélio­rées. Chez ces patients, la libé­ra­tion de dopa­mine la plus forte a été mesu­rée dans le mésencéphale.

Quant aux patients du groupe des 100%, ils n’ont pas du tout réagi. Contra­dic­tion ? Pas du tout ! En effet, on sait grâce à la recherche sur l’apprentissage que les attentes susci­tées sont les plus impor­tantes quand un succès est très probable, mais pas tout à fait certain. Si le succès est assuré, le résul­tat est déjà connu au préa­lable – et ne laisse place à aucune expectative. 

Quelles sont les réper­cus­sions pratiques ? 
Trans­po­sés dans le domaine des « vrais » médi­ca­ments, ces résul­tats de recherche impres­sion­nants signi­fient que plus les espoirs placés par un patient dans la théra­pie pres­crite sont grands, plus la proba­bi­lité qu’elle agisse effi­ca­ce­ment est élevée. Si tel est le cas, le patient jouit d’une meilleure qualité de vie. Et la confiance dans le trai­te­ment augmente. 

En clair, un méde­cin doit d’abord bien « vendre » le trai­te­ment à son patient – quand bien même son effi­ca­cité serait prou­vée sans aucun doute. Il est néces­saire qu’il prenne en tout premier lieu le temps d’aborder person­nel­le­ment chaque patient, de bien le connaître et de créer une atmo­sphère de confiance. Il peut, ensuite, par des ques­tions appro­fon­dies, décou­vrir ce qui lui pose le plus de problème actuel­le­ment (sa souf­france). Ce n’est qu’ainsi que les prio­ri­tés pour­ront être défi­nies correc­te­ment et que le méde­cin pourra – après consul­ta­tion et bien sûr toujours avec l’accord du patient – abor­der de manière ciblée et effi­cace les troubles les plus graves. Par ailleurs, le méde­cin doit toujours porter un regard posi­tif sur l’avenir – honnê­te­ment sans enjo­li­ver la réalité, mais sans oublier non plus les nombreuses petites choses qui rendent la vie belle malgré le Parkin­son. Les conseils sur les moyens auxi­liaires et les mesures qui peuvent aider au quoti­dien en font partie.

Méde­cins, théra­peutes et soignants doivent penser différemment. 
Pour autant, le méde­cin n’est pas le seul à avoir une influence déci­sive sur l’efficacité des mesures pres­crites de par sa person­na­lité, son approche person­nelle et sa commu­ni­ca­tion avec le patient. Les théra­peutes et les soignants doivent égale­ment se tenir au courant des décou­vertes neuros­cien­ti­fiques – afin de connaître les réper­cus­sions du Parkin­son sur la vie et le compor­te­ment des personnes concer­nées, et de mieux comprendre les patients. Ce n’est que lorsque les spécia­listes peuvent consi­dé­rer la situa­tion avec un bon angle d’observation (neuros­cien­ti­fique) qu’ils peuvent perce­voir et inter­pré­ter correc­te­ment les phéno­mènes visibles, mais égale­ment les signes cachés. En effet, une mala­die chro­nique comme le Parkin­son concerne toujours l’individu dans son inté­gra­lité, elle a des consé­quences physiques, mais aussi sociales et mentales. Les méde­cins, les soignants et les théra­peutes doivent donc penser et agir de manière holistique.

Impor­tant : le patient doit être impli­qué le plus acti­ve­ment possible dans tous les actes et toutes les mesures. De cette manière, il peut se confron­ter à son envi­ron­ne­ment – ce qui donne un sens à son quoti­dien et matière à son exis­tence. En effet, la forme physique est étroi­te­ment liée à la forme mentale – et toutes deux doivent être entraî­nées conjoin­te­ment. C’est ce que prouvent des études actuelles, dont les résul­tats viennent d’être présen­tés lors du congrès alle­mand des neuro­logues. Ainsi un entraî­ne­ment pure­ment céré­bral ou pure­ment physique permet unique­ment, avec l’âge, de conser­ver la cogni­tion. Si l’on combine les deux types d’entraînement, la perfor­mance intel­lec­tuelle peut être consi­dé­ra­ble­ment accrue. Autre­ment dit, une prome­nade dans la nature, avec de nombreuses impres­sions senso­rielles et sur un sol inégal, est plus effi­cace qu’un jogging dépourvu de sens sur un tapis de course.

De plus, toutes les mesures doivent être orien­tées vers le quoti­dien. En effet, quel est l’intérêt pour le patient qu’il soit sûr de lui sur le sol plat d’un gymnase, mais trébuche, voire chute régu­liè­re­ment quand il marche sur l’asphalte ? Heureu­se­ment, la réadap­ta­tion moderne en cas de Parkin­son a désor­mais à sa dispo­si­tion des outils promet­teurs. Paral­lè­le­ment au concept théra­peu­tique LSVT-​BIG, qui mise sur des mouve­ments grands et amples, ou à l’entraînement à la motri­cité d’après la kines­thé­sie, des idées astu­cieuses issues de l’ergothérapie sont inté­grées de plus en plus souvent aux mesures employées – avec pour objec­tif la plus grande auto­no­mie possible au quoti­dien. De plus, les trai­te­ments, qui visent une large auto­no­mie, aident les personnes concer­nées à jouir d’une grande qualité de vie. Et c’est préci­sé­ment ce but qui doit être central. 

Lu dans «  Parkin­son Suisse  » n°112 décembre 2013
Par Jean Grave­leau

Éditorial

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°56

Etre opti­miste
, le début d’une amélio­ra­tion de nos trai­te­ments théra­peu­tiques, c’est ce que déve­loppe notre premier article : il évoque les résul­tats d’expériences scien­ti­fiques sur les effets placebo et nocebo. Ces recherches viennent confir­mer ce que l’on ressent intui­ti­ve­ment comme malade : l’attitude posi­tive de notre inter­lo­cu­teur (méde­cin, neuro­logue, kiné­si­thé­ra­peute) nous amène à mieux réagir aux traitements…
Et puis, un coupable est décou­vert : il s’agit de l’A‑synucléine. Cette protéine déclenche, à elle seule, la neuro­dé­gé­né­res­cence asso­ciée à la mala­die de Parkin­son. « Nous rentrons dans une phase extrê­me­ment active pour décou­vrir des trai­te­ments qui s’at­taquent enfin aux méca­nismes de la mala­die, et non plus seule­ment à ses symp­tômes », conclut le cher­cheur B. Dehay.

Mais les cher­cheurs en neuros­ciences ont « soif de capi­taux » et votre parti­ci­pa­tion est vive­ment souhai­tée en propo­sant vos dons à notre fonds « CECAP Recherche ». Même modestes, vos dons sont indis­pen­sables : rappelez-​vous la fable du coli­bri. Face à un incen­die de forêt, un tout petit coli­bri prend dans son bec une gorgée d’eau et va la jeter sur le feu. Des spec­ta­teurs lui font remar­quer l’inutilité de son action, que ça n’apporte pas de résul­tats probants. Il leur répond que l’essentiel est de parti­ci­per ! Si tous, nous nous mettons en marche, les gouttes d’eau feront les grandes rivières…

Deux articles viennent nous rappe­ler les précau­tions à prendre en sus de nos trai­te­ments : savoir prendre contact très tôt avec l’orthophoniste en cas de dyspha­gie ou le podo­logue pour soigner notre instru­ment prin­ci­pal de dépla­ce­ment, nos pieds. Il ne s’agit pas de simples mesures de confort mais de néces­sité vitale à l’autonomie des malades et à leur mieux-être.
Je suis traité depuis 20 ans aujourd’hui et les symp­tômes se font ressen­tir de manière plus prégnante. Sur les conseils de ma kiné, j’ai rencon­tré un méde­cin micro­chro­no­nu­tri­tion­niste qui m’a conseillé de commen­cer un trai­te­ment sur mon hygiène alimen­taire. Cette théra­peu­tique nouvel­le­ment promue reprend des éléments déjà bien connus des personnes qui se préoc­cupent du bien-​être physique (les spor­tifs de haut niveau, les spécia­listes du vieillis­se­ment, …). Il s’agit de se nour­rir correc­te­ment, de manière équi­li­brée, en fonc­tion des heures de la jour­née et en fonc­tion de son propre orga­nisme. Elle a fait l’objet d’une recherche sur le Parkin­son. Toute une batte­rie d’analyses sanguines et urinaires, un régime alimen­taire consé­quent et une prise de complé­ments alimen­taires impor­tante m’ont été impo­sés : c’est très exigeant mais je commence à en ressen­tir les effets béné­fiques. Nous sommes là dans ce que nous avons précé­dem­ment évoqué sur le « deuxième cerveau » (P. I. N°53 page 5, cf. l’émission sur Arte de février) : la mala­die semble prendre sa source dans les intes­tins et donc elle serait parti­cu­liè­re­ment liée à notre manière de manger !… La suite dans un prochain numéro. 

La recherche progresse. N’attendons pas pour deve­nir des « Parkin­so­niens Indépendants » !

Infos régionales : association de parkinsoniens de Finistère

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°55

Nous avons nos quatre points rencontre qui fonc­tionnent très bien à Brest, Quim­per, Quim­perlé et Morlaix ainsi que nos quatre points-​gymnastique adap­tés pour les Parkin­so­niens et enca­drés par des kiné­si­thé­ra­peutes moti­vés sur Brest, Plou­da­niel, Plou­guer­neau, Quim­per. Nous envi­sa­geons la créa­tion d’un cinquième point-​gym à Morlaix en 2014.

Une porte ouverte est program­mée à Plou­guer­neau le 30 novembre pour promou­voir la nouvelle salle de sport. Notre asso­cia­tion parti­ci­pera avec la tenue d’un stand. (Diapo­rama, distri­bu­tions de docu­ments, échanges avec le public).

Nous prépa­rons Noël, pensons à nos adhé­rents qui ne peuvent plus se dépla­cer. Comme chaque année nous leur appor­te­rons une boite de choco­lat, des douceurs pour oublier un temps la mala­die et parta­ger un moment de convivialité. 

2014 sera l’Anniversaire de notre Asso­cia­tion, trente ans au service des malades de Parkin­son, du public, des aidants, des profes­sion­nels de santé.

Après la Manche, que nous remer­cions pour leur accueil chaleu­reux et la réus­site de l’A.G. CECAP, c’est à notre tour de nous y atte­ler. Nous nous prépa­rons acti­ve­ment à rece­voir nos amis du CECAP. Les dates ont été défi­nies pour la semaine de vacances CECAP : ce sera du dimanche 5 octobre au samedi 11 octobre 2014. Les assem­blées géné­rales du CECAP et AGP se feront à Kerbeuz dans un centre de vacances « CAP France ». Vous ne serez aucu­ne­ment déçu de notre choix, il y aura à la fois la mer, la campagne, la forêt, la rivière, la montagne, une grande piscine couverte (28°c), jacuzzi, sauna, Fitness (à volonté !), Repas gastro­no­miques (écrivez-​nous au sujet de l’inscription et le programme des festi­vi­tés); nous espé­rons vous voir nombreux en vacances dans le Finistère.

Nous conti­nuons les infor­ma­tions auprès de la forma­tion profes­sion­nelle des futurs travailleurs sociaux, AFPA de Brest, Maison Fami­liale rurale de Plouvenez-​Lochrist et l’Association junior senior sur Quim­perlé grâce à des équipes enthou­siastes. Merci à tous ceux qui œuvrent pour la bonne marche de notre Association.

J’ai parti­cipé à la demande de la direc­trice de l’INSERM à la relec­ture de proto­coles de recherche sur Parkin­son. Pour le moment j’ai corrigé deux proto­coles : Purpan Toulouse et La Salpê­trière Paris. La relec­ture consiste à traduire le langage scien­ti­fique en langage commun, Le but étant de simpli­fier la lecture de proto­cole, qu’il soit lisible pour tout public. Nous sommes actuel­le­ment en France 70 relec­teurs toutes asso­cia­tions confon­dues inscrits à INSERM-ASSOCIATIONS.

Nous avons orga­nisé le 12 octobre 2013 une confé­rence animée par le Profes­seur Pascal Derkin­de­ren et le cher­cheur Thomas Clai­ram­bault. Envi­ron 160 personnes se sont dépla­cées pour écou­ter les expli­ca­tions de la recherche sur les intes­tins. Le public a pu échan­ger avec les cher­cheurs et poser leurs ques­tions. L’après midi s’est terminé autour d’un café. Merci à eux pour leur dispo­ni­bi­lité et leur gentillesse.

Au nom de tous les Finis­té­riens, nous vous souhai­tons de joyeuses fêtes de fin d’année,

Vivons d’espoir ! Prenez soin de vous !
Domi­nique Bonne Président de l’Association Parkin­so­niens du Finistère 

La douleur d’un deuil profond mais apaisé par G. S.

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°55

Jamais, elle ne se serait mise en avant. Mais, aujourd’hui, je me permets de retra­cer ses douze années avec la mala­die et son combat au quoti­dien pour conser­ver au mieux sa dignité.

Nous étions ensemble depuis 10 ans lorsque peu à peu tu t‘es sentie moins bien, tu es deve­nue plus fati­gable et sujet à la dépres­sion. Tu as fini par consul­ter. Le diag­nos­tic est tombé : « Parkin­son ». Quelques mois plus tard, en raison de fortes hallu­ci­na­tions, une scin­ti­gra­phie venait confir­mer les soup­çons de Mala­die du Corps de Lewy. Nous étions en 2002 mais la mala­die était déjà présente depuis plusieurs années.

Avec méthode, tu t’es rensei­gnée sur cette mala­die neuro­dé­gé­né­ra­tive ; mais c’était diffi­cile d’obtenir des infor­ma­tions précises, cette patho­lo­gie attei­gnant en géné­ral des sujets plus âgés. Très rapi­de­ment, tu as pris contact avec l’association de Parkin­so­niens. Dans un souci d’honnêteté et de clarté, tu as tenu à infor­mer toi-​même ton entou­rage car tu savais que tes fonc­tions cogni­tives allaient s’altérer progres­si­ve­ment. Plus tard, tu expri­me­ras le désir d’adhérer à l’ADMD (asso­cia­tion pour le droit à mourir dans la dignité).

Nous avons été amenés à revoir nos projets à la baisse : moins de randon­nées, rempla­cer le petit camion par un camping-​car plus confor­table. Les jour­nées étaient ryth­mées par la prise de médi­ca­ments : « tes petites graines » comme on disait.

Malgré tout, en 2005, nous avons fait un super voyage en Guyane avec ton fils Ronan.

En 2006, nous devions aller dans les Alpes, nous n’avons pas été plus loin que la Bour­gogne : c’étaient nos dernières grandes vacances…

En 2007, tout s’est préci­pité, tout est devenu soudain compli­qué. Tu étais deve­nue inco­hé­rente, tu te mettais en danger : le matin, je partais au travail en veillant à bien fermer l’arrivée du gaz. Il a fallu élabo­rer un plan d’aide dans l’urgence.

En 2008, les neuro­lep­tiques (LEPONEX) ont permis de retrou­ver un peu d’apaisement mais j’ai quand même quitté mon travail pour pouvoir être dispo­nible auprès de toi.

Depuis, on pour­rait presque dire que ta vie se dérou­lait au rythme de tes chutes. Pour reprendre l’expression du neuro­logue, « tu avais la tension dans les chaus­settes », ce qui entraî­nait des malaises, des petites syncopes. La maison garde des traces de tes nombreuses chutes : lampes rafis­to­lées, rideaux déchi­rés, poignée du Frigo arra­chée… deux cuvettes de WC explo­sées inon­dant à chaque fois la maison. Mais aussi, bien avant, deux voitures trans­for­mées en épaves : deux acci­dents auxquels tu as eu la chance de t’en sortir indemne.

Mais tu n’as pas échappé aux séjours à l’hôpital : mai 2010 frac­ture à la cheville, septembre 2011 col du fémur. La mala­die n’a jamais cessé de progres­ser, avec parfois des paliers qui donnaient l’impression de répit. Le passage par les stades de GIR 3, GIR 2, GIR 1, venait confir­mer ta perte d’autonomie.

Jamais tu ne t’es expri­mée sur ton ressenti.

A plusieurs reprises, tu as fait des tenta­tives mais à chaque fois tu buttais, tu disais que tu ne trou­vais pas les mots justes pour expri­mer ce que tu vivais.

En août 2010, j’ai écrit quelques mots, des « bouts de phrases pour essayer de te rejoindre », pour t’inciter à en dire plus. Bien sûr, cela n’a pas eu l’effet escompté mais je sais que tu as relu à plusieurs reprises le petit cahier d’écolier. Peut-​être y as-​tu trouvé un peu de réconfort ?

Voici quelques unes de ces réflexions.

Elles donnent un éclai­rage sur ta mala­die, sur ton quotidien… 

Devant ton silence, je m’interroge :
Impres­sion d’être condamné
A trou­ver tout seul les réponses
Quitte à me trom­per totalement. 

Parce que les mots ne sont plus tes alliés
Tu les as remisés
Comme les outils d’un autre temps

Reste ton regard : il faut y plonger
Pour trou­ver des mondes incertains.
La nuit, dans tes rêves agités,
Tu libères le trop-​plein d’inquiétude
Tout le jour contenu. 

Ton silence tes silences sont lourds de sens
Ta douceur est déroutante,
Jamais tu ne te rebelles.
Soumis­sion, résignation
Ou profonde sagesse ?
De la patience, tu es la rude école.

Te bous­cu­ler ne sert à rien.
Une chose à la fois
Le temps pour chaque chose. 

Derrière ton silence, tu es une énigme.
Comment t’en vouloir ?
Personne n’est à l’abri d’une sale maladie.
A travers ton silence,
Tu es encore plus touchante.

Parfois on dirait que tu traînes ton corps
Comme un fardeau telle­ment lourd
Qu’il emporte ton esprit.

Obsé­dée du mot juste, tu n’arrives plus
A expri­mer ce que tu ressens. 

Peut-​être qu’il n’y a plus
De mots pour décrire ce que tu vis.

Dans tes yeux, je vois
Toute ta force, toute ta fragilité.
Rési­gnée à la dépendance,
Tu consacres toute ton énergie
Pour conser­ver ta dignité.

Que d’humilité requiert le handicap :
Accep­ter l’aide,
Lais­ser son corps au soin des autres
Toujours plus de simplicité. 

Autre­fois, nous vivions de voyages.
Désor­mais, nous nous contentons
De la qualité d’une présence

Que saurai-​je de tes angoisses ?
Ces réveils diffi­ciles où tu avoues
Pudi­que­ment avoir de mauvais rêves.
Mais bloquée derrière la barrière des mots,
Tu n’as d’autre recours qu’à un comprimé
Pour bais­ser la tension

Drapée de ton silence, tu as la noblesse
Des grandes dames.
Et moi, qui suis-​je ? Tantôt bouffon, 

Agité autour de sa reine.
Tantôt moine domestique
Consa­cré aux tâches répétitives

Mille façons de célé­brer l’amour toujours. 

Dans ton monde la tendresse n’a nul besoin
De s’extérioriser. Les mots, les caresses
Seraient un luxe pour bien-portants

Seule une lueur dans ton regard exprime
Ta recon­nais­sance, ta gentillesse. 

Alors, comment te rejoindre
Lorsque baisers et caresses
Sont mon mode d’expression ?

Depuis j’ai été amené à me poser la ques­tion suivante : Et si ton silence était ton dernier espace de liberté ? Alors, j’ai décidé de le respecter.

Il ne nous restait plus qu’un geste, un regard pour commu­ni­quer. De la tendresse, beau­coup de tendresse, des over­doses de tendresse… à tel point que je me suis demandé si la tendresse n’était pas une drogue. Cela nous a permis de tenir jusqu’au bout.

A la fin, tout était devenu compli­qué, surtout les repas. Tu dormais de plus en plus et les moments où tu étais présente se faisaient de plus en plus rares. La mala­die nous a appris à vivre au présent, à profi­ter de l’instant. Aux premiers beaux jours, nous avons fait le tour de l’étang de Gruel­lau. A Pâques, tu as été un peu mieux pendant quelques jours ce qui t’a permis de parti­ci­per à l’AG de l’association et de parta­ger le repas avec nos amis parkinsoniens.

A la pente­côte, une infec­tion pulmo­naire a failli t’emporter. Depuis, tu étais en soins pallia­tifs. Tu as pris ton temps pour partir ; tes amis, tes proches ont pu ainsi te dire au revoir.
Depuis, au fond d’un tiroir, j’ai trouvé un papier plié en quatre au dos duquel tu avais écrit ces quelques mots au crayon :

« Soyez atten­tifs à ce que vous vivez, à ce que vous ressen­tez. C’est comme cela que vous allez vous construire petit à petit, vous connaître, connaître les senti­ments qui sont en vous, les capa­ci­tés, et c’est à partir de cela que vous allez les enri­chir, les déve­lop­per, écar­tant les erreurs, les recon­nais­sant, allant toujours plus loin.

Respectez-​vous, écoutez-​vous, ne vous lais­sez pas aller dans quelque chose qui n’est pas vous, qui est contre votre « sens », votre route, votre nature. Chacun est diffé­rent, ne vous compa­rez pas, ne cher­chez pas à être comme… Pour plaire vous vous détrui­riez. Ne vous sentez ni moins ni plus, sentez-​vous vous-​mêmes. Chacun a sa propre valeur.

Si vous vous recon­nais­sez vous-​mêmes, vous accep­tez vous-​mêmes, vous serez recon­nus, accep­tés, vous serez heureux. Sinon vous serez toujours malheu­reux. Mais tout ceci n’est pas facile, sachez le. Cela néces­site un travail sur soi. Plus vous le ferez régu­liè­re­ment, mieux vous vivrez. »

C’était comme un dernier cadeau. Cette ligne de vie, tu te l’aies toujours appli­quée, veillant à être juste en toute circons­tance. Merci pour cette leçon de vie.

Parmi les nombreux mots de sympa­thie que j’ai reçus, je voudrais citer cette phrase de l’équipe de Vivre à Domi­cile, les aides soignant(e)s qui l’ont accom­pa­gnée pendant cinq ans et demi : « Nous garde­rons l’image de son huma­nité et la bien­veillance de son regard ».

Oui, c’est bien ce souve­nir que nous voulons garder d’elle.

Rédigé par G. S.

Comment le cerveau se nettoie pendant le sommeil

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°55

Dormir permet au cerveau de se débar­ras­ser des toxines accu­mu­lées pendant la période de veille

On savait déjà que le sommeil permet de conso­li­der les données apprises dans la jour­née. Il semble­rait qu’il permet aussi au cerveau de se débar­ras­ser de ses toxines
Des cher­cheurs améri­cains pensent avoir compris pour­quoi l’homme est programmé pour dormir plusieurs heures chaque nuit, alors que le sommeil le laisse vulné­rable aux préda­teurs. Le repos permet­trait au cerveau de se débar­ras­ser des toxines produites pendant les phases d’éveil, explique l’équipe de l’Université de Roches­ter (Etat de New York) dans un article publié dans la revue Science.

« La nature récu­pé­ra­trice du sommeil résul­te­rait de l’éli­mi­na­tion des déchets produits par l’ac­ti­vité neuro­nale qui s ‘accu­mulent pendant la période d’éveil », explique le Dr Malken Neder­gaard, le prin­ci­pal auteur des travaux.
Le rôle essen­tiel du sommeil dans l’ap­pren­tis­sage et la mémoire était déjà connu, mais les cher­cheurs ont cette fois expli­qué l’in­té­rêt chimique d’al­ter­ner les phases d’éveil et de repos. « Cette recherche a permis de voir que le cerveau a deux états de fonc­tion­ne­ment distincts. Il est soit éveillé et alerte, soit dormant et en mode nettoyage. Comme il ne dispose que de ressources éner­gé­tiques limi­tées, il est contraint d’al­ter­ner entre l’un et l’autre ».
Dans le reste du corps, c’est le système lympha­tique qui élimine les déchets cellu­laires. Mais il n’in­clut pas le cerveau, qui reste en vase clos, protégé par un système complexe de portes d’ac­cès molé­cu­laires contrô­lant entrées et sorties. Le cerveau utilise lui un système unique appelé « glym­pha­tique » dix fois plus actif pendant le sommeil qu’en éveil, ont montré les chercheurs.

Les cher­cheurs ont pu obser­ver pour la première fois ce système de nettoyage céré­bral grâce à une nouvelle tech­no­lo­gie d’ima­ge­rie, utili­sée sur des souris dont le cerveau est simi­laire à celui des humains.

Le méca­nisme est inté­gré dans le système sanguin du cerveau. Il pompe le fluide cérébro-​spinal à travers les tissus et le renvoie puri­fié, les déchets étant trans­por­tés par le sang jusqu’au foie où ils sont élimi­nés. De plus, les cher­cheurs ont décou­vert que les cellules céré­brales rédui­saient leur taille de 60% quand on dort, permet­tant aux déchets d’être enle­vés plus efficacement. 

Tout cela permet notam­ment de nettoyer les toxines respon­sables de la mala­die d’Alz­hei­mer et d’autres patho­lo­gies neurologiques.

Article relevé dans le Figaro Santé du 18 Octobre 2013 par F. Vignon

La Levodopa Equivalent Dose (LED), ou comment déterminer la L‑dopa reçue par le malade

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°55

Par Claire Smith 

Les trai­te­ments médi­ca­men­teux de la mala­die de Parkin­son Idio­pa­thique ont pour but de compen­ser le défi­cit dopa­mi­ner­gique au niveau du stria­tum, en administrant : 

  • soit un précur­seur de la dopamine
  • soit un agoniste dopaminergique
  • ou bien en inhi­bant les méta­bo­lismes de la dopa­mine MAO‑B et COMT. 

Dans un article paru dans Le Parkin­so­nien Indé­pen­dant n°53 de Juin 2013, des conseils d’utilisation des diffé­rents médi­ca­ments anti­par­kin­so­niens sont donnés aux patients. (Dossier réalisé par l’Agence Natio­nale de Sécu­rité du Médi­ca­ment et des Produits de Santé). 

Pour établir la pres­crip­tion, le neuro­logue va choi­sir parmi une pano­plie d’une quin­zaine de médi­ca­ments ceux qui corres­pondent le mieux au trai­te­ment des troubles du patient. Puis, il lui faudra doser chaque médi­ca­ment, et déter­mi­ner l’efficacité globale du trai­te­ment. Au final, l’ordonnance jour­na­lière se présente comme une liste de plusieurs médi­ca­ments (de 3 à 5 par exemple), très souvent à libé­ra­tion immé­diate, mais parfois à libé­ra­tion prolon­gée (LP) avec des dosages de plus en plus variés. Il devient alors peu évident de compa­rer l’efficacité de deux trai­te­ments ou de prévoir la substi­tu­tion d’un médi­ca­ment par un autre. C’est ici qu’intervient la notion de LED (Levo­dopa Equi­va­lent Dose). C’est le sujet de l’article qui suit, rédigé à partir de comptes rendus de travaux réali­sés à l’Université de Birmin­gham (UK) et publiés par Claire Smith. 

Défi­ni­tion de la LED : 
La LED d’un médi­ca­ment est défi­nie comme la quan­tité de ce médi­ca­ment qui a le même effet anti­par­kin­so­nien que 100 mg de Lévo­dopa à libé­ra­tion immé­diate. Dans cet article, le Sine­met 100 consti­tue la réfé­rence. L’effet anti­par­kin­so­nien est estimé par mesure de la motri­cité du patient (section III de l’UPDRS grille déter­mi­nant le degré de handicap).

Quelques exemples de Led :

  • Led du Sine­met 100 mg : 100 mg
  • Led du Sine­met LP 100 mg : 133 mg
  • Led du Requip : 5 mg
  • Led du Sifrol (sel) : 1 mg 

Suite à la réac­tion de certains lecteurs, il parait néces­saire de four­nir des expli­ca­tions complé­men­taires .Repre­nons donc la compa­rai­son entre le Sine­met à libé­ra­tion immé­diate et la forme à libé­ra­tion prolon­gée LP, moins effi­cace (25 % de perte, selon Claire Smith). Si l’on compare l’effet de 2 compri­més de Sine­met, l’effet anti­par­kin­so­nien du comprimé clas­sique est de 100, alors que celui du comprimé LP est de 75. Si on compare les Led de ces deux Sine­met, on notera qu’il faut une dose plus grande de Sine­met LP pour obte­nir le même effet qu’avec du Sine­met clas­sique (Led = 100 mg).
La Led du Sine­met LP 100 mg est donc plus grande, soit (100/​75) X 100 = 133 mg

Les travaux de l’Université de Birmingham : 
Il s’agit de travaux de collecte et de trai­te­ment de données sur l’ensemble des médi­ca­ments anti­par­kin­so­niens sur le marché, jusqu’en 2009. La démarche suivie consiste tout d’abord, à collec­ter, à partir de mots clés « levo­dopa » et « equi­va­lency », toute infor­ma­tion de 1980 à 2009 sur l’efficacité des anti­par­kin­so­niens, et cela pour tous les types d’études publiées en anglais. Les données ont fait ensuite l’objet de trai­te­ments statis­tiques (mean et mode), pour abou­tir à l’obtention de Led pour tous les antiparkinsoniens. 

L’étude a fourni les résul­tats suivants en Led, expri­més en mg, pour une quin­zaine de médi­ca­ments anti­par­kin­so­niens. Alors que les auteurs dési­gnent chaque médi­ca­ment, par le nom de sa molé­cule (Prami­pexole, Ropi­ni­role etc..), nous avons volon­tai­re­ment conservé les déno­mi­na­tions commer­ciales (Sifrol®, Requip® etc..) plus fami­lières aux lecteurs francophones : 

Médi­ca­ments à base de Levodopa : 

  • Sine­met 100 à libé­ra­tion immé­diate : 100 mg
  • Sine­met 100 à libé­ra­tion prolon­gée LP : 133 mg 
  • Modo­par 125 à libé­ra­tion immé­diate : 100 mg 
  • Stalevo : 77 mg
  • Duodopa : 90 mg

Agonistes dopa­mi­ner­giques :

  • Sifrol (sel) 1 mg
  • Requip 5 mg 
  • Neupro 3,3 mg
  • Trivas­tal 100 mg
  • Parlo­del 10 mg
  • Célance 1 mg
  • Doper­gine 1 mg

Inhi­bi­teurs :

  • Depre­nyl 10 mg
  • Otra­cel 1,25 mg
  • Azilect 1 mg
  • Manta­dix 100 mg

Les valeurs four­nies par Claire Smith sont commen­tées et parfois contes­tées dans la revue Neuro­Talk, par des blogueurs qui four­nissent par ailleurs quelques infor­ma­tions complé­men­taires. Signa­lons aussi que ces valeurs rete­nues sont corro­bo­rées par un tableau d’équivalence de dose fourni par Defebvre et Vérin, à la page 163, de leur livre « La mala­die de Parkinson ». 

Utili­sa­tion de la Led : 
Désor­mais, on connait la Led de chacun des médi­ca­ments compo­sant une ordon­nance jour­na­lière. On peut alors calcu­ler l’équivalent Levo­dopa pour chaque médi­ca­ment en appli­quant la formule : (Poso­lo­gie jour­na­lière /​ Led) X 100 en mg. Exemple : pour une pres­crip­tion de 2 compri­més de Requip 4 mg : 8/​5 X 100 = 160 mg. On peut ensuite calcu­ler la dose globale jour­na­lière, en addi­tion­nant les équi­va­lents Lévodopa. 

Soit une ordon­nance comprenant :
3 compri­més de Sine­met à 100 mg soit : 100/​100 X 300 = 300 mg
1 comprimé de Sine­met LP à 100 mg, soit : 100/​133 X 100 = 75 mg
1 comprimé de Azilect 1 mg soit : 1/​1 X 100 = 100 mg
1 comprimé de Requip à 8 mg soit : 8/​5 X 100 = 160 mg
Soit un total d’équivalent Levo­dopa par jour de : 635 mg
Il s’agit d’une dose jour­na­lière plutôt moyenne. Cette dose peut excé­der 1 000, voire 1 500. 

Biblio­gra­phie :
 — Levo­dopa Dose Equi­va­lency par Claire Smith du Clini­cal Trials Unit de l’Université de Birmin­gham (UK).
 — Levo­dopa Dose Equi­va­lency dans la revue NeuroTalk
Traduit et trans­mis par Jean Pierre Laga­dec jpmo5@orange.fr

Ça aussi, c’est bon pour les neurones !

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°55

« Quand le corps soigne l’es­prit » Relevé dans Ca m’in­té­resse de Décembre 2013

Relaxer son corps pour relan­cer son cerveau :
La relaxa­tion est la capa­cité du corps à relâ­cher ses muscles, ralen­tir le rythme cardiaque et la respi­ra­tion. Les méthodes sont multiples, partant du corps (relaxa­tion muscu­laire progres­sive, respi­ra­tion profonde) ou de l’es­prit (médi­ta­tion, visualisation).

Elle permet de s’op­po­ser aux effets du stress et de l’an­xiété, améliore le sommeil ainsi que les perfor­mances cogni­tives lors de tâches simples. Ses effets passe­raient par une modi­fi­ca­tion de l’ex­pres­sion de certains gènes. Une étude parue en 2013 montre ainsi que ceux qui pratiquent la relaxa­tion, même novices, expriment moins certains gènes impli­qués dans le stress et l’in­flam­ma­tion, et d’avan­tage d’autres gènes, enga­gés dans le méta­bo­lisme énergétique.

Mobi­li­ser les muscles du sourire pour se sentir joyeux : 
Une étude de juin 2012 de l’Uni­ver­sité du Kansas l’a confirmé : sourire déstresse et rend heureux. Ce simple mouve­ment d’en­vi­ron 17 muscles faciaux a suffi à déclen­cher dans le cerveau des parti­ci­pants, bien qu’ils soient plon­gés dans une acti­vité stres­sante, des modi­fi­ca­tions biochi­miques libé­rant les tensions. Il favo­ri­se­rait la produc­tion d’en­dor­phines. « Sourire envoie un message posi­tif à notre cerveau, qui nous trans­met en retour une sensa­tion de bien être », renché­rit le Dr Natha­lie Rapoport-​Hubschman. Ces vertus n’ont pas échappé aux maître yogis et taoïstes qui recom­mandent la pratique du « sourire inté­rieur ». Il suffit de visua­li­ser une situa­tion posi­tive, ce qui se solde par un mouve­ment vers le haut de la commis­sure de nos lèvres. 

Déstres­ser en se faisant masser : 
Circu­la­tion sanguine, oxygé­na­tion du cerveau… Les études du Touch Research Insti­tute de Miami prouvent qu’un massage de quinze minutes biheb­do­ma­daire chez les adultes, dimi­nuent le stress ressenti au travail. « Le taux de corti­sol, hormone du stress, chute tandis que l’ocy­to­cine (hormone de la confiance et du bien-​être, ndlr) augmente » précise Isabelle Bache­let, prati­cienne en massage tuina. L’in­te­rac­tion entre peau et cerveau s’ex­plique, selon le Pr Didier Anzieu car « tous deux proviennent d’un tissu unique, l’ec­to­derme, qui se forme au 21ième jour de l’embryon ».

S’hy­dra­ter pour irri­guer ses méninges :
On sait qu’il est néces­saire d’hy­dra­ter régu­liè­re­ment notre corps, composé à 60% d’eau. Notre cerveau, lui, en compte 80%. Certaines études concluent qu’une perte d’eau sévère (équi­va­lente à 5% ou d’avan­tage du poids corpo­rel) ou plus modéré (2%) mais rapide (qui s’ins­talle en quelques heures) alté­re­rait les fonc­tions cogni­tives, entraî­nant une confu­sion, des diffi­cul­tés à se concen­trer, des cépha­lées, une plus grande irri­ta­bi­lité. Ces effets seraient parti­cu­liè­re­ment percep­tibles chez les enfants et les personnes âgées. Des études ont montré que des enfants de 6 à 9 ans étaient moins perfor­mants pour effec­tuer des exer­cices faisant appel à la mémoire et l’at­ten­tion s’ils n’avaient pas assez bu.

par Soizic Vignon soize.vignon@orange.fr

Le Dipraglurant® Une arme contre les dyskinésies

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°55

Depuis plusieurs années, la firme phar­ma­ceu­tique Suisse Addex Phar­ma­ceu­ti­cals (SIX:ADXN), spécia­li­sée en « modu­la­tion allos­té­rique », travaille sur l’étude et le déve­lop­pe­ment de molé­cules desti­nées à trai­ter les dysto­nies et les dyski­né­sies chez les patients Parkinsoniens.

C’est le cas du Dipra­glu­rant® pour des patients souf­frant de dyski­né­sie induite par la L‑dopa dans la mala­die de Parkin­son. La dyski­né­sie induite par la L‑dopa est un trouble moteur débi­li­tant engen­dré par l’ad­mi­nis­tra­tion à long terme de trai­te­ments conte­nant de la L‑dopa, théra­pie stan­dard de réfé­rence pour la mala­die de Parkinson.

L’étude conduite en paral­lèle aux Etats-​Unis et en Europe est finan­cée en partie par une subven­tion de la Fonda­tion Michael J. Fox pour la Recherche contre la mala­die de Parkinson.

Les dyski­né­sies :
Le Dipra­glu­rant® ayant pour indi­ca­tion le trai­te­ment des dyski­né­sies Parkin­so­niennes, rappe­lons pour les nouveaux lecteurs, de quoi il s’agit. Les dyski­né­sies font partie des mouve­ments anor­maux (ou invo­lon­taires), dont peuvent être victimes les Parkin­so­niens. Elles peuvent être décrites comme des mouve­ments soudains, incon­trô­lables, souvent désor­don­nés. Elles affectent les membres, la tête, les lèvres, et la langue. Elles sont en géné­ral, dues à un surdo­sage de la L Dopa. Or, il n’y a pas de produit pouvant rempla­cer la L Dopa avec les mêmes avantages.
Cela a des consé­quences fâcheuses :

  • Le patient (souvent en présence de son entou­rage ou en public) subit des crises déva­lo­ri­santes et fatigantes.
  • A mesure que la mala­die s’aggrave, il est de plus en plus diffi­cile pour le neuro­logue d’ajuster la pres­crip­tion afin d’éviter périodes de blocage et périodes de dyski­né­sie, l’espace théra­peu­tique étant de plus en plus réduit. Cette diffi­culté a justi­fié la réali­sa­tion de logi­ciels d’optimisation des trai­te­ments, à partir de données phar­ma­co­ci­né­tiques (cf. article sur le Led ci-​dessus et feuille de calcul présen­tée dans le P. I. n°32).
  • Pendant de nombreuses années (après le consen­sus de Mars 2000), on a essayé dans certains cas bien défi­nis de diffé­rer le début de prise de la L‑dopa pour retar­der les surve­nues de dyskinésies.

Sait-​on trai­ter les dyski­né­sies ? On reparle actuel­le­ment d’un médi­ca­ment ancien, le Manta­dix. On parle aussi de chirur­gie à partir de la stimu­la­tion du globus palli­dum. Mais les solu­tions les plus sédui­santes seraient obte­nues par l’arrivée sur le marché de 3 nouvelles molé­cules. L’une d’elles est le Dipraglurant®.

Chan­ger la stra­té­gie thérapeutique :
Si les essais cliniques à venir confirment les résul­tats déjà obte­nus et après obten­tion de l’Autorisation de Mise sur le Marché (en 2014), le Dipra­glu­rant® pour­rait consti­tuer une arme effi­cace contre les dyski­né­sies, dont il pour­rait pallier, en tout ou partie, les incon­vé­nients que nous avons évoqués précé­dem­ment. Il serait alors plus facile d’utiliser la L‑Dopa, qui est le médi­ca­ment de réfé­rence pour la mala­die de Parkinson.

Par ailleurs, l’arrivée sur le marché de produits contre les dyski­né­sies, comme le Dipra­glu­rant®, consti­tue un argu­ment en faveur du chan­ge­ment de la stra­té­gie théra­peu­tique qui avait été défi­nie dans le consen­sus 2000. On pourra en effet trai­ter à la L‑dopa, préco­ce­ment dans la phase initiale de la mala­die, si on a moins ou pas de risques de dyski­né­sies à long terme.

Rédigé par Jean Pierre Laga­dec jpmo5@orange.fr

Bilan des deux boursières soutenues par CECAP (2/​2)

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°55

Bilan de Julie Meffre : Rôle du Noyau Subtha­la­mique dans la Prise de Décision 

A — PROJET DE RECHERCHE
1. Contexte de l’étude
Alors que la mala­die de Parkin­son a été long­temps abor­dée sur la base de ses symp­tômes moteurs, les troubles non moteurs qui lui sont asso­ciés font, depuis quelques années seule­ment, l’objet de recherches plus appro­fon­dies. La stimu­la­tion à haute fréquence (SHF) du noyau subtha­la­mique (NST), utili­sée avec succès pour trai­ter les troubles moteurs, peut cepen­dant être à l’origine d’effets secon­daires cogni­tifs comme un compor­te­ment impul­sif ou risqué (tendance au jeu patho­lo­gique) chez certains patients. Il a été mis en évidence que la SHF altère la capa­cité à « frei­ner » la prise de déci­sion face à une situa­tion conflic­tuelle, condui­sant les patients à prendre une déci­sion hâtive et impul­sive (Frank et al. 2007). Parmi les ganglions de la base, le NST semble être impli­qué dans le contrôle de l’impulsivité/inhibition compor­te­men­tale (Frank 2006 ; Eagle and Baunez 2010). La voie hyper­di­recte, reliant les aires corti­cales fron­tales au NST pour­rait être à l’origine de la régu­la­tion des proces­sus déci­sion­nels. Le NST semble agir en élevant le seuil de déci­sion dans le cas d’une situa­tion conflic­tuelle ou ambi­guë, condui­sant ainsi à diffé­rer la prise de déci­sion, jusqu’à ce que suffi­sam­ment d’indices aient été accumulés.

2. But de l’étude
Afin de pouvoir amélio­rer l’anticipation d’éventuels effets secon­daires de la stimu­la­tion à haute fréquence du NST sur la prise de déci­sion chez les patients parkin­so­niens, il est indis­pen­sable de bien comprendre le rôle de cette struc­ture dans les proces­sus déci­sion­nels. L’objectif de notre travail de recherche, soutenu par la CECAP, a été de déter­mi­ner chez le rat 

  1. comment le NST contri­bue à la prise de déci­sion grâce à une approche compor­te­men­tale réali­sée chez des rats intacts versus des rats ayant subit une lésion du NST (mimant l’effet de la SHF du NST utili­sée chez le patient parkinsonien)
  2. quelle est l’influence du système dopa­mi­ner­gique dans ce proces­sus, et 
  3. le poten­tiel théra­peu­tique d’un trai­te­ment visant le système séro­to­ni­ner­gique, système impli­qué dans l’inhibition comportementale.

3. Procé­dures expé­ri­men­tales utilisées
Animaux : 10 rats mâles Long Evans, main­te­nus dans un cycle 12h jour/​nuit, ont été utili­sés pour ces expé­riences. Ils ont été soumis à une restric­tion alimen­taire, avec un accès à 85% de leur ration quoti­dienne. L’eau était acces­sible ad libi­tum.

Expé­rience : Mesure de la prise de déci­sion impli­quant l’évaluation d’un risque (en terme de proba­bi­lité de gain)
Les animaux sont placés dans une boîte opérante compor­tant trois leviers. Au démar­rage de l’essai, seul le levier central est sorti, et les rats ont été entraî­nés à main­te­nir leur patte sur le levier central pendant une durée fixe de 1 seconde. 400 ms après le début de l’appui et pendant 600 ms, une combi­nai­son de deux lumières s’allume au-​dessus des leviers et indique quelle sera la proba­bi­lité d’obtenir 0.1 ml de sucrose 32% en cas de choix du levier corres­pon­dant à la récom­pense en grande quan­tité mais incer­taine. Au bout de 600 ms, un signal sonore reten­tit, indi­quant la possi­bi­lité d’aller appuyer sur le levier de gauche ou de droite, au choix, afin d’obtenir une récom­pense (0.05 ml de sucrose 32 % toujours déli­vré ou 0.1 ml sucrose 32 % déli­vré avec une proba­bi­lité variable et indi­cée, respectivement).
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Trois combi­nai­sons de deux lumières sont possibles, aléa­toi­re­ment. Il existe trois spots lumi­neux situés au-​dessus des leviers :

- Si la lumière de gauche et la lumière de droite s’allument, la proba­bi­lité d’obtenir 0.1 ml de sucrose 32 % en choi­sis­sant le levier de droite est de 100 %.

- Si la lumière de gauche et la lumière centrale s’allument, la proba­bi­lité d’obtenir 0.1 ml de sucrose 32 % en choi­sis­sant le levier de droite est de 50 %.

- Si la lumière de droite et la lumière centrale s’allument, la proba­bi­lité d’obtenir 0.1 ml de sucrose 32 % en choi­sis­sant le levier de droite est de 0 %.

A la fin de la seconde d’appui, le levier central se rétracte et les deux leviers laté­raux sortent.

- Si l’animal choi­sit le levier de droite, il appuie puis peut relâ­cher immé­dia­te­ment le levier et une dose de 0.05 ml de sucrose 32 % est déli­vrée dans la mangeoire dans 100 % des cas.

- Si l’animal choi­sit le levier de gauche, le résul­tat de cette action sera incer­tain, en fonc­tion de la proba­bi­lité d’obtenir 0.1 ml de sucrose 32%, indi­quée précé­dem­ment par la combi­nai­son de lumière. 

La condi­tion 100% et la condi­tion 0% permettent de véri­fier la bonne compré­hen­sion de la tâche par le rat. La condi­tion 50% permet d’évaluer le compor­te­ment à tendance risquée ou non de l’animal. Ainsi, si dans la condi­tion où la proba­bi­lité d’obtenir la grande récom­pense est de 50%, le rat choisi préfé­ren­tiel­le­ment le levier asso­cié à cette grande récom­pense, il sera consi­déré comme un indi­vidu au compor­te­ment risqué et joueur.
La moitié des animaux est condi­tion­née avec cette règle. Pour l’autre moitié, la petite récom­pense est déli­vrée lorsque l’animal choi­sit le levier droit.

Chirur­gie : Lésion du NST 
Lorsque les animaux ont atteint un niveau de perfor­mance stable durant au moins 5 sessions consé­cu­tives, ils ont été soumis au proto­cole chirur­gi­cal suivant :
Tous les animaux ont été anes­thé­siés avec de la kéta­mine (50 mg/​kg, i.m.) et de la médé­to­mi­dine (0.26 mg/​kg, i.m.) et posi­tion­nés dans un appa­reil de stéréotaxie.
Les rats reçoivent une injec­tion bila­té­rale d’acide iboté­nique (9.4 µg/​µl (53 mM); rats avec lésion du NST) ou de solu­tion contrôle (tampon phos­phate, 0.1 M ; rats intacts) aux coor­don­nées suivantes : anté­ro­pos­té­rieur, 3.8 mm (depuis le bregma); laté­ral, 2.4 mm ; dorso­ven­tral, 8.35 mm (depuis le crâne). Le volume d’injection était de 0.5 micro­litres par côté injecté pendant 3 minutes avec une seringue Hamil­ton fixée sur une micro­pompe. A la fin de l’injection, les injec­teurs ont été lais­sés en place pendant 3 min pour permettre la diffu­sion de l’acide iboténique.
Les animaux ont récu­péré des suites de l’opération pendant une semaine avant d’être à nouveau soumis au test (dans la même tâche que celle précé­dent la chirurgie)

B — RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES
près appren­tis­sage de la tâche, les animaux ont été soumis au test de prise de déci­sion, et le pour­cen­tage de prise de déci­sion risquée (évaluée par le nombre d’appui sur le levier asso­cié à la grande récom­pense dans la condi­tion où la proba­bi­lité de l’obtenir est de 50%) a été mesuré. Nous avons ainsi mesuré le pour­cen­tage de prise de déci­sion risquée de base chez le rat, avant lésion du NST. Nous avons pu véri­fier que les perfor­mances moyennes des rats avant l’opération ne présen­taient pas de diffé­rences signi­fi­ca­tives, tous les indi­vi­dus choi­sis­sant de manière équi­va­lente la petite récom­pense certaine et la grande récom­pense risquée. 

Les animaux ont ensuite été soumis au proto­cole chirur­gi­cal. Après une période de récu­pé­ra­tion, ils ont été à nouveau soumis au même test que celui précé­dent la chirur­gie. Après lésion du NST, on observe une modi­fi­ca­tion profonde du compor­te­ment des rats, qui choi­sissent alors préfé­ren­tiel­le­ment la condi­tion risquée (dans 80% des cas envi­ron). Une alté­ra­tion du NST conduit donc à une alté­ra­tion de la prise de déci­sion, favo­ri­sant un compor­te­ment impul­sif et risqué. Ces résul­tats semblent donc indi­quer que les effets secon­daires cogni­tifs de type impul­si­vité et déve­lop­pe­ment du jeu patho­lo­gique chez les patients trai­tés par la SHF du NST pour­raient résul­ter de l’inactivation du NST. 

Afin d’évaluer l’influence du système dopa­mi­ner­gique, cible des trai­te­ments médi­ca­men­teux dans la mala­die de Parkin­son, dans ce proces­sus, nous avons procédé à une injec­tion intra­pé­ri­to­néale d’un inhi­bi­teur de recap­ture de dopa­mine, 20 minutes avant le début du test. De façon très inté­res­sante, nous avons pu obser­ver que ce trai­te­ment conduit, chez les rats intacts, à une très forte augmen­ta­tion du nombre de prise de déci­sion risquée, celui-​ci passant de 40% à 80% envi­ron après trai­te­ment phar­ma­co­lo­gique aigue avec un inhi­bi­teur de
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recap­ture de dopa­mine. Les rats intacts soumis à ce trai­te­ment dopa­mi­ner­gique présentent donc un compor­te­ment risqué simi­laire à celui des rats ayant subit une lésion totale du NST. Il semble­rait donc que le système dopa­mi­ner­gique et le noyau subtha­la­mique soient impli­qués dans ce proces­sus décisionnel.
Suite à ce trai­te­ment, les animaux ont été à nouveau soumis au test avec après avoir subit une injec­tion de solu­tion contrôle (sérum physio­lo­gique), afin de véri­fier un retour à la normale (niveau de base) de leur perfor­mance comportementale.
Il a été mis en évidence que la SHF du NST, de même que les trai­te­ments à la L‑DOPA, induisent une dimi­nu­tion du taux de séro­to­nine, système impli­qué dans l’inhibition compor­te­men­tale et dans la physio­pa­tho­lo­gie de diffé­rents troubles. Afin d’évaluer le poten­tiel théra­peu­tique d’un trai­te­ment visant ce système, nous avons suivi le même proto­cole en utili­sant cette fois un inhi­bi­teur sélec­tif de recap­ture de la séro­to­nine. Il s’agit de la fluoxé­tine, anti­dé­pres­seur couram­ment utilisé chez l’Homme. La fluoxé­tine a été admi­nis­trée par injec­tion aigue intra­pé­ri­to­néale, réali­sée 30 minutes avant le début du test. Nous avons pu obser­ver que ce trai­te­ment, condui­sant à une augmen­ta­tion du taux de séro­to­nine, a pour consé­quence de contre­car­rer l’effet délé­tère de la lésion du NST sur la prise de déci­sion : les animaux lésés présentent en effet un compor­te­ment semblable au compor­te­ment de base des animaux contrôles (c’est à dire un nombre d’appui envi­ron équi­valent entre le levier petite et grande récom­pense). La fluoxé­tine réduit donc les effets pro-​impulsifs induits par l’inactivation du NST. Le système séro­to­ni­ner­gique pour­rait donc égale­ment être impli­qué dans l’altération du proces­sus déci­sion­nel chez les patients parkin­so­niens. L’utilisation d’un inhi­bi­teur sélec­tif de séro­to­nine, déjà couram­ment utilisé pour traité la dépres­sion et d’autres troubles chez l’Homme, pour­rait donc poten­tiel­le­ment être une pers­pec­tive théra­peu­tique envisageable. 

C — JUSTIFICATION DE L’ÉTUDE ET PERSPECTIVES
Cette étude nous a déjà permis de clari­fier le rôle du NST dans les proces­sus déci­sion­nels chez le rat, puisque nous avons pu montrer que la pertur­ba­tion de l’activité du NST par lésion de la struc­ture, conduit à un compor­te­ment plus risqué. 

Afin d’approfondir d’avantage cette étude, nous souhai­te­rions égale­ment étudier l’effet d’un trai­te­ment à la L‑Dopa sur cette tâche chez le rat. Ce trai­te­ment sera réalisé seul, ou en combi­nai­son avec un anta­go­niste des récep­teurs dopa­mi­ner­giques, mimant la déplé­tion dopa­mi­ner­gique présente chez le patient parkinsonien.
Avec pour objec­tif de confir­mer et appro­fon­dir nos recherches, nous souhai­te­rions véri­fier la repro­duc­ti­bi­lité de ces résul­tats sur un nouveau groupe de rats, qui sont d’ores et déjà en cours d’apprentissage de la tâche permet­tant de mesu­rer la prise de décision. 

La pour­suite de ce projet nous permet­trait une meilleure compré­hen­sion de l’implication du NST et des diffé­rents systèmes de neuro­trans­mis­sion dans les proces­sus de prise de déci­sion alté­rés chez certains patients parkin­so­niens. Pouvoir anti­ci­per et appor­ter une solu­tion théra­peu­tique aux troubles cogni­tifs qui pour­raient résul­ter du trai­te­ment chirur­gi­cal et dopa­mi­ner­gique chez le patient atteint de la mala­die de Parkin­son repré­sente un enjeu majeur.

Lu par Jean Grave­leau graveleau.jean2@orange.fr

Bilan des deux boursières soutenues par CECAP (1/​2)

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°55

Bilan de la thèse d’Elodie Mathieux : Le rejet suite à la greffe intra­cé­ré­brale : étude de la réponse humo­rale et proprié­tés immu­no­sup­pres­sives des cellules souches.

La mala­die de Parkin­son est carac­té­ri­sée par la dégé­né­res­cence progres­sive et sélec­tive des neurones dopa­mi­ner­giques de la voie nigros­tria­tale. La destruc­tion des neurones dopa­mi­ner­giques de la substance noire a pour consé­quence une dimi­nu­tion de la sécré­tion de dopa­mine au niveau du striatum.

Actuel­le­ment, il n’existe pas de trai­te­ment cura­tif de la mala­die, mais diffé­rents trai­te­ments symp­to­ma­tiques sont utili­sés. L’administration par voie orale de L‑DOPA (lévo­dopa), précur­seur de la dopa­mine capable de traver­ser la barrière héma­toen­cé­pha­lique, est l’un des trai­te­ments les plus couram­ment pres­crits. Un incon­vé­nient majeur de la prise de L‑DOPA est l’ap­pa­ri­tion, au bout de quelques années, de dyski­né­sies (mouve­ments anor­maux). Une autre stra­té­gie basée sur la stimu­la­tion élec­trique du noyau sous-​thalamique montre une effi­ca­cité sur les troubles moteurs dans la plupart des cas, mais les risques chirur­gi­caux et les critères d’in­clu­sion en font une opéra­tion acces­sible à un très faible nombre de patients. De plus, de nombreux symp­tômes ne sont pas corri­gés par ces thérapies. 

Aussi, il appa­raît impor­tant de pour­suivre les recherches sur les stra­té­gies restau­ra­trices, notam­ment la greffe intra­cé­ré­brale de neuro­blastes dopa­mi­ner­giques fœtaux.

Des neuro­blastes mésen­cé­pha­liques issus de fœtus humains (7 – 9 semaines) et trans­plan­tés dans le cerveau de patients parkin­so­niens ont conduit à des amélio­ra­tions cliniques basées, entre autres, sur la produc­tion de dopa­mine par les neurones gref­fés. Cepen­dant, le recours à des cellules fœtales humaines est freiné par des consi­dé­ra­tions éthiques et logis­tiques qui limitent l’accès à ces greffes. Il est apparu alors néces­saire de se tour­ner vers d’autres sources cellu­laires et notam­ment les cellules d’origine porcine. 

En effet, le porc présente de nombreux avan­tages pour la xéno­trans­plan­ta­tion : un grand nombre d’embryons à chaque portée, une faci­lité d’éle­vage, la possi­bi­lité de contrô­ler la repro­duc­tion des animaux et de pouvoir prati­quer des mani­pu­la­tions géné­tiques. De plus, les neuro­blastes issus de fœtus porcins émettent des neurites de longueurs simi­laires à celles obser­vées chez l’Homme. Une survie des cellules gref­fées, une réin­ner­va­tion du stria­tum ainsi qu’une récu­pé­ra­tion des fonc­tions motrices ont été obser­vées lors d’essais cliniques menés chez certains patients parkin­so­niens trai­tés par des immu­no­sup­pres­seurs (molé­cules permet­tant de limi­ter l’activité du système immu­ni­taire). Mais le problème rencon­tré reste le rejet de ces greffes.

En effet, en l’absence d’immunosuppresseur comme la cyclo­spo­rine A, les greffes de neuro­blastes porcins dans le stria­tum de rat sont systé­ma­ti­que­ment reje­tées au bout de 7 – 8 semaines. Les trai­te­ments par des immu­no­sup­pres­seurs prolongent la survie de la greffe, mais de manière tran­si­toire. De plus, utili­sés à fortes doses, ceux-​ci entraînent des effets secon­daires, notam­ment une toxi­cité rénale. Il est donc impor­tant de comprendre et d’étu­dier les méca­nismes en cause dans le rejet pour envi­sa­ger une survie à long terme de la greffe.

Diverses études ont mis en évidence un rôle impor­tant de la réponse immu­ni­taire cellu­laire dans le rejet. En effet, en l’absence d’immunosuppresseur, on observe vers 7 à 8 semaines une forte infil­tra­tion de la greffe par des lympho­cytes T, des cellules dendri­tiques et des cellules micro­gliales activées.

Outre la réponse cellu­laire, il a été observé un dépôt d’anticorps et de complé­ment au niveau du gref­fon. Cette obser­va­tion suggère une réponse humo­rale carac­té­ri­sée par la produc­tion d’anticorps diri­gés contre la greffe, qui, à ce jour, a été très peu étudiée.

Une partie de mon travail de thèse au sein de l’INSERM U1064 de Nantes a eu pour but de carac­té­ri­ser le rôle de la réponse humo­rale dans le rejet des xéno­greffes intracérébrales. 

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Evolu­tion de la produc­tion d’anticorps au cours des diffé­rents stades du rejet.

Les anti­corps produits suite à la greffe vont venir se fixer sur les cellules porcines du gref­fon et le détruire. Nous avons pu mettre en évidence que la produc­tion d’anticorps augmen­tait en fonc­tion du délai post greffe et du statut de la greffe. En parti­cu­lier, une forte concen­tra­tion d’anticorps est obser­vée dans le sérum de rats pour lesquels la greffe est reje­tée. Les anti­corps accom­pa­gnés d’une acti­va­tion du complé­ment seraient cepen­dant, en premier lieu, atti­rés au sein de la greffe avant d’être détec­tés dans le sérum.

Evolu­tion de la produc­tion d’anticorps au cours des diffé­rents stades du rejet.

Les anti­corps vont préfé­ren­tiel­le­ment venir se fixer sur les neurones et en moindre mesure sur les astro­cytes. De plus, la survie des greffes de cellules mésen­cé­pha­liques porcines est augmen­tée chez des rats ne possé­dant plus d’anticorps. Ces résul­tats suggèrent un rôle impor­tant de la réponse humo­rale dans le rejet des xéno­greffes intracérébrales.

Afin de limi­ter le rejet des greffes intra­cé­ré­brales, une autre partie de mon travail a été d’étudier les proprié­tés immu­no­sup­pres­sives des cellules souches et en parti­cu­lier des cellules souches neurales (CSN). Les CSN sont des cellules multi­po­tentes capables d’auto-renouvellement et de proli­fé­ra­tion. Elles peuvent géné­rer les trois types cellu­laires prin­ci­paux du système nerveux central que sont les neurones, les astro­cytes et les oligo­den­dro­cytes. Les CSN vont pouvoir être culti­vées sous forme de neurosphères.

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Cellules souches neurales de rat sous forme de neurosphères.

Nous avons pu démon­trer que les CSN de rat inhi­baient la proli­fé­ra­tion des cellules T de rat de manière dose dépen­dante. Les CSN agissent alors par l’intermédiaire de facteurs solubles dont l’hème oxygénase.

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Inhi­bi­tion de la proli­fé­ra­tion des cellules T de rat par les cellules souches neurales de rat de manière dose dépendante.

Les CSN possèdent donc des proprié­tés immu­no­sup­pres­sives qui permet­traient de limi­ter le rejet lors de greffes intra­cé­ré­brales tout en dimi­nuant l’utilisation d’immunosuppresseurs systémiques.

L’ensemble des résul­tats de ma thèse ouvre des nouvelles pers­pec­tives pour parve­nir à contrô­ler le rejet de xéno­greffes intra­cé­ré­brales. En l’occurrence, on pour­rait espé­rer qu’une immu­no­sup­pres­sion locale, basée sur la trans­plan­ta­tion de cellules souches asso­ciées à une admi­nis­tra­tion systé­mique d’immunosuppresseurs ciblant les réponses humo­rales et cellu­laires, soit suffi­sam­ment effi­cace pour assu­rer la survie à long terme de cellules neurales xéno­gé­niques dans un cerveau.

Je tenais à remer­cier tous les membres de l’association CECAP pour leur soutien tout au long de ma thèse.
Rédigé par Elodie Mathieux 

Cure de nicotine contre la maladie de Parkinson

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°55

Article paru dans Sud-​ouest Dimanche du 10 novembre 2013 

Isabelle Castillon part en croi­sade pour défendre la nicotinothérapie.
Isabelle Castillon vit à Bayonne. Atteinte depuis 1987, elle parti­cipe au proto­cole unique de nico­ti­no­thé­ra­pie en France. Et ça va mieux ! La mala­die de Parkin­son a eu tort de s’en prendre à Isabelle Castillon. Elle est tombée sur un os. Car cette ensei­gnante, instal­lée à Bayonne, n’est pas du genre à se lais­ser attra­per sans bron­cher. À 64 ans, elle parti­cipe en tant que patiente à un proto­cole théra­peu­tique unique en France. Tota­le­ment alter­na­tif, révo­lu­tion­naire, archi­con­tro­versé, puisqu’il fait appel à la nico­tine. Un mot est né de cette initia­tive médi­cale : nicotinothérapie. 

Retour en 1987. Isabelle se souvient : « Je me dédouble, je m’entends parler, avec un écho, parfois je me mets à trem­bler. Je ne dors plus. En consul­ta­tion, je vois un neuro­logue, il me pres­crit un anxio­ly­tique. Mais en 1992, je plonge. Trois semaines sans prati­que­ment dormir. Je suis hospi­ta­li­sée pour dépres­sion pendant un mois et j’en sors toujours aussi mal. Mes problèmes physiques se multi­plient. C’est un neuro­logue que je croise qui va me diag­nos­ti­quer : Parkin­son. »

Panique et soula­ge­ment. Isabelle sait ce qu’elle a ; elle est désor­mais prise en charge et trai­tée à la L‑dopa. « Je découvre ce que signi­fie l’expression lune de miel. La L‑dopa dope… pendant dix ans en moyenne », poursuit-​elle. Puis, Isabelle Castillon la battante, toujours prof, est rattra­pée par les symp­tômes de Parkin­son qui se bous­culent. « Mon écri­ture se rétré­cit, je marche de plus en plus lente­ment, des diffi­cul­tés d’élocution, trem­ble­ments, dyski­né­sie (mouve­ments invo­lon­taires). J’ai peur de sortir, je me renferme. J’ai honte qu’on me juge, car on me juge. Je prends des rensei­gne­ments partout, pour aller mieux. »

Quatre ans de patience : 
Parkin­son est une mala­die neuro­dé­gé­né­ra­tive, Isabelle sait qu’il faudra accep­ter la dégrin­go­lade. Elle se rebelle. « Un jour, en 2000, je découvre un repor­tage sur CNN. Il est ques­tion de nico­tine dans le trai­te­ment de Parkin­son. Je note le nom du méde­cin : Gabriel Villa­fane, de l’hôpital Henri-​Mondor à Créteil (94). Je vais batailler des mois pour obte­nir un rendez-​vous. La débrouille et le bouche-​à-​oreille. Je débarque à Mondor avec mon dossier médi­cal, mais il faudra encore quatre ans de patience avant d’obtenir mes premiers patchs de nico­tine pure. » DAT-​Scan, un scan­ner qui date les courts-​circuits du cerveau géné­rés par la mala­die, examens du cœur, tension, sang. Le corps et le cerveau d’Isabelle sont passés au crible. En 2009, elle obtient enfin la première série de patchs.

« Il faut le posi­tion­ner en bas de la colonne, dans le dos. La nico­tine diffuse alors jusqu’au cerveau », précise la patiente. Les effets posi­tifs du trai­te­ment se font sentir au bout de quelques semaines. La mala­die ne dispa­raît pas, mais les symp­tômes régressent. Isabelle demeure sous L‑dopa, bien entendu. « J’ai recom­mencé à marcher, je ne tremble plus, la dyski­né­sie a prati­que­ment disparu, je suis plus active, le moral revient. Je vois des gens, je sors et, surtout, je me moque éper­du­ment du regard des autres. La joie de vivre à nouveau… Aujourd’hui, je m’occupe de mes petits-​enfants, je chante. Sans la nico­tine pure, je serais à ce jour en fauteuil roulant. J’ai dimi­nué de moitié la dose de mes médi­ca­ments. Ce fut un parcours du combat­tant, et aujourd’hui encore, je me heurte à l’incrédulité de mes méde­cins, des neuro­logues, des phar­ma­ciens. Je suis consi­dé­rée comme une malade récal­ci­trante. »

Théra­pie ostracisante :
Des méde­cins l’accusent de s’adonner à une théra­pie « ostra­ci­sante » parce que les patchs ne sont pas rembour­sés par la Sécu­rité sociale. « Que font les autres, ceux qui ne peuvent pas payer ? » entend-​elle. Les phar­ma­ciens lui font la morale. Certains lui ont même asséné : « À ce prix, mieux vaut reprendre les ciga­rettes, c’est moins cher ! » En effet, deux boîtes de patchs par mois reviennent à 80 euros (1). Pas à la portée de toutes les bourses… 

D’un autre côté, les réseaux sociaux bouillonnent, les malades de Parkin­son cherchent des solu­tions pour aller mieux, ils veulent tout tenter, s’intéressent de près aux travaux de recherche. Alors, Isabelle Castillon est partie en croi­sade, elle mesure que tout le monde n’a pas son tempé­ra­ment têtu. « Si je me fais connaître, c’est pour qu’un réseau défen­dant la nico­ti­no­thé­ra­pie se monte. Je sais que tous les patients ne peuvent pas être trai­tés, parce que le trai­te­ment répond à des critères exigeants. Il n’est pas sans risque s’il est pres­crit n’importe comment. Il faut savam­ment doser le taux de nico­tine. » Les patients suivis à l’hôpital Mondor de Paris sont en train de se fédé­rer pour monter un collec­tif pro-​nicotinothérapie. Et inci­ter le réveil des pouvoirs publics qui, enfin, caution­ne­ront le médicament.
(1) À ce jour, les patchs de nico­tine sont rembour­sés à hauteur de 50 euros par an.

Inter­view de Gabriel Villa­fane, neuro­logue à l’hôpital Henri-​Mondor de Créteil 
C’est lui qui a mis au jour ce trai­te­ment alter­na­tif de la mala­die de Parkin­son. Neuro­logue au sein de l’hôpital Henri-​Mondor à Créteil, Gabriel Villa­fane a, en 1999, avec son chef de service, le profes­seur Pierre Cesaro, déposé une demande de brevet sous cette appel­la­tion : « Utili­sa­tion de la nico­tine à l’état pur comme médi­ca­ment pour les mala­dies neuro­dé­gé­né­ra­tives, notam­ment la mala­die de Parkinson… » 

Sud-​ouest Dimanche : Comment avez-​vous pensé à utili­ser la nico­tine pure ?
Gabriel Villa­fane : J’ai observé des malades, notam­ment psychia­triques, placés sous neuro­lep­tiques qui deve­naient accros à la ciga­rette. Alors qu’ils étaient atones, lorsqu’ils fumaient, ils retrou­vaient une éner­gie, le temps de la ciga­rette. J’ai fait le lien : la nico­tine. Nous avons déposé un brevet en1999, au nom de l’Assistance publique. Il est protégé durant vingt ans. En 2009, la vali­dité scien­ti­fique du brevet a été validée. 

S‑O : Combien de patients avez-​vous suivis avec ce traitement ?
G. V. : À ce jour, plus de 1 000 personnes. Le plus ancien est sous nico­tine pure trans­der­male (NEP) depuis douze ans. Il va bien. Le premier proto­cole a permis à six patients de tenter cette aven­ture. En 2004, face à une arri­vée massive de demandes de patients, nous avons été débor­dés. Il a fallu créer un second proto­cole, inti­tulé « proto­cole compas­sion­nel ». Nous assu­rons le diag­nos­tic, les examens, la pres­crip­tion, mais les patients doivent payer la NEP, pas remboursée. 

S‑O : Pour­quoi cette théra­pie alter­na­tive, alors qu’elle semble porter ses fruits, tarde-​t-​elle à trou­ver plus d’écho ?
G. V. : D’abord, elle n’est pas poli­ti­que­ment correcte. Le message autour de la nico­tine est complexe. D’un côté, on connaît les dégâts du tabac, de l’autre, on veut faire entendre que la nico­tine peut être un médi­ca­ment… Il ne s’agit pas de fumer, la ciga­rette est un danger. La nico­tine à l’état pur n’est pas dange­reuse. Elle est un neuro-​modulateur des neurones du système nerveux central. Un neuro­trans­met­teur qui inter­vient au niveau de la synapse neuro­nale, des récep­teurs de la dopa­mine dans le cas de Parkin­son. Les obser­va­tions cliniques et d’imagerie (DAT-​Scan) montrent un ralen­tis­se­ment de la mala­die. Alors, pour­quoi ce blocage ? 

Aujourd’hui, on soigne Parkin­son avec des trai­te­ments chimiques et chirur­gi­caux. En dehors de la NEP, aucun trai­te­ment n’agit aussi bien sur l’évolution de la mala­die. À ce jour, nous n’arrivons pas à obte­nir une auto­ri­sa­tion de mise sur le marché (AMM) des patchs nico­ti­niques, qui sont conçus pour un usage tran­si­toire et seule­ment à voca­tion de sevrage taba­gique. Du coup, les parkin­so­niens que nous trai­tons sont quasi clan­des­tins… Aux États-​Unis, en Alle­magne, les publi­ca­tions sur les vertus de la nico­tine dans le trai­te­ment de Parkin­son affluent. Ils vont nous doubler et dépo­ser des brevets de patchs nico­ti­niques pour Parkin­son avant nous. 

Trop de lenteurs admi­nis­tra­tives, de peurs. 

Recueilli par Isabelle Castera i.castera@sudouest.fr
Trans­mis par Domi­nique Bonne dominique.bonne@gmail.com

Éditorial

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°55

La nico­ti­no­thé­ra­pie :
Nous nous sommes enga­gés dans une action pour faire recon­naître et diffu­ser la Nico­ti­no­thé­ra­pie. En effet, nous en avions parlé dans le précé­dent numéro, cette pratique théra­peu­tique est en œuvre depuis plus de dix ans (cf. le numéro 3 du P. I. de mars 2001) et elle apporte de réels progrès pour les « rares élus » qui en béné­fi­cient. Malheu­reu­se­ment elle demeure très discrète, voire clan­des­tine, et prati­quée dans un seul lieu sous la direc­tion du docteur Villa­fane au CHU Henri Mondor à Créteil.

Pour­quoi cette absence de diffu­sion ? C’est toute la ques­tion que nous nous posons : pour­quoi une pratique théra­peu­tique, dont les résul­tats semblent permettre de réduire consi­dé­ra­ble­ment la consom­ma­tion médi­ca­men­teuse, ne bénéficie-​t-​elle pas d’une AMM (Auto­ri­sa­tion de Mise sur le Marché) pour les patchs de nicotine ?

A cela plusieurs réponses et pistes de réflexions : « Tout d’abord, elle n’est pas poli­ti­que­ment correcte. Le message autour de la nico­tine est complexe. D’un côté, on connaît les dégâts du tabac, de l’autre, on veut faire entendre que la nico­tine peut être un médi­ca­ment… Il ne s’agit pas de fumer, la ciga­rette est un danger. La nico­tine à l’état pur n’est pas dange­reuse. Elle est un neuro-​modulateur des neurones du système nerveux central. Un neuro­trans­met­teur qui inter­vient au niveau de la synapse neuro­nale, des récep­teurs de la dopa­mine », explique le docteur Villa­fane dans une inter­view au jour­nal Sud-ouest.

Mais peut-​être y a‑t-​il une réponse plus prosaïque : les inté­rêts finan­ciers en jeu tant des labo­ra­toires phar­ma­ceu­tiques que des équipes chirur­gi­cales enga­gées dans la Neuro­sti­mu­la­tion Céré­brale Profonde (NCP) ? C’est en toute connais­sance des consé­quences de nos propos que nous évoquons cette inter­ro­ga­tion : il y va d’économie substan­tielle pour les régimes d’assurance médicale !

Certes, tous les patients ne sont pas concer­nés par cette pratique mais, pour les malades suscep­tibles d’en béné­fi­cier, il s’agit là d’une théra­pie non agres­sive qui réduit les risques de dyski­né­sies bien connues liées à la L‑dopa.

Le bilan du fond de Recherche CECAP :
Nos deux bour­sières de cette année nous présentent leur bilan certes un peu ardu à la lecture mais ô combien opti­miste pour l’avenir des recherches sur la mala­die ! Vos dons permettent des avan­cées modestes certes mais impor­tantes pour la connais­sance de notre parte­naire imposé&nbnsp;: Parkinson. 

Témoi­gnage :
Et puis, un témoi­gnage boule­ver­sant que nous avons voulu vous présen­ter pour dire à nos accom­pa­gnants, quand nous en avons ( !), combien leur rôle est impor­tant pour nous les patients et mérite d’être valo­risé y compris par les Pouvoirs Publics car ils repré­sentent une écono­mie, là aussi, substan­tielle pour la collectivité ! 

Permettez-​moi, enfin, de vous souhai­ter tous mes vœux de bonheur et de santé pour cette nouvelle année 2014 !

Jean GRAVELEAU graveleau.jean2@orange.fr

56 — association de parkinsoniens du Morbihan

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°54

Pour clôtu­rer le deuxième trimestre :
10 Juin, la Confé­rence de Terri­toire n°3, nous invi­tait à débattre sur la métho­do­lo­gie de mise en œuvre des actions du Plan Terri­to­rial de Santé (PTS) sur la théma­tique « Handicap ». 

17 Juin, réunion avec le groupe de travail de l’ARS de Rennes, sur la «  Bien­trai­tance et la lutte contre la maltrai­tance  » dans les services et établis­se­ments sociaux et médico-sociaux. 

18 juin, réunion au Centre Socio­cul­tu­rel de Méni­mur pour faire le point sur les échanges avec la direc­tion et les Asso­cia­tions, et prévoir les acti­vi­tés pour l’an­née 2013/​2014.

Début juillet, nous assis­tons à la présen­ta­tion de la plate-​forme d’in­for­ma­tion et de coor­di­na­tion du Terri­toire Géron­to­lo­gique Vanne­tais au niveau dépar­te­men­tal pour 2011/​2015.

Le temps des vacances s’achève, il faut penser à reprendre nos acti­vi­tés. Déjà deux rencontres prévues fin Août, une avec la muni­ci­pa­lité pour la mise en place du Forum des Asso­cia­tions qui aura lieu le 7 Septembre, l’autre avec le Centre Socio­cul­tu­rel de Méni­mur pour la jour­née « porte ouverte » du 11 Septembre. 

Plusieurs inter­ven­tions prévues en septembre et octobre durant la Semaine Bleue.

Début octobre, nous assis­te­rons aux Assem­blées Géné­rales AGP & CECAP dans la Manche.
Fran­çoise Vignon,
secré­taire ADPM

35 — association de parkinsoniens d’Ille et Vilaine

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°54

Tout d’abord, quelques nouvelles du périple de notre Président.
Après 62 jours de marche du 26 mars au 28 mai, après avoir parcouru 1 700 km à raison de 27 km en moyenne jour­na­lière, effec­tué 2 400 000 pas, Yves nous est revenu de Compostelle.

Son périple a été salué par plus de 8 000 inter­nautes et son action aura rapporté près de 8 500 euros pour la Recherche, dont une partie pour CECAP Recherche et une partie pour l’INCR (Insti­tut des Neuros­ciences Cliniques de Rennes) du Profes­seur Vérin et cher­cheurs associés.
Par cette action, Yves a surtout voulu démon­trer que la marche était une excel­lente thérapie.

Il remer­cie celles et ceux qui lui ont apporté du soutien.

Sortie annuelle : Avant de vous donner des nouvelles de notre acti­vité, il est agréable de conter notre sortie annuelle. Celle-​ci a eu lieu à Saint Coulomb, commune voisine de Saint-​Malo en Ille-​et-​Vilaine. Les mérites de cette orga­ni­sa­tion reviennent à Fran­çois, Bernard, Arlette, Berna­dette. Nous avions programmé la visite d’une Malouinière.

Il s’agit d’une maison de maître créée au XVIIIe siècle par un riche arma­teur de la Compa­gnie des Indes. Ces riches négo­ciants ont bâti à l’époque de Louis XIV ces hôtels parti­cu­liers et rési­dences nommées Maloui­nières, une centaine dans la région de Saint-Malo.

L’histoire nous dit que ces arma­teurs étaient aussi riches que Louis XIV, car l’aventure mari­time enri­chis­sait les corsaires, les prises étant parta­gées entre le Roi Soleil, l’armateur et l’équipage.

Et quant on est aussi riche que le roi, on s’expose à des récri­mi­na­tions, ce qui advien­dra pendant la Révo­lu­tion où, si les biens immo­bi­liers résis­tèrent, le mobi­lier fut disséminé.

La Maloui­nière fut restau­rée au siècle dernier et les proprié­taires mirent l’essentiel de leur fortune dans la réno­va­tion de la maison de maître, son pigeon­nier, sa chapelle, ses jardins, et surtout par l’acquisition de plusieurs centaines de pièces de vais­selle d’époque ainsi qu’un papier peint pano­ra­mique du XVIIIe siècle qui demanda trois années de travail de rénovation.

La jour­née se termina après un excellent repas pris en bord de mer.

Nos acti­vi­tés perdurent, chaque mois nous effec­tuons nos jour­nées rencontres dans chaque terri­toire de notre dépar­te­ment, nous présen­tons la MP dans les écoles de santé, et parti­ci­pons à des forums de santé.

Le dernier en date a eu lieu dans le pays de Brocé­liande, à l’initiative de Bernard et de Fran­çois et réuni plus de cinquante participants.

Bernard MARCHAND, vice-président.

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